Politique

Francophonie : Guilbeault rejette du revers de la main les critiques sur le budget

Steven Guilbeault, ministre de l’Identité et de la Culture canadiennes et ministre responsable des langues officielles, répond à une question lors de la période de questions à la Chambre des communes, sur la Colline du Parlement à Ottawa, le jeudi 12 juin 2025. LA PRESSE CANADIENNE/Sean Kilpatrick

OTTAWA — Le ministre des Langues officielles Steven Guilbeault s’explique mal les critiques que son gouvernement reçoit de la part des francophones hors Québec en réaction au budget fédéral.

« C’est un budget où la francophonie est un peu absente », constate le président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), Fabien Hébert, moins de 24 heures après le dépôt du budget fédéral.

La Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (FCFA) déplore aussi que la francophonie soit très peu mentionnée.

« On n’a pas vu d’éléments dans le budget où nous (les francophones) puissions participer à faire partie de la solution. C’est ça qui nous déçoit », avance la présidente de la FCFA Liane Roy.

« Honnêtement, je comprends mal cette sortie-là », a lancé Steven Guilbeault à ONFR avant un caucus des libéraux mercredi matin, réagissant aux propos de la FCFA.

Ce dernier soutient que « notre gouvernement fait des investissements historiques dans les langues officielles », citant notamment le Plan d’action pour les langues officielles de 4,1 milliards de dollars, annoncé en 2023.

« On a réformé la Loi sur les langues officielles, les règlements et la nomination d’un nouveau ou d’une nouvelle commissaire s’en vient », a-t-il énuméré par la suite.

« C’est la première fois dans l’histoire du pays qu’on atteint nos objectifs d’immigration francophone hors Québec, poursuit-il. On a atteint le 4 %, on est à 7 % présentement et on va être à 8 % bientôt et on veut se rendre à 12 %. Honnêtement, je comprends très, très mal cette sortie-là », a répété le ministre des Langues officielles.

L’exercice financier dévoilé mardi par le ministre des Finances François-Philippe Champagne est bien maigre pour la francophonie alors qu’aucune nouvelle mesure n’a été annoncée. Toutefois, aucune coupure portant spécifiquement sur les langues officielles ne se trouve dans le volumineux document de 458 pages.

« Allons chercher les clarifications qu’on a besoin et ensuite on pourra qualifier si elles en ont fait assez. On a de la difficulté à comprendre si les programmes francophones seront affectés ou pas », affirme Fabien Hébert en réponse aux propos du ministre Guilbeault.

L’AFO que la FCFA appellent le gouvernement Carney à préciser le détails des compressions dans les ministères suivants : Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC), Emploi et Développement social Canada et Patrimoine canadien.

« Ce sont des ministères qui vont avoir des coupes assez importantes. Est-ce qu’on va protéger les services ou les programmes en français pour monsieur et madame tout le monde? », s’interroge Mme Roy.

« C’est là que l’on reste un peu sur notre appétit, car on n’a pas ces détails-là », ajoute-t-elle.

Liane Roy, la présidente de la FCFA Source : compte Twitter Liane Roy

« Il y a des leviers intéressants, mais il manque de viande sur l’os pour bien comprendre comment ça (le budget) va venir affecter les programmes pour les francophones, soit positivement ou négativement », affirme Fabien Hébert.

Liane Roy salue toutefois les investissements annoncés pour Radio-Canada et l’augmentation du financement pour la Fête nationale de l’Acadie alors que l’AFO voit d’un bon œil la reconnaissance des titres de compétences étrangers et de nouveaux investissements en santé.