Le ministre de l'Immigration Marc Miller. Crédit image: THE CANADIAN PRESS/Adrian Wyld

OTTAWA – Le gouvernement Trudeau a adopté, via décret, sa politique en immigration francophone, la rendant ainsi effective de manière immédiate.

Dans un décret du 3 janvier dernier, le gouvernement fédéral annonce la mise en vigueur de cette politique incluse dans le projet de loi C-13, la modernisation de la Loi sur les langues officielles, adoptée en juin 2023. La nouvelle Loi sur les langues officielles comporte encore plusieurs mesures qui restent à être adoptées par voie réglementaire.

Depuis, le fédéral a annoncé de nouvelles cibles en immigration francophone pour 2024, 2025 et 2026. Ottawa espère attirer 6 % de nouveaux arrivants francophones hors Québec pour 2024 et 7 % et 8 % pour les deux années suivantes. Cette politique en immigration francophone sera notamment financée par le Plan d’action sur les langues officielles, qui réserve une somme de 137,5 millions de dollars pour cet enjeu.

Le décret rappelle que la Loi spécifie l’obligation de rattraper le poids démographique des francophones hors Québec à 6,1 %, comme c’était le cas en 1971. Il est actuellement à 3,6 % selon le Recensement de 2021. Cette politique, qui n’existait tout simplement pas dans l’ancienne version de la Loi, comprend notamment des objectifs, des cibles et des indicateurs.

Recruter des enseignants et aller en Afrique

Lors de l’annonce des cibles à l’automne dernier, le ministre de l’Immigration Marc Miller soutenait vouloir « donner un coup de barre » à son ministère avant d’envisager des objectifs plus élevés, comme le demandait la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (FCFA).

« On n’a pas tous les mécanismes en place pour s’assurer qu’on puisse avoir des politiques publiques qui accueillent par exemple les enseignants d’expression francophone, les gens qui viennent de l’Afrique de l’Ouest, des gens qui viennent du Vietnam. Il y a beaucoup de sources qui sont inépuisées », disait-il en conférence de presse le 1er novembre dernier.

« Maintenant, j’ai plus de confiance qu’il y a une couple de mois et j’espère plus dans un an », ajoutait-il.

Dans une déclaration écrite, Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada a indiqué « travailler présentement sur l’élaboration de cette politique ».

Une étude du Commissariat aux langues officielles révélait que la non-atteinte des cibles en immigration francophone entre 2003 et 2021 avait contribué au déclin du français au Canada et un manque de 120 000 locuteurs du français au pays.

Les données du dernier recensement de 2021 révélaient un déclin du français parlé à l’échelle du pays. On y apprenait que bien que le français soit la première langue officielle parlée d’un nombre croissant de Canadiens, la proportion de francophones a diminué de 2016 (22,2 %) à 2021 (21,4 %).