10 livres franco-ontariens sur l’histoire et le patrimoine à (s’)offrir pour les Fêtes
[CHRONIQUE]
Chaque samedi, ONFR propose une chronique sur l’actualité et la culture franco-ontarienne. Cette semaine, l’historien et spécialiste en patrimoine Diego Elizondo.
Le temps des Fêtes est une occasion rêvée pour offrir (ou même s’offrir!) des livres et se plonger dans la lecture. Pourquoi ne pas en profiter pour le faire avec des livres franco-ontariens sur l’histoire et le patrimoine? Voici dix suggestions. Disponibles en librairie.
Création du Centre d’excellence artistique pour les jeunes francophones de l’Ontario : une œuvre communautaire
La fermeture définitive en 1983 de l’École secondaire Belcourt à Vanier provoque un dangereux précédent : pour la première fois depuis l’ouverture des écoles publiques de langue française à Ottawa, une école secondaire disparait. La communauté franco-ontarienne réclame qu’une forme de compensation leur soit accordée en raison de la fermeture de l’école par le conseil scolaire bilingue (c’était avant la gestion scolaire).
Ils obtiendront tout un prix de consolation (à la grande stupéfaction entre autres de Claudette Boyer, conseillère scolaire à l’époque et militante franco-ontarienne dont c’est le 10e anniversaire de décès cette année) : le Conseil scolaire leur accorde un Centre d’excellence artistique et une concentration en douance à une autre de leurs écoles secondaires, De La Salle, dans la Basse-Ville Est, à Ottawa. Unique en son genre, le Centre d’excellence artistique devient rapidement une institution franco-ontarienne dont la renommée dépasse largement les frontières de la Basse-Ville.
Regards croisés sur la grève d’Amoco à Hawkesbury : une histoire ouvrière de l’Ontario français
La grève d’Amoco de 1980, lors de laquelle s’est soulevée la population ouvrière de Hawkesbury, marque un temps fort de revendications franco-ontariennes, aujourd’hui pratiquement tombé dans l’oubli. Trois personnes qui ont, chacune à leur façon, pris part à la grève – Serge Denis, politologue, Richard Hudon, animateur social, et Jean Marc Dalpé, dramaturge et écrivain – replongent ici dans leurs souvenirs pour mettre en lumière la conjoncture sociopolitique qui a mené à la mobilisation des travailleurs et travailleuses de la région.
Fruit d’un travail de terrain engagé, cet ouvrage, nourri par les témoignages et par de nombreux documents d’archives, démontre que la grève d’Amoco n’était pas une grève comme les autres.
Microcosme du contexte sociohistorique dans lequel il s’inscrit, et bien qu’il consiste avant tout en une lutte ouvrière, le mouvement a permis à une communauté minoritaire doublement défavorisée, économiquement et politiquement, de s’affirmer en s’appropriant une nouvelle plateforme pour s’exprimer : le syndicalisme, avant que les combats de l’Ontario français pour la défense de ses droits se déplacent vers les tribunaux.
La grève d’Amoco d’Hawkesbury, l’équivalent franco-ontarien de la grève de l’amiante d’Asbestos, en quelque sorte.
Pointe Maligne, retrouvée par les textes. Présence française dans le Haut Saint-Laurent (tome II)
Dans Pointe Maligne, retrouvée par les textes, Nicole V. Champeau rassemble pour la première fois des voix d’antan – celles d’explorateurs, de missionnaires, de cartographes et autres inclassables – qui voyaient pour la première fois la spectaculaire étendue du fleuve Saint-Laurent qui baigne l’Ontario.
Nicole V. Champeau offre, en partage, la beauté – la poésie de l’Histoire –, telle qu’elle se présente d’un texte à l’autre. Elle donne accès à un monde complexe, à la fois sensible et imaginatif, et propose une écriture émouvante qui engage dans une trajectoire géographique, historique, littéraire et voire onirique.
Pointe Maligne, retrouvée par les textes est la suite de Pointe Maligne. L’infiniment oubliée (lauréat du prestigieux Prix littéraire du Gouverneur général 2009; Prix littéraire Émile-Ollivier 2010).
À noter que la même auteure a publié en 2019 l’ouvrage Niagara… la voie qui y mène (éditions David) une quête à la fois historique, géographique, poétique, personnelle et identitaire.
Le cimetière Notre-Dame d’Ottawa : cimetière historique d’importance nationale créé en 1872
Ce livre de l’expert-conseil en patrimoine et cofondateur du Regroupement des organismes du patrimoine franco-ontarien (aujourd’hui RPFO), Jean Yves Pelletier, se veut un plaidoyer en faveur de la reconnaissance patrimoniale du plus grand et ancien cimetière catholique de la région d’Ottawa. On y trouve une multitude d’illustres Franco-Ontariens qui y ont été inhumés. En plus de raconter l’histoire du cimetière, l’auteur présente une centaine de biographies de gens célèbres pour qui ce cimetière est le lieu du dernier repos.
Rose-Aimée Bélanger, à l’ombre des chuchoteuses
La prolifique et contributrice de longue date du magazine patrimonial franco-ontarien Le Chaînon, Danielle Carrière-Paris, publie ici un livre sur la sculptrice franco-ontarienne Rose-Aimée Bélanger, décédée tout récemment à l’âge de 100 ans.
Jean-Robert Gauthier : convaincre… sans révolution et sans haine
Jean-Robert Gauthier ne voulait personne d’autre que Rolande Faucher comme biographe. Celui qui fut un conseiller scolaire à Ottawa pendant les années de transformation de la gouvernance scolaire, ensuite député fédéral et sénateur, a eu droit à une biographie captivante sur son parcours de défenseur des Franco-Ontariens, écrite par la militante franco-ontarienne, ancienne présidente de l’Association canadienne-française de l’Ontario (ACFO) provinciale et du Mouvement d’implication francophone d’Orléans (MIFO), Rolande Faucher.
Germain Lemieux sur le billochet. Confessions d’un passeur de mémoire
L’ethnologue jésuite Germain Lemieux (1914-2008) refait le chemin qui l’a mené de sa Gaspésie natale, contrée maritime, au pays des mines de Sudbury. À travers son témoignage, recueilli par l’auteur pour la radio en 1995 et livré sur le ton de la confidence, l’octogénaire soupèse les aléas d’une carrière entreprise un demi-siècle plus tôt.
Ce document à l’allure intime constitue une source féconde, autant pour la compréhension de l’Ontario français et de son histoire au XXe siècle que pour l’institution du patrimoine oral que l’ethnologue a incarné presque seul avant les années 1980. En faisant le bilan de son activité incomparable, Germain Lemieux y mêle un peu de son testament intellectuel.
Mine, travail et société à Kirkland Lake
Véritable hommage aux travailleurs miniers, le livre Mine, travail et société à Kirkland Lake témoigne de conditions de travail et de vie de mineurs de Kirkland Lake, dans le Nord-Est de l’Ontario.
Les recherches des coauteurs prennent pour point de départ les archives de sociétés minières sauvées in extremis de la destruction en 2005. L’étude approfondie des documents a permis aux chercheurs de reconstituer les multiples facettes de la vie des mineurs. Une contribution essentielle à notre compréhension et étude de l’histoire ouvrière franco-ontarienne.
Chroniques d’Eastview : recueil d’histoires orales de Vanier
Parue en juin, la plus récente publication du Muséoparc Vanier, le livre Chroniques d’Eastview, a été rédigée sous la direction du conservateur du musée, Yanick Labossière. Accompagné par les magnifiques illustrations d’Alena Krasnikova, le livre est un recueil de souvenirs de piliers de la francophonie d’Eastview/Vanier et fut préfacé de façon posthume par Gisèle Lalonde (1933-2022).
Les portes-paroles franco-ontariens
Cet essai a été imaginé pour souligner le 110e anniversaire de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO). Il offre un survol des visées et des luttes qui ont animé pendant 110 ans l’association porte-parole politique et dite « parapluie » des Franco-Ontariens en observant son action à travers les personnages qui se sont succédé à sa présidence. Cette histoire est découpée en six grands chapitres qui illustrent l’évolution parallèle de la société franco-ontarienne et des enjeux portés par l’association.
La photo de la page couverture n’a étrangement qu’un lien très indirect avec le propos du livre. Il s’agit d’une photo prise lors d’une manifestation organisée par le Regroupement étudiant franco-ontarien (RÉFO) pour une université de langue française en Ontario, devant l’Assemblée législative de l’Ontario, à Toronto, en 2016.
Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que leurs auteur(e)s et ne sauraient refléter la position d’ONFR et de TFO.