L'Université par et pour les francophones est attendue depuis deux ans. Crédit image : Inès Rebei

OTTAWA – Dans le but d’encourager le gouvernement Ford, le fédéral veut sortir la carotte au lieu du bâton concernant l’Université de Sudbury. Le ministre des Langues officielles Randy Boissonnault se dit prêt à mettre des millions de dollars sur la table dans le dossier de l’établissement du Nord de l’Ontario en guise d’invitation à son homologue ontarien à venir négocier.

À la fin juin, Queen’s Park a annoncé qu’il n’irait pas de l’avant avec le projet de l’Université de Sudbury, citant que la programmation offerte par l’établissement « ne correspond pas à la demande actuelle et aux tendances relatives aux inscriptions » au niveau du postsecondaire en Ontario français.

À la suite de la décision, Ottawa demandait à la ministre des Affaires francophones Caroline Mulroney et sa collègue aux Collèges et Universités Jill Dunlop d’entamer un dialogue. Aujourd’hui, le fédéral va plus loin pour convaincre le gouvernement Ford en sortant le chèque.

« On a pas seulement la volonté, mais nous avons de l’argent sur la table pour la province de l’Ontario, s’ils veulent », envoie comme message le ministre des Langues officielles au fédéral, Randy Boissonnault.

Il entend jeter les bases prochainement avec les deux ministres du gouvernement Ford.

La ministre des Affaires francophones Caroline Mulroney a refusé notre demandes d’entrevue. Quant au bureau de Mme Dunlop, ministre des Collèges et Universités, il n’a pas voulu répondre à savoir si cette nouvelle information pourrait être un facteur déterminant dans le dossier. L’attachée de presse de la ministre, Liz Tuomi, déclare ne pas avoir eu de demande officielle de la part du fédéral et que celui-ci « n’a fourni aucun détail concernant le financement fédéral de l’Université de Sudbury ».

« On peut seulement fonctionner avec une institution postsecondaire financée par la province », rappelle M. Boissonault en entrevue avec ONFR il y a près d’une dizaine de jours.

Randy Boissonnault le ministre de l’Emploi, du Développement de la main-d’œuvre et des Langues officielles. Crédit image : Stéphane Bédard.

Il énonce ne pas être prêt à mettre un chiffre sur cette somme, mais que « c’est assez pour continuer à faire notre part pour l’Université de Sudbury ».

« Il reste un fonds pour appuyer l’éducation postsecondaire en français, mais il faut que la province vienne à la table », renchérit-il, ajoutant que plusieurs universités comme Simon-Fraser en Colombie-Britannique ou encore le Campus Saint-Jean avaient reçu un financement de plusieurs millions de dollars de la part d’Ottawa dans les deux dernières années.

Ce fonds annuel de 40 millions de dollars du budget de 2021 visant à aider les établissements francophones hors du Québec. Questionné à savoir si l’argent disponible pour l’Ontario pourrait être dans les eaux de l’accord conclu entre le gouvernement Trudeau et Ford en 2019, pour l’Université de l’Ontario français, Randy Boissonnault répète que le mot final revient à la province, mais que le fédéral « sera là pour appuyer ».

Vers une entente comme l’UOF?

En 2019, la ministre des Langues officielles Mélanie Joly avait conclu avec l’Ontario une entente de financement de huit ans de 126 millions de dollars, partagé à parts égales, la province assumant 100 % des coûts lors des quatre dernières années de l’accord.

Le député néo-démocrate à Queen’s Park, Guy Bourgouin, estime qu’on se dirige vers un autre scénario similaire à celui de l’UOF où l’investissement du fédéral avait changé la donne dans le dossier.

« Ils attendent que le fédéral fasse le travail pour eux », estime-t-il en désignant le gouvernement Ford.

« Pourquoi on est toujours obligé d’attendre et que la communauté soit tout le temps mise dans une situation telle que celle-ci pour que le gouvernement agisse pour les Franco-Ontariens », interroge-t-il.