3,4 millions de doses gaspillées en Ontario : le rapport accablant de la vérificatrice générale

La vérificatrice générale de l'Ontario, Bonnie Lysyk, a dévoilé son rapport annuel financier ce matin à Toronto. Capture d'image internet.

TORONTO – L’audit financier de la vérificatrice générale de l’Ontario a été rendu public ce mercredi à Queen’s Park. On y apprend notamment que la province n’a pas été bien organisée concernant la vaccination, résultant dans des pertes considérables de doses, ou encore que la province a décidé de prioriser des projets d’autoroute contre l’avis d’experts du ministère des Transports.

« L’approche du ministère de la Santé pour la réservation de rendez-vous de vaccination était mal coordonnée », voici ce qu’on pouvait lire dans le rapport de Bonnie Lysyk qui fait près de 1 090 pages.

Le système de réservation avait favorisé les personnes mieux équipées en technologie qui ont pu faire de multiples réservations, avec en conséquence de nombreux rendez-vous non honorés.

Ce système, qui a mis trois mois à être développé, a généré 227 000 non-présentations à des rendez-vous « qui auraient pu être utiles à des personnes dans le besoin » en 2021 et, ainsi, une perte considérable de temps explique la vérificatrice.

Le fait qu’il n’y ait pas eu un système centralisé, mais bien de multiples systèmes de prise de rendez-vous tels que ceux des hôpitaux et pharmacies ou encore le portail provincial a nui à la distribution des doses note-t-on dans le rapport.

Quant aux doses gaspillées, elles atteignent la somme mirobolante de 3,4 millions de doses reçues par le gouvernement fédéral, soit 9 % des vaccins reçus jusqu’en juin 2022.

Un gaspillage qui s’explique par le fait que la demande pour les doses de rappel était moins importante qu’estimée, notamment la période entre février et juin 2022 durant laquelle les pertes s’élevaient à 38 %.

Le rapport fait aussi état d’un écart important dans la rémunération des professionnels de la santé administrant les doses dans le secteur public.

En exemple, il cite celle des médecins, de 170 $ à 220 $ de l’heure, contre celle des infirmières, de 32 $ à 49 $ de l’heure et des pharmaciens, 30 $ à 57 $ de l’heure.

Les assurances privées trop élevées

Parmi les 15 audits effectués dans le cadre de ce rapport financier des dépenses et politiques de l’Ontario, deux concernent plus spécifiquement le secteur des transports.

Une information que la vérificatrice a relevée concerne l’augmentation injustifiée des frais liés à l’assurance automobile, soit 14 % de plus entre 2017 et 2021.

La province où l’assurance privée est la plus élevée a, selon Bonnie Lysyk, sciemment ignoré les recommandations du dernier rapport de réduire les coûts tels que de demander une accréditation pour les entreprises de réparation par exemple.

La vérificatrice a souligné que selon le lieu ou l’on vit, ces coûts peuvent être très différents et que l’Autorité ontarienne de réglementation des services financiers travaille sur des outils qui n’ont pas étés actualisés depuis 2005 pour déterminer ces coûts.

Des autoroutes délaissées pour d’autres

Un autre fait accablant de ce rapport concerne, cette fois-ci, la décision, en 2019, du gouvernement de différer les travaux prévus sur des autoroutes contre l’avis de spécialistes travaillant au ministère des Transports de la province.

« Nous avons constaté que le gouvernement avait apporté un certain nombre de changements aux priorités routières, sans examiner tous les faits pertinents de ses experts », explique-t-elle.

Six autoroutes, dont deux situés dans le Nord, ont étés délaissés pour quatre désignés comme prioritaires par l’Ontario et se trouvant au Sud, notamment la 413 au nord de Toronto.

La vérificatrice en profite pour émettre des doutes quant aux décisions d’expansion et à la gestion financière de ces projets d’autoroutes : « les indicateurs de performance ne sont pas suffisants pour surveiller l’efficacité de la préparation et de la gestion des autoroutes du ministère. »

Des décisions électoralistes?

Et d’ajouter que le manque de directives éclairées a mené à des « pratiques de tarification inconsistantes » dans la planification des projets d’autoroute.

En exemple, elle cite le fait que le gouvernement de Doug Ford a annoncé peu avant les élections retirer les frais de péage sur les autoroutes 412 et 418 alors que celui-ci avait initialement prévu d’attendre l’équilibre budgétaire.