Violence sexuelle : les CALACS déçus de Wynne

L'association aide les femmes francophones victimes de violence. Archives

TORONTO – Les centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS) n’ont tout simplement pas les ressources nécessaires pour augmenter l’aide offerte aux victimes, dénonce l’organisme franco-ontarien Action ontarienne contre la violence faite aux femmes.

ÉTIENNE FORTIN-GAUTHIER
efgauthier@tfo.org | @etiennefg

La directrice générale de l’organisme, Maïra Martin, est déçue de la décision de Kathleen Wynne de ne pas accorder plus de sous aux CALACS, alors que son gouvernement fait pourtant de la lutte à la violence sexuelle une priorité.

Mi-septembre, le gouvernement a confirmé aux 42 CALACS qu’ils devront se partager une enveloppe de 1,75 million $. Cela signifie une moyenne d’environ 40 000$ par centre.

« Si on veut éliminer la violence, ça passe par la prévention. Certains CALACS sont très sollicités dans leur communauté, mais ils n’ont pas les ressources. En ce moment, les CALACS n’ont carrément pas les sommes nécessaires pour remplir leur mission », dit Mme Martin.

En mars, le gouvernement a dévoilé l’initiative Ce n’est jamais acceptable, un plan d’action pour mettre fin à la violence et au harcèlement sexuel. Il s’est engagé à allouer 41 millions $ sur trois ans pour soutenir la mise en œuvre de ce plan. Les CALACS n’obtiennent donc qu’une infime portion de cette enveloppe.

« Une somme de 41 millions $, ça peut paraître cher, mais les conséquences de la violence ont un coût beaucoup plus élevés. Les services d’aide, les hôpitaux et le système judiciaire ont un coût important. Les victimes doivent aussi souvent arrêter de travailler », souligne Mme Martin.

Face à un manque d’argent, les CALACS doivent bien souvent miser sur des bénévoles, ce qui est paradoxal, selon la directrice d’Action ontarienne contre la violence faite aux femmes. « Nos organisations ont pour objectif d’augmenter la qualité de vie des femmes qui vivent dans la précarité, alors il est difficilement justifiable de demander à certaines de ces femmes de travailler pour nous bénévolement », affirme-t-elle.

 

Ressources limitées

Les CALACS francophones dans la province doivent jongler avec des problématiques très complexes et des ressources humaines très limitées, affirme celle qui représente les centres francophones dans la province.

« Bien souvent, une seule intervenante a toute la pression sur ses épaules. Elle doit soutenir les survivantes et les amener à l’hôpital, par exemple. Le fait de ne pas avoir suffisamment de financement empêche l’embauche de nouvelles personnes pour couvrir les immenses territoires couverts par ces CALACS francophones dans le nord, par exemple », fait savoir Maïra Martin.

Les CALACS francophones doivent aussi faire connaître leurs services auprès de la communauté de langue française, ce qui est un défi en soi dans les milieux minoritaires.

Tout en s’attristant des sommes accordées aux CALACS pour la prévention faite contre la violence sexuelle, Maïra Martin salue la vision du gouvernement Wynne dans ce dossier.

« Le plan montre un engagement très fort, mais c’est dommages que le cœur de l’action que sont les CALACS on ne leur donne pas plus en terme d’efficacité. Il y a un momentum et un plan d’action sur trois ans. Si on devait avoir une augmentation, c’était maintenant », affirme Mme Martin.

Outre les enveloppes financières accordées par le gouvernement, les CALACS sont financés par des collectes de fonds ou encore des sommes obtenues dans le cadre de programmes pour des projets spéciaux. « Mais cette seconde option demande beaucoup de temps et les fonds ne sont pas récurrents, ce qui ne permet pas d’avoir une vision à long terme », précise Mme Martin.