Le ministre de l'Immigration Marc Miller. La Presse Canadienne/Spencer Colby

Le gouvernement fédéral a annoncé, mardi, de nouvelles mesures visant à favoriser la venue de nouveaux arrivants francophones hors Québec. Le ministre de l’Immigration Marc Miller soutient même que si les nouvelles mesures fonctionnent, elles permettront peut-être d’augmenter les cibles en immigration francophone.

Le ministre de l’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) Marc Miller en a fait l’annonce à Caraquet (Nouveau-Brunswick) alors que son gouvernement vient d’adopter au début du mois, sa nouvelle politique en immigration francophone, comme l’exigeait la Loi sur les langues officielles.

Avec celle-ci, le gouvernement affirme vouloir mettre l’accent sur le recrutement à l’étranger, notamment par la venue de travailleurs en provenance de secteurs d’activités spécifiques, afin de pallier les pénuries de main-d’œuvre. La politique aura justement une composante économique alors qu’elle comportera un nouveau programme dédié à l’immigration économique francophone, indique IRCC dans un communiqué.

Comme autres mesures, on mentionne le renouvellement et l’expansion de l’initiative des communautés francophones accueillantes et un nouveau programme d’appui à l’immigration francophone.

En conférence de presse, le ministre de l’Immigration Marc Miller a insisté sur la nécessité de mettre en place « une structure pour s’assurer qu’il y ait une pérennité et non seulement travailler sur le volume ».

« Par le passé, on aurait pu avoir accusé le gouvernement fédéral de ne pas avoir très bien fait sa job pour accueillir les gens d’expression francophone et je pense que la critique serait juste », a-t-il accordé.

La Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (FCFA) a salué ces « bons premiers pas dans la bonne direction pour l’immigration francophone ».

« Il y a beaucoup de très bons éléments dans cette politique-là. Ça structure davantage le travail que IRCC va faire en matière d’immigration francophone. Pour nous, la création d’un programme d’immigration économique distinct pour les francophones est aussi une bonne nouvelle », s’est félicitée la présidente de la FCFA Liane Roy.

Miller ouvert à rehausser les cibles

En novembre dernier, le ministre Miller avait annoncé de nouvelles cibles graduelles de nouveaux arrivants francophones hors Québec commençant à 6 % en 2024, pour ensuite monter à 7 % et 8 %, les deux années suivantes. Ce dernier indique que « la mise en place de structures telles que j’ai annoncées aujourd’hui » permettront d’augmenter le volume de candidatures francophones.

« Je n’avais pas cette confiance, en fixant les niveaux pour cette politique, qu’on allait pouvoir passer à 10 et 12 %. Alors je ne voulais pas être crétin, tout simplement. À la fin de cette année, si j’ai cette confiance que la structure est en place et qu’on atteint notre 6%, je serais prêt à réviser ces nombres-là », a-t-il révélé.

La francophonie canadienne qui militait plutôt pour – au minimum – une cible de 10 % s’était dite déçue, lors de l’annonce d’Ottawa à l’automne. Aujourd’hui, la présidente de la FCFA Liane Roy apprécie qu’il y ait une ouverture de la part du ministre d’aller plus loin dans un avenir rapproché.

« Il faut donner la chance à cette politique-là pour voir comment ça va fonctionner en réalité parce que si ça fonctionne bien, on devrait en principe pouvoir augmenter les cibles », espère-t-elle.

Une étude du Commissariat aux langues officielles concluait que les manquements de la cible fédérale, de 4,4 %, en immigration francophone au cours des deux dernières décennies avaient contribué au déclin du français au pays.

24 communautés francophones accueillantes

Le fédéral augmente également le nombre de villes sélectionnées du programme des communautés francophones accueillantes, qui sont des municipalités ciblées pour accueillir de nouveaux arrivants s’exprimant en français. Lancé en 2018, le programme sera reconduit et ajoutera 10 nouvelles villes alors qu’il en comportait 14 par le passé, notamment Sudbury, Hamilton et Hawkesbury en Ontario. Les communautés en question reçoivent ainsi des fonds pour favoriser l’intégration d’immigrants francophones.

Programme d’appui à l’immigration francophone

Ottawa lance ce nouveau programme qui vise le financement de projets. « Cela comprend la facilitation de la participation des communautés francophones en situation minoritaire aux initiatives de promotion à l’international ainsi qu’à l’accompagnement et au recrutement de candidats d’expression française », a indiqué le ministre.