Le pavillon franco-ontarien au salon de l'innovation FrancoTech, à Paris. Photo : ONFR/TFO/Rudy Chabannes

PARIS – Immersion ce jeudi dans le salon de l’innovation FrancoTech où, à la veille du Sommet de la Francophonie, des entrepreneurs franco-ontariens créent la surprise et tentent de bâtir des relations d’affaires internationales.

Roumanie, Sénégal, Québec, Côte d’Ivoire… Pour atteindre la vitrine de l’Ontario au salon FrancoTech, il faut se frayer un chemin dans un dédale de kiosques nationaux et d’agences de développement économique où fourmillent un millier d’entrepreneurs et investisseurs francophones venus de plusieurs dizaines de pays.

Nous sommes au cœur de la Station F, un ancien dépôt ferroviaire reconverti depuis 2017 en un gigantesque campus d’entreprises en démarrage, à quelques pas de la Bibliothèque nationale de France. Pour cette toute première édition, les acteurs économiques de la province sont parvenus à s’immiscer dans la programmation pour faire connaître les avantages à commercer avec la province.

Tout autour du pavillon, visiteurs et exposants voisins découvrent pour la plupart pour la première fois la francophonie ontarienne et n’en reviennent pas. C’est pour certains une expérience aussi nouvelle qu’inattendue. « Je ne savais pas du tout qu’on parlait français en Ontario. Pour moi, la francophonie au Canada, c’était juste le Québec », lâche spontanément Xavier, un investisseur français. Et il n’est pas le seul à penser cela.

Karima Catherine-Goundiam (à droite), fondatrice de B2BeeMatch. Photo : ONFR/TFO/Rudy Chabannes

Il faut dire que l’Ontario n’a rejoint l’OIF que depuis 2018 et a attendu 2022 pour participer activement au Sommet de la Francophonie à titre de membre observateur, un titre qu’il souhaite pour l’heure conserver, malgré l’appel de la secrétaire générale à s’impliquer encore plus.

« On a encore le besoin de faire savoir aux gens à l’étranger qu’il y a des francophones au Canada à l’extérieur du Québec et, pour cette simple raison-là, notre présence est essentielle aujourd’hui », estime Dominic Mailloux, président de la Fédération des gens d’affaires de l’Ontario.

Autour de lui, des gens d’affaires aux parcours et aux horizons divers, à l’image de Karima Catherine-Goundiam, fondatrice de la plateforme de réseautage B2BeeMatch, qui défend le principal atout de l’Ontario : « On est bilingue. On est à la croisée des Amériques avec cette double culture d’une richesse incroyable. »

Catias Céméus, fondatrice de Kimdja. Photo : ONFR/TFO/Rudy Chabannes

Sa voisine Catia Céméus, fondatrice de la société d’événementiel Kimdja, acquiesce. Elle croit que cette identité a forgé « une belle communauté d’entrepreneurs francophones en Ontario qui permet de faire des connexions facilement dans l’écosystème entrepreneurial. »

Derrière elle, ses collègues de délégation accueillent à bras ouvert les visiteurs, avec à l’appui un nouveau site web déployé sur des tablettes tactiles : ontariopourvous.ca. Sa devise donne le ton : Découvrez le meilleur de l’Ontario. On y apprend les chiffres essentiels, des conseils d’installation ou tout simplement d’excursion et, surtout, comment faire des affaires en français dans la province Open for business.

« À chaque fois qu’on m’entend parler, on me demande si je viens de Montréal. Non, je viens de Toronto et les gens sont très surpris », relate Olivier Poitier, fondateur de GenTech101, une société de conseil en entreprise biomédicale. L’homme d’affaires profite de cette langue commune pour percer des marchés en Suisse, en France, en Afrique du Nord et subsaharienne.

Olivier Poitier, fondateur de GenTech101. Photo : ONFR/TFO/Rudy Chabannes

José Mafra, un autre entrepreneur, n’hésite pas à décrire FrancoTech comme « la Mecque de l’entrepreneuriat en français. Ensemble avec tous les organismes de l’Ontario, c’est excellent de tous avancer dans la même direction », dit-il au moment où la foule se densifie soudainement.

Après le premier ministre québécois François Legault une heure plus tôt, le président français Emmanuel Macron déambule à son tour dans le salon, suscitant curiosité et bousculade, et frôlant le kiosque ontarien.

Ce vendredi, Justin Trudeau, le premier ministre canadien, fera lui aussi un tour d’horizon du salon avant de partir pour Villers-Cotterêts, première étape du Sommet de la Francophonie. Francotech se poursuivra, pour sa part, pour une deuxième et dernière journée avant le clap de fin.