Université de l’Ontario français : le gouvernement Ford prêt à discuter avec le fédéral

La ministre du Développement économique et des Langues officielles Mélanie Joly (à gauche) et la ministre des Affaires francophones de l'Ontario, Caroline Mulroney. Montage #ONFR+

TORONTO – Après des mois de silence, le gouvernement de l’Ontario se dit désormais prêt à discuter avec son homologue fédéral pour permettre au projet d’Université de l’Ontario français (UOF) de voir le jour.

Dans une lettre datée du 25 juin et signée par la ministre des Affaires francophones, Caroline Mulroney, et par le ministre de la Formation et des Collèges et Universités, Ross Romano, le gouvernement ontarien répond aux nombreux courriers envoyés par la ministre du Tourisme, des Langues officielles et de la Francophonie, Mélanie Joly.

Depuis l’automne dernier, la ministre fédérale a répété à plusieurs reprises, dans ses lettres, la possibilité pour le gouvernement fédéral de prendre à sa charge une partie des coûts de démarrage de l’UOF. En janvier, le gouvernement de Justin Trudeau a même assuré la survie du projet pour une année supplémentaire en injectant 1,9 million de dollars pour que l’équipe de l’UOF reste en place.

Ottawa s’est montré tout aussi ouvert à l’approche proposée par l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) de financer le démarrage de l’institution les quatre premières années, avant que la province ne prenne le relais, une fois ses finances assainies.

Mais la dernière lettre de Mme Joly, datée du 7 juin, était jusqu’ici, elle aussi, restée sans réponse.

Changement de ton

À la veille de la conférence ministérielle sur la francophonie canadienne, les 27 et 28 juin, où devraient se retrouver Mme Mulroney et Mme Joly, le gouvernement ontarien semble pourtant changer de ton. Assurant de l’importance du projet pour la province, il se dit désormais prêt à discuter avec le gouvernement fédéral.

« Comme vous le souligniez dans votre correspondance, le gouvernement fédéral a déjà, dans le passé, fourni un appui financier pour la mise sur pied d’institutions postsecondaires pour les communautés de langue officielle en situation minoritaire. C’est avec grand intérêt que nous accueillons cette information », peut-on lire dans la lettre cosignée par Mme Mulroney et M. Romano et dont ONFR+ a obtenu copie.

Et de poursuivre : « Vous faites état de la flexibilité de vos programmes de sorte qu’un financement fédéral pourrait soutenir les coûts de démarrage de l’Université de l’Ontario français, et ce, au cours des premières années. Comme nous avons déjà dit, nous demeurons engagés à aller de l’avant avec cette très importante initiative d’une université, par et pour les francophones, à Toronto, lorsque l’Ontario sera dans une position lui permettant de le faire avec le financement viable nécessaire. Dans cette perspective, nous serons heureux d’entamer un dialogue constructif avec vous concernant l’ampleur de la contribution du gouvernement fédéral au projet de l’Université de l’Ontario français. »

Salutations unanimes

Joint par ONFR+, le président de l’AFO, Carol Jolin, juge cette nouvelle encourageante.

« C’est encourageant que les deux paliers de gouvernement veuillent bien se parler. Nous savons que le gouvernement de l’Ontario travaille fort depuis plusieurs mois avec le Conseil de gouvernance de l’Université de l’Ontario français pour améliorer le projet et faire en sorte qu’il réponde aux besoins du marché du travail et de la communauté. Maintenant, on va laisser le fédéral et la province parler de financement. »

Le Regroupement étudiant franco-ontarien (RÉFO) a accueilli avec « optimisme et enthousiasme » les discussions à venir sur le financement potentiel de l’UOF.

« Pour nous, l’annonce de ce soir reflète la bonne foi du gouvernement de l’Ontario de vouloir travailler afin de répondre à leur promesse faite en campagne et une fois élu, soit de permettre à l’Université de l’Ontario français d’ouvrir ses portes en 2020. Nous restons évidemment prudents et attendons de voir ce qui ressortira des discussions entre les gouvernements provincial et fédéral, mais il est clair que c’est un pas en avant qui démontre que le gouvernement de l’Ontario entend les préoccupations de sa population francophone », juge Radi Shahrouri, coprésident du RÉFO, par voie de communiqué.

Le président de l’AFO préfère ne pas fixer d’échéancier quant à l’ouverture de l’institution. Mais il insiste que « chaque rentrée qui passe sans université crée un tort irréparable aux jeunes Franco-Ontariens du Centre-Sud-Ouest contraints de se tourner vers les universités anglophones ».

L’UOF sur tous les fronts

Bien que le projet ait été mis en pause le 15 novembre dernier, la présidente du Conseil de gouvernance de l’UOF, Dyane Adam, confirme que le travail s’est poursuivi.

L’UOF a déjà présenté deux cohortes de professeurs bénévoles et la semaine dernière, elle a annoncé la mise en place, dès l’automne, d’un premier certificat de deuxième cycle en pédagogie de l’enseignement supérieur, afin de former les futurs professeurs de l’institution.

Parallèlement, l’UOF prépare une campagne de financement à l’échelle nationale, réfléchit à un partenariat public-privé pour ses installations et continue à développer des partenariats institutionnels. L’institution serait d’ailleurs en voie de conclure une autre nouvelle entente avec l’Université de Hearst.