Cornwall : des atouts pour devenir communauté francophone accueillante
CORNWALL – Début janvier, le gouvernement fédéral a dévoilé son intention d’intégrer 10 nouvelles municipalités au programme des communautés francophones accueillantes. Bien que la sélection ne soit pas encore finalisée, Cornwall se profile comme une candidate idéale, notamment grâce à l’ACFO de Sturmont-Dundas et Glengarry (ACFO-SDG), son conseiller municipal francophone, ainsi que divers organismes et partenaires y offrant une gamme de services en français.
Près de la moitié de la population de Cornwall est bilingue et compte près de 10 000 personnes ayant le français comme langue maternelle, selon le dernier recensement de Statistique Canada. Ces dernières années, cette communauté a fait preuve d’initiatives pour réaffirmer son hospitalité envers les immigrants francophones. C’est d’ailleurs ce que Sonia Behilil, directrice des opérations de l’ACFO-SDG, décrit quand elle détaille les projets phares de son organisme.
« La réalité, c’est que depuis que le projet des communautés accueillantes existe, c’est déjà une réalité pour Cornwall », affirme-t-elle.
Pour l’instant, l’ACFO-SDG attend qu’un appel d’offres soit promulgué par le gouvernement afin de postuler au programme selon des critères prochainement déterminés. Mais pour l’heure, il semble que l’organisme ne soit pas du genre à se reposer sur ses lauriers.
« Cornwall veut être impliquée et veut démontrer sa caractéristique accueillante du côté francophone, mais pas seulement, puisque que même les acteurs hors parcours francophones sont impliqués dans ce contexte d’accueil. »
Faire partie officiellement du programme des communautés accueillantes sera définitivement un tremplin, croit-elle. D’après la jeune femme, depuis 2017, l’organisme travaille dans ce sens.
« C’est très important pour nous d’avoir une complémentarité dans les services, puis de travailler sur une cohésion communautaire dans l’accueil et dans l’information et l’orientation des nouveaux arrivants. »
En tant qu’agence communautaire, l’ACFO-SDG voit un niveau d’accueil qui est très spécifique afin de garantir la rétention et l’épanouissement des nouveaux arrivants.
« Je trouve que c’est un peu malhonnête de dire qu’une fois qu’ils sont inclus dans la communauté, l’inclusion a eu lieu. Il faut continuer à accompagner, même après. »
D’ailleurs, la directrice des opérations croit qu’être choisi pour faire partie des communautés accueillantes permettra la mise en place de pratiques gagnantes et intéressantes sur l’accueil et l’épanouissement des communautés nouvellement arrivées.
L’ACFO espère qu’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) annoncera bientôt leur éligibilité. « On est dans les starting blocks », révèle-t-elle.
Une vitalité communautaire et francophone en phase avec l’accueil des nouveaux arrivants
L’organisme compte 97 partenaires qui offrent des services aux immigrants et nouveaux arrivants francophones dans la région de Cornwall, un critère qui prouve selon la directrice le succès de cette communauté accueillante déjà bien organisée.
« C’est cette mobilisation exceptionnelle au niveau des partenaires locaux et la mobilisation de la communauté qui est vraiment forte ici », estime Mme Behilil.
Il y a six mois, Mathieu Fleury, ancien conseiller municipal d’Ottawa, est devenu directeur de l’administration de la Ville. Conscient des enjeux francophones à l’Est d’Ottawa et en découvrant Cornwall, M. Fleury a aussi découvert une vitalité francophone.
« D’Ottawa à la frontière du Québec, ce sont des communautés très francophones », affirme-t-il. « Évidemment, Cornwall est une communauté bilingue et il y a beaucoup de gens avec des noms francophones. Il reste des difficultés à desservir la population francophone dans toutes les sphères, c’est pourquoi on va faire un portrait de la disponibilité des services en français. Il faut débuter avec un constat en tout cas. »
Une chose est sûre pour M. Fleury, « le leadership communautaire possède une vitalité exceptionnelle ».
Dans le contexte d’une communauté francophone accueillante, Sonia Behilil admet que sa communauté se démarque de bien d’autres municipalités à travers l’Ontario.
À noter cependant que l’Est ontarien est très diversifié, constate la jeune femme. « La région de Prescott et Russell et celle de Sturmont-Dundas et Glengarry ont des réalités complètement différentes, mais elles peuvent être complémentaires, elles peuvent se coordonner pour avoir un impact plus grand. »
D’après elle, il reste important de discerner les deux régions dans leurs approches. « On ne veut pas juste recevoir des gens pour les transférer ailleurs. On veut des gens qui s’établissent et s’épanouissent, qu’ils prennent part à la communauté. »
En collaboration avec d’autres partenaires, l’organisme s’efforce de promouvoir Cornwall comme une terre accueillante, notamment à travers son développement économique. L’ACFO-SDG a joué un rôle essentiel dans cette démarche grâce à des initiatives telles que son Carrefour de l’immigration et son Concours LOL – Mort de rire, qui célèbre son dixième anniversaire en 2024. De nombreux projets sont lancés par diverses organisations, et c’est grâce aux nombreuses activités culturelles et communautaires, ainsi qu’aux services d’installations offerts, comme la friperie de l’ACFO, que Cornwall devient une destination de prédilection pour les immigrants francophones.
Aujourd’hui, plusieurs organisations et entreprises s’y développent et appuient les nouveaux arrivants, telles que la Société économique de l’Ontario (SÉO), la Société d’aide au développement des collectivités, l’Organisation horizon jeunesse démunie (OHJD), l’Association des femmes immigrantes francophones, l’Amalgame des arts de la langue française et du théâtre, Job Zone d’emploi, la Maison Interlude ou encore la Clinique juridique SDG et pleins d’autres.
« On ne considère pas l’accueil comme une ponctualité, reconnaît Mme Behilil. On prépare la communauté d’accueil, en leur expliquant que c’est très important qu’il y ait des francophones ici. En maintenant cette promotion dans tous les aspects de la vie communautaire, les nouveaux arrivants se sentent attendus. »
Un engagement politique pour soutenir la communauté
Mathieu Fleury observe une tendance encourageante, soulignant que « nous avons notre premier conseiller municipal noir et francophone. Bernadette Clément a été la première mairesse noire. La communauté francophone continue de se diversifier et ça m’impressionne ».
Toutefois, selon le directeur de l’administration municipale, il est temps d’établir un diagnostic complet sur l’état des services en français, puis d’évaluer les dynamiques politiques, les positions du conseil municipal, et la communication avec les conseils scolaires et des organisations comme l’ACFO.
« Il faudra obtenir leur rétroaction, leur perception sur les services, puis ensuite, on définira quelles seront les mesures à prendre. Sans un constat, c’est difficile de prévoir les besoins », estime-t-il.