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Vanessa Gilles : « Ma priorité c’est de continuer à jouer la Ligue des champions »

Vanessa Gilles (en blanc à gauche) espère continuer à porter les couleurs de l'Olympique lyonnais la saison prochaine. Crédit image : Catherine Steenkeste Stringer/Getty Image.

[ENTREVUE EXPRESS]

QUI :

Vanessa Gilles est une cadre de l’équipe nationale de soccer féminin du Canada. En club, elle évolue à l’Olympique lyonnais (OL) en France, l’une des meilleures équipes d’Europe, qui joue les premiers rôles chaque saison sur la scène européenne en étant un des favoris pour remporter la Ligue des champions.

LE CONTEXTE :

La défenseur centrale franco-ontarienne évolue à Lyon depuis 2022, mais son contrat appartient toujours au club américain de la NWSL Angel City FC, qui l’a prêtée au club français jusqu’en 2025. Au terme de cette saison, Vanessa Gilles devrait donc retourner dans son club américain, mais elle a déclaré récemment au journal local lyonnais Le Progrès qu’elle ne souhaitait pas retourner aux États-Unis, évoquant notamment les relations politiques difficiles avec le Canada.

L’ENJEU :

En marge du rassemblement de l’équipe nationale canadienne qui affronte l’Argentine, ce vendredi soir à Vancouver (22 h 30 HAE), dans un entretien exclusif accordé à ONFR, l’Ottavienne revient plus en détail sur sa déclaration, son souhait de rester à Lyon, ses négociations avec le club français et sa grande joie de revenir jouer au Canada avec la sélection nationale, après un hiver où les Rouges ont jouer la majorité de leurs matchs en Espagne dans des stades vides.

« Vous avez récemment déclaré ne pas vouloir revenir jouer aux États-Unis notamment en raison des relations tendues entre Donald Trump et le Canada, est-ce un choix purement politique?

Non, je pense que c’est multifactoriel. J’ai commencé en disant que mon intention était de rester à Lyon parce que j’aime où je suis. J’adore le club. J’ai des relations incroyables avec mes coéquipières. Gagner, c’est toujours amusant. Mon objectif a toujours été le même, c’est d’aller titiller cette Ligue des champions. Je pense qu’il n’y a aucune autre compétition dans le monde aussi grandiose au niveau des clubs.

Ensuite, j’ai continué en disant que oui avec tout le respect que j’ai pour le club d’Angel City, les valeurs qu’ils ont, ce qu’ils essaient de construire de manière incroyable, pour moi, c’est hors de question que je retourne aux États-Unis en ce moment, en sachant tout ce qui est en train de se passer. Ce n’est rien contre Angel City, rien contre la Ligue. Je pense que la NWSL fait une super job et se développe incroyablement.

Je me vois bien y retourner un jour, mais en ce moment, pour moi, c’est très compliqué de me voir vivre dans un pays dirigé par une telle personne.

Revenons sur la politique, est-ce quelque chose que vous suivez de près?

C’est quelque chose qu’on suit tous de près vu qu’on le vit. On en souffre. On souffre des décisions qui sont prises, mais aussi on prend avantage d’autres. Je ne vais pas faire semblant de connaître tout, mais c’est quelque chose que je suis, que ce soit en France, aux États-Unis ou au Canada, surtout avec l’élection qui arrive ou même récemment ce qui vient de se passer en France avec Marine Le Pen. Il y a beaucoup de choses qui se passent là dans notre monde actuellement.

Je pense que c’est très facile de rester dans la bulle où on vit, surtout dans le foot où on tape dans un ballon. La vie peut être « facile ». Tu te lèves, tu joues au foot, tu te focus sur toi-même, sur un match, sur un sport, mais la vraie vie se déroule autour de toi. Donc oui, c’est quelque chose qui me touche, que je suis de près. Ma famille au Canada, ma famille en France aussi.

En ayant vécu dans plein de différents pays, sur plein de continents différents, que ce soit en Chine, au Vietnam, à Chypre, en France, au Canada, aux États-Unis, évidemment les politiques, c’est quelque chose qui nous concerne énormément. Et encore une fois, ce n’est pas quelque chose que je vais faire semblant de connaître beaucoup, mais je suis ce qui se passe. J’ai une compréhension minime, on va dire, comme tout le monde, comme un citoyen normal. En sachant ce qui est en train de se passer, en tant que Canadienne, pour moi, c’est hors de question de retourner dans ce pays en ce moment.

En mettant de côté la Ligue américaine, pour vous, il n’y a pas d’autre club qui vous intéresse que l’Olympique lyonnais?

Je n’ai pas dit qu’il n’y a pas d’autres équipes qui m’intéressent. Je pense que pour moi, ma priorité, c’est l’Olympique lyonnais. Mais dans la situation que je vis actuellement, la question qui se pose, c’est est-ce que l’Olympique lyonnais me veut moi? Je ne suis pas sûre, surtout avec les conversations actuelles, même aujourd’hui, que j’ai eues avec le club.

Je ne sais pas, cela semble clair et net que je ne suis pas une priorité pour eux. C’est sûr que je regarde autre part aussi. Mais, si je peux rester à Lyon, c’est sûr que je le ferai. Comme je l’ai dit, ma priorité, c’est de jouer la Ligue des champions. J’espère que ce sera à l’OL, mais il y a de fortes chances que ce ne le soit pas non plus.

Revenons à la sélection, vous avez surtout jouée en Espagne ces derniers temps, à quel point c’est important pour vous de revenir jouer au Canada?

C’est énorme. On en a parlé dans l’équipe. Pour nous, ce que ça représente, c’est surtout une occasion de montrer cette équipe et nos valeurs au pays, mais aussi de promouvoir le foot et le sport en général ici.

Et surtout, retrouver des partisans dans les tribunes, cela doit vous motiver encore davantage…

C’est vrai que les derniers matchs que nous avons joués en Espagne étaient comme à huis clos. C’est sûr que jouer dans des stades vides, ce n’est jamais top, surtout quand tu représentes ton pays. Il n’y a pas de meilleur sentiment que de rentrer à la maison, marcher dans les rues, te sentir comme chez toi.

Il y a eu également du changement à la tête de l’équipe avec la nomination de Stoney Casey depuis, qu’est ce qui est différent depuis son arrivée?

C’est juste notre deuxième camp ensemble. Mais je peux vous dire qu’en ayant parlé avec elle, en l’ayant vue coacher maintenant deux, trois semaines, je peux dire que c’est quelqu’un qui aime l’efficacité et quelqu’un qui est très honnête. Je pense que c’est quelque chose dont on a besoin et dont on était en grand manque.

L’honnêteté et l’efficacité, avec le peu de temps qu’on a ensemble, je pense que ça peut faire de grandes choses pour nous et nous permettre de faire beaucoup plus. »