Université franco-ontarienne : le gouvernement a les cartes en main
TORONTO – Le projet d’université franco-ontarienne est sur une bonne lancée et les rencontres qui se sont faites à Queen’s Park, cette semaine, font croire que le gouvernement a de plus en plus d’informations pour prendre une décision éclairée, selon les intervenants francophones impliqués dans le dossier.
ÉTIENNE FORTIN-GAUTHIER
efgauthier@tfo.org | @etiennefg
« Une université, ça ne se crée pas du jour au lendemain, mais les élus sont maintenant proactifs. Tous les gestes que nous posons sont importants et on sent que le momentum se bâtit », a soutenu Rym Ben Berrah, coprésidente du Regroupement étudiant franco-ontarien (REFO).
En compagnie de représentants de la Fédération de la jeunesse franco-ontarienne (FESFO) et de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), elle a rencontré Reza Moridi, responsable de l’enseignement supérieur, et Madeleine Meilleure, ministre déléguée aux Affaires francophones.
Au terme de la rencontre, les participants se sont rassemblés autour d’un drapeau franco-ontarien pour prendre ensemble une photo. Un geste symbolique qui envoie un message fort, selon Rym Ben Berrah. « C’est un geste de confiance. Le ministre veut montrer qu’il est à l’écoute », selon elle.
Le président de la FESFO, Jérémie Spadafora, affirme que les francophones de partout dans la province observent de près les agissements du gouvernement dans ce dossier. « Ce n’est pas seulement un projet du Centre-Sud-Ouest, c’est un projet pour toute la province. Un projet dont on discute depuis 40 ans », dit-il.
Il rappelle que le 19 novembre, le projet de loi privé visant à créer l’Université de l’Ontario français, déposé par la néo-démocrate France Gélinas, sera débattu en deuxième lecture. « Les gens devront voter et nous reviendrons les voir ensuite en fonction du résultat », a ajouté Jérémie Spadafora.
Des exemples de réussite
La ministre déléguée aux Affaires francophones de l’Ontario affirme que son gouvernement croit fermement au projet d’une université franco-ontarienne. S’il va de l’avant, il faut cependant s’assurer de sa réussite pleine et entière, ajoute Madeleine Meilleur.
« Il ne faut pas partir sur des bases irréalistes. On doit avoir la masse critique nécessaire. Les jeunes le disent, il faut un milieu avec une belle expérience estudiantine », a-t-elle fait savoir au terme de sa réunion avec les représentants des trois organisations francophones.
Combien faudrait-il d’étudiants francophones? La ministre reste évasive, mais elle cite en exemple d’autres institutions universitaires. « Il y a de petites universités qui connaissent beaucoup de succès et ont une bonne réputation, comme Hearst. On pense aussi à Saint-François-Xavier, en Nouvelle-Écosse, ou à l’Université Sainte-Anne », souligne Mme Meilleur.
La politicienne libérale en a profité pour décocher quelques flèches contre l’opposition. « Les étudiants nous ont dit haut et fort que c’est important pour eux. Les deux partis d’opposition embarquent aussi dans le projet. Disons que quand on n’est pas au gouvernement, c’est facile de dépenser l’argent. Mais quand ils étaient au gouvernement, ils n’ont rien fait », a lancé Mme Meilleur.
Son collègue responsable de l’enseignement supérieur salue l’enthousiasme des représentants de la communauté. « J’apprécie leur travail et leur prise de position pour la communauté francophone. Ce n’est pas la première fois que je les rencontre et nous allons continuer à le faire », a ajouté Reza Moridi.
Il a indiqué que les conclusions du Comité aviseur sur l’éducation dans le Centre et le Sud-Ouest de l’Ontario seront essentielles pour la progression du dossier. Le rapport devrait être prêt au printemps prochain.