Reney Ray a remporté le prix coup de coeur du public au dernier gala Trille Or. Crédit image : Maxime Délaquis.

OTTAWA – Hier avait lieu le Gala Trille Or, où sont récompensés des artistes franco-canadiens, au Centre National des Arts, à la suite de deux jours de célébrations, de vitrines et de panels. Une 12e édition haute en couleur qui s’est démarquée cette année par sa diversité de genres musicaux et des prix partagés entre les artistes fransaskois et franco-ontariens.

Neuf catégories figuraient lors du Gala, soit : EP, Album, Video Clip, Spectacle, Groupe, Auteur et/ou compositeur, découverte, artistes solo, chanson primée et coup de cœur du public.

La dernière étant une mise à jour de l’ancienne catégorie « coup de cœur média ».

« Elle était assez redondante par rapport à la catégorie artiste solo. On voyait souvent les mêmes nominations et puis ce qui était important pour nous c’était de faire voter le public », explique Thomas Kriner, directeur général de l’APCM.

Une autre mise à jour de cette année : pas d’artistes acadiens et de l’Est canadien. Un resserrement territorial effectué à la lumière d’un règlement stipulant que le Trille Or s’adresse avant tout aux artistes de l’Ontario et de l’Ouest.

Voici donc la distribution variée de lauréats du Gala de samedi, dont le ratio de lauréats franco-ontarien et fransaskois est presque équivalent.

Marie-Clo x éémi (Beau Nectar)

Récipiendaire dans les catégories :
• EP (Mini Album) – Two Lips pt.1
• Découverte
• Chanson Primée – « Le noyer »

Crédit image : Maxime Délaquis.

Le groupe 50% franco-ontarien, 50% fransaskois Beau Nectar a remporté le plus de nominations de la soirée, notamment dans les catégories EP (Two Lips pt.1), Découverte et Chanson Primée (Le Noyer). Leur approche musicale pop électronique intimiste, vibrante et surréaliste mêlée à leur parole éco-féministe a porté fruit.

« On est des femmes qui travaillent dans l’industrie pis on a décidé de travailler dans l’industrie et d’être musiciennes. C’est un choix qu’on ne s’est pas toujours fait donner [en tant que femmes]. De se faire valoriser pour notre travail, c’est énorme », commente éémi, pour rebondir sur leur mandat féministe.

Le titre de la chanson Le Noyer porte un double sens. Elle est une métaphore passant par l’arbre du noyer noir, reconnue pour tuer les autres plantes l’entourant. « Elle a une mauvaise réputation, elle tue certaines plantes pour pouvoir protéger d’autres plantes. On a un peu fait la métaphore entre comment les gens peuvent voir les femmes qui protègent leurs environnements comme étant toxiques », explique éémi.

Étienne Fletcher
Récipiendaire dans les catégories :
• Album (Entre-deux)
• Artiste solo

L’artiste fransaskois Étienne Fletcher a été récompensé pour son album Entre-Deux. Crédit image : Maxime Délaquis.

Entre-deux est le premier album long du musicien fransaskois Étienne Fletcher. S’y trouve un univers rock, blues, folk et pop qui s’attaquent sans compromis, mais avec douceur, à quelques-unes des plus immenses épreuves et vérités de l’existence. « Si ce n’est pas authentique, si on n’y croit pas, je ne sais pas ce qu’on fait là! lance-t-il à l’industrie musicale en recevant son prix.

« Ce fut tout un processus avec la fin de la pandémie! On a réussi à faire quasiment tout cet album-là dans un sous-sol à Régina en Saskatchewan », révèle-t-il.

Étienne Fletcher a aussi remporté deux autres nominations dans les catégories Conception visuelle et musique Rock-Alternative.

Reney Ray
Récipiendaire dans la catégorie :
• Coup de coeur du public

Crédit image : Julien Lavoie

La native de Kapuskasing est la première récipiendaire du prix « coup de cœur » du Gala. « Oh my god », s’est-elle exclamée au micro, avant d’un peu plus tard révéler que « je vais me donner un peu de crédit parce que je pense que j’ai voté pour moi 47 fois ». L’auteure-compositrice-interprète, dont la présence musicale est « tel un baume brut » a su émouvoir son public fidèle de l’Ontario, même après avoir quitté la province il y a quelques années déjà.

Ponteix
Récipiendaire dans la catégorie :
• Vidéoclip – « Les années ft. Témé Tan »

Crédit image : Maxime Délaquis.

Ponteix, de son nom Mario Lepage, prenait le chapeau de lauréat, mais aussi de directeur musical du Gala de cette année. « Je me sens satisfait du spectacle. C’était beaucoup de travail. Je sens que j’ai bâti quelque chose avec une équipe douée qui se tenait debout. »

Son vidéoclip récipiendaire Les années mettent en scène lui-même ainsi que Témé Tan, les unissant par un paysage similaire, mais dans leurs lieux natals respectifs, la Belgique et la Saskatchewan. Une collaboration qui est le résultat d’une première rencontre faite lors du Trille Or des années passées, souligne Ponteix en entrevue avec ONFR.

« Je voulais montrer des endroits extrêmement beaux de la Saskatchewan. Souvent les gens n’y pensent que comme un endroit à perte de vue et c’est tout. Moi, j’avais envie de démontrer qu’il y avait des déserts, des forêts, des badlands, des côtés vallonnés à cet endroit dont les gens sous-estiment la beauté. »

YAO
Récipiendaire dans la catégorie :
• Spectacle de l’année

Crédit image : Maxime Délaquis.

YAO en aura touché plus d’un avec le spectacle de son dernier album Kintsugi. Il s’agit de l’art japonais de réparer la céramique avec des métaux précieux, rappelle-t-il. « Un peu comme les traces d’un nouveau destin qui se dessine, mais sans oublier l’ancien », explique-t-il en entrevue.

L’image est intrinsèquement reliée à la santé mentale, sujet sur lequel l’auteur-compositeur-interprète s’ouvre pleinement dans son album. Celui qui se considère comme « un gars de scène » explique que « cet album appelle à la nécessité que je fasse ma guérison avec le public ». YAO a aussi reçu un prix pour Prise de son et Mixage pour son album le soir du 7 septembre.

Les Rats d’Swompe
Récipiendaire dans la catégorie :
• Groupe

Les Rats d’Swompe. Crédit image : Maxime Délaquis.

Le groupe franco-ontarien des Rats d’Swompe, dont il manquait deux membres lors de la soirée du gala, sont avant tout des amis. « À chaque fois qu’on vit le show, c’est différemment avec tout le monde. Parce qu’on a du plaisir. On s’est tout le temps dit dans le band que la journée qu’on va arrêter d’avoir du fun, ça va être la fin des Rats d’Swompe », lance Patrick Pharand avant de remercier ses coéquipiers. La fraternité du groupe et de ses collaborateurs est palpable « tout le monde qui ont fait partie de ce projet-là, c’est des rats », rigolent-il.

Le groupe a aussi remporté un prix dans la catégorie Export Ontario le 7 septembre dernier.

Anique Granger
Récipiendaire dans la catégorie :
• Auteur.e compositeur.trice de l’année

Crédit image : Maxime Délaquis.

Anique Granger est une « forgeuse de chansons » poétiques, aériennes, imagées et aux tendances multimédias originaire de Saskatchewan. Country, pop et folk font la rencontre dans son univers musical. Lors du gala, et auprès d’Étienne Fletcher, l’auteur-compositrice-interprète chantait sa chanson Sur la trap line inspirée de témoignages d’aînées, une idée que lui aurait donnée la Slague de Sudbury.

« Le prix d’auteur compositeur c’est un prix que je tiens vraiment à cœur parce que la chanson, c’est le centre de tout », s’est-elle exclamée en recueillant son prix. « Être ici, être dans cette merveilleuse communauté, ça me rappelle à quel point j’adore écrire des chansons », a-t-elle enchaîné.