2025 dans le Sud ontarien en cinq actualités
TORONTO – Dans le sud de l’Ontario, les hostilités tarifaires entre le Canada et les États-Unis ont donné le ton à une année riche en faits marquants. Dans la grande région de la Ville Reine, le lancement de projets attendus et le congrès annuel de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) ont fait rayonner la communauté franco-torontoise.
Une citation : « Quand on entend que des Canadiens se font interdire l’entrée aux États-Unis, ça fait peur »
À Windsor, plus tôt cette année, les gens de la région qui travaillent de l’autre côté de la frontière à Détroit se sont réveillés dans un contexte profondément affecté par la guerre tarifaire. Cette phrase, lancée par le professeur d’histoire de l’Université de Windsor, Guillaume Teasdale, décrit bien la nouvelle réalité des travailleurs transfrontaliers de Windsor. Cette population témoigne d’une différence concrète depuis l’élection de Donald Trump (5 novembre 2024). Même les détenteurs d’une double nationalité canadienne et américaine limitent désormais les allers-retours : « Il y a plus de tensions des deux côtés. Traverser, on ne peut pas vraiment le prendre pour acquis. Alors qu’avant, c’était sans réfléchir », raconte Towela Magai Okwudire, professeure de français dans un collège américain.

Le sud de l’Ontario, notamment la ville de Windsor, figure parmi les endroits les plus affectés, surtout par les droits de douane de 25 % sur les automobiles importées qui impactent des centaines de milliers de travailleurs canadiens. L’usine d’assemblage Stellantis avait d’ailleurs annoncé une cessation d’activités provisoire au mois d’avril pour annoncer une réouverture progressive dès 2026.
Une date : le 22 octobre
Cette année, le congrès annuel de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) s’est ouvert à Richmond Hill, dans la région du Grand Toronto du 22 au 25 octobre sous le thème évocateur « Nous sommes… nous serons ». Ce rendez-vous francophone annuel important a réuni le grand public, mais aussi la société civile pour établir un plan de sauvetage pour les années à venir : « Cette édition est vraiment un moment charnière pour la francophonie ontarienne », raconte Fabien Hébert, président de l’AFO.
Après avoir lancé en mars des états généraux en faveur de grandes consultations, puis après avoir mené une étude depuis cet été, l’AFO dresse un constat alarmant selon lequel la francophonie en Ontario est en perte de vitesse par rapport à la population anglophone et qu’il est temps d’agir.

Avec en vue l’objectif clair de parvenir à une cible de 6 % du poids démographique francophone d’ici 2050, plusieurs voies sont considérées : la rétention dans les écoles francophones, l’augmentation du nombre de locuteurs de langue française ou encore l’immigration. Un plan d’action communautaire et des plans d’action dans 30 régions seront réalisés. Ces derniers seront présentés lors du congrès de 2026.
Un lieu : 100, Bloomington Ouest à Aurora
À cette adresse, a eu lieu cette année la première pelletée de terre du nouveau village francophone pour aînés dont la construction doit débuter en juin 2026. Pensé par la Communauté du Trille blanc (CTB) depuis 2019, ce village au nord de Toronto disposera d’un établissement de soins de longue durée avec 160 lits francophones, mais aussi des services, des commerces, une pharmacie, un café et des logements aux alentours.
C’est au courant du mois d’avril 2025 que la signature du contrat d’achat du terrain a eu lieu, pour la somme de 15 millions de dollars, engagée par Jean Bouchard, président de la CTB.

Plusieurs phases de constructions ont été élaborées afin de conduire le projet à son aboutissement, avec la première phase qui devrait aboutir au cours des deux ou trois prochaines années, et la dernière d’ici 7 à 10 ans.
Le projet de village inclus la construction de logements abordables et de condos, mais aussi d’un centre d’imagerie, d’ostéopathie et chiropratique, ainsi qu’un centre dédié à la formation. L’organisme espère amasser 30 millions de dollars au cours des trois prochaines années.
Une personnalité : Jean Bouchard
Une enfance au Québec, un passage en Alberta et une vie en Ontario, c’est la trajectoire de Jean Bouchard, qui a œuvré toute sa vie dans différents secteurs : l’éducation, la fondation d’écoles francophones et même la poésie avant de prendre les rênes du projet du village francophone pour aînés par la Communauté du Trille blanc (CTB), qu’il préside actuellement.
« Ça prend un village pour élever les enfants, mais ça prend un village pour aider les aînés », affirme l’homme à tout faire.
En effet, depuis qu’il a été envoyé en 1982 en Alberta pour y ouvrir la première école francophone, il a maintenu un engagement permanent envers le fait français. Aujourd’hui, permettre aux aînés francophones de rester intégrés dans leur communauté tout en recevant des soins nécessaires est le flambeau qu’il porte comme président.

Ayant plusieurs cordes à son arc, il a également ouvert en 2007 l’École catholique secondaire Renaissance à Aurora et en 2013 l’école francophone Père-Philippe-Lamarche à Scarborough.
Au fil des imprévus de la vie, Jean Bouchard a redéménagé au Québec pour s’occuper de ses parents où il dit être entouré de personnes qui l’aident avec le projet du village pour aînés.
Un chiffre : un million
Plus tard dans l’année, le gouvernement fédéral a annoncé que trois organisations francophones du sud de la province bénéficieront de près d’un million de dollars pour la formation de la main-d’œuvre bilingue de la région des Mille-Îles et de Windsor.

Ainsi, la Fédération des gens d’affaires francophones de l’Ontario (FGA) recevra 350 000 dollars au cours des deux prochaines années pour aider près de 200 entreprises de Windsor et du Sud-Ouest de l’Ontario. Ce financement servira à offrir des services aux entreprises et aux entrepreneurs francophones, en améliorant l’accès aux services actuels dans l’écosystème, en plus de favoriser la création de nouvelles opportunités économiques.
Les fonds seront distribués aux des organismes francophones tels que la Fédération des gens d’affaires francophones de l’Ontario (FGA) et le Collège Boréal qui s’assureront d’aider les entrepreneurs de Windsor et du Centre et du Sud-Ouest de l’Ontario.