Justin Serresse lors du festival Giants of Africa à Kigali. Photo : Instagram de Justin Serresse

[ENTREVUE EXPRESS] 

QUI 

Justin Serresse est un entraîneur de basketball franco-ontarien. Entraîneur en chef dans le basket universitaire à Wilfrid Laurier depuis 2016, il a vu sa carrière prendre un tournant majeur cet été. 

LE CONTEXTE 

Il a en effet été recruté par les Raptors 905, le club école des Raptors de Toronto. Il sera l’assistant de Drew Jones, le nouvel entraîneur en chef de l’équipe qui a bouleversé son personnel technique cet été. L’équipe, qui évolue à Mississauga, a complètement fait peau neuve après une saison décevante sous la houlette d’Eric Khoury. 

L’ENJEU 

Le nouvel assistant francophone des 905 explique comment s’est passé son recrutement, quel rôle on lui a proposé, notamment auprès de la nouvelle recrue camerounaise des Raptors Ulrich Chomche, et se confie sur ses ambitions de percer au plus haut niveau. 

 « Comment s’est fait votre recrutement par les Raptors 905 et comment a été prise la décision de quitter votre poste à l’Université Laurier?

Ils m’ont contacté pour venir faire des entretiens pendant l’été. Ils venaient de changer d’entraîneur en chef et ils voulaient changer le staff. Avec le fait qu’ils ont récupéré Ulrich Chomche et d’autres jeunes joueurs, j’imagine que mon profil francophone, africain et dans le développement les a intéressés. Je pense qu’ils avaient envie de voir ce que ça allait donner.

Après, mes entretiens se sont bien passés, j’ai eu une bonne connexion avec Drew (Jones). C’est une super belle personne et on s’entend déjà bien. Et avec le reste du staff, il y a pas mal de familiarités également. 

Qu’est-ce qui vous a intéressé dans cette opportunité d’entraîner en G League?

Le rôle qu’on m’a proposé est intéressant. J’ai des responsabilités, sans en avoir trop pour quelqu’un qui débute à ce niveau. J’ai aussi un profil intéressant par rapport à ce tout nouveau staff qu’on a, c’est que je suis le seul à avoir été entraîneur en chef parmi les entraîneurs, même si ce n’était pas en G League. J’ai quand même cette expérience et je sais que Drew parle pas mal avec moi par rapport à ça. Avec toute mon humilité, j’essaie de lui apporter ce que je sais, ce que je ressens par rapport à mon expérience, même si je ne l’ai pas eue dans le monde professionnel. 

Je pense que c’était le bon moment. Ils m’ont contacté et ont montré un réel intérêt et, de mon côté, je cherchais à aller chez les pros. Ça s’est vraiment fait naturellement. 

Comment vous ont-ils décrit votre rôle? 

Bon, déjà c’est de la G League, donc on est tous là pour faire du développement. Après, on m’a donné un rôle un peu plus spécifique sur la défense et le développement d’Ulrich et de certains joueurs. Ensuite, comme je l’ai dit, c’est d’apporter mon expérience tout en apprenant la G League de mon côté. 

Parlons de votre rôle spécifique auprès d’Ulrich Chomche. Le connaissiez-vous avant son arrivée aux Raptors? 

Je l’avais déjà rencontré très brièvement lors d’un voyage au Sénégal avec Ian Mahinmi (ancien joueur de NBA français proche de Justin Serresse). Il m’avait emmené voir l’académie et on avait rencontré les jeunes. Il était là. Ensuite, je l’avais vu jouer pas mal de fois, j’avais suivi son parcours. Je l’avais croisé rapidement mais, en fait, je connais surtout pas mal de gens qui, eux, le connaissent très bien, comme Ian Mahinmi ou Joe Touomou son entraîneur, qui était allé le chercher au Cameroun. 

J’avais entendu beaucoup de bonnes choses par rapport à lui. Là, j’apprends à la connaître. C’est un jeune garçon, il a 18 ans. Cela va être un effort collectif pour travailler avec lui. Ce ne sera pas que moi, ce ne sera pas que les entraîneurs des Raptors, ce sera un effort de toute l’organisation pour aider un jeune qui n’a pas fait l’université aux États-Unis à passer ce gros cap que représente le fait de devenir pro directement. Il y a une transition qui va devoir se faire, qui viendra avec la maturité. 

Justin Serresse va en quelque sorte prendre le relais de Joe Touomou auprès de la jeune recrue des Raptors Ulriche Chomche. Photo : gracieuseté de Joe Touomou

Comment voyez-vous sa première saison, lui avez-vous fixé des objectifs particuliers? 

Il ne faut pas avoir trop d’attentes et mettre trop de pression dès le début. Il est jeune, c’est sa première année en Amérique du Nord. Il va falloir qu’il s’acclimate à pas mal de choses. Ce qu’on va attendre, c’est qu’il ramène de l’énergie, de la combativité. On doit lui donner un cadre assez simple, mais efficace, pour se baser sur des fondations qui soient déjà ses forces. Cela lui permettra de gagner de la confiance. C’est toujours mieux de commencer comme ça. Par exemple, une performance à 10 rebonds peut lui faire prendre conscience qu’il est capable de prendre beaucoup de rebonds. 

Pour l’instant, on ne sait pas s’il va jouer en NBA ou pas. Il a un contrat à deux volets, donc il va jouer avec nous d’une manière ou d’une autre. On garde les attentes basses, mais on sait qu’il peut nous étonner. Pour l’instant, il est très bosseur et il a beaucoup de choses à apprendre.

Vous restez rattaché à l’Université Laurier, qui a annoncé que vous partiez pour un an, pourquoi ce choix? 

C’est quelque chose qui se fait ici. Cela fait partie de nos contrats. En plus, l’opportunité est arrivée un peu tard et comme le contrat que l’on m’a offert n’est pas forcément à long terme dès le début, je ne pouvais pas juste partir comme ça. Cela faisait sept ans que j’étais en poste, je voulais assurer une bonne transition. Le plus important était d’assurer une continuité dans le staff et dans les recrues. J’ai fait en sorte que tout le monde soit rassuré, que tout soit en place et que la vision et les valeurs que j’avais pour mon équipe restent les mêmes. 

L’objectif demeure de vous imposer au niveau professionnel?

Oui, je pense que ça va bien se passer. J’apporte une expertise, de la valeur ajoutée et j’espère qu’ils me feront confiance à long terme. Déjà, rejoindre les Raptors, d’une manière ou d’une autre (ici à travers les 905) était une ambition de carrière. Je ne m’en suis jamais caché. J’ai toujours dit que, si un jour j’avais l’opportunité d’intégrer un staff NBA, je le ferais. Tout comme un joueur aimerait aller jouer en NBA. Je ne le criais pas sur tous les toits, mais tous mes proches savaient que j’avais cette ambition. Là j’y suis arrivé, mais ce n’est pas une fin en soi. Pour moi, ce n’est qu’un début. Je vais tout faire pour faire mes preuves en toute humilité, mais avec envie. »