Bientôt une réponse pour une école de langue française au centre-ville d’Ottawa
OTTAWA – Depuis 2019, un groupe de parents s’engage activement en faveur de l’établissement d’une école francophone dans le centre-ville de la capitale. En réponse à cette demande, le Conseil des écoles publiques de l’Est de l’Ontario (CEPEO) a officiellement soumis une requête au programme des immobilisations prioritaires du gouvernement provincial afin de démarrer la construction de cette école tant attendue.
La réponse du gouvernement de l’Ontario devrait tomber durant le mois d’avril. Ce qui est attendu est un financement accordé pour la construction d’une école secondaire pouvant accueillir plus de 1000 élèves.
Mercredi soir, dans le quartier de la Petite Italie, de nombreux parents d’élèves du centre-ville se sont réunis pour discuter de ce projet. Près d’une quarantaine de parents, ainsi que le député provincial d’Ottawa-Centre, Joël Harden, le député fédéral d’Ottawa-Centre, Yasir Naqvi, le conseiller scolaire Joël Beddows et une grande partie de l’équipe du CEPEO, ont exprimé tour à tour l’urgence de disposer d’une école le plus rapidement possible.
Devant la foule de parents, Yasir Naqvi a exprimé son intention d’appuyer ce dossier qui lui est très important. « Mes enfants ont accès à une éducation francophone et il leur faudra continuer cette éducation », a-t-il dit en français.
« C’est un droit de la Charte canadienne, a-t-il ajouté. Il faut sécuriser une parcelle de terrain et je vais appuyer le CEPEO et m’entretenir avec la Commission de la capitale nationale (CCN) au sujet des Plaines LeBreton. »
Si Les Plaines LeBreton semblent être une option plutôt viable, Jennifer Larocque, mère de famille et membre du regroupement pour une école secondaire au cœur du centre-ville, explique l’engouement autour de cet espace.
« Le terrain permet de rêver, parce que c’est un développement au cœur du centre-ville qui hébergera des sites importants, possiblement un nouvel aréna pour les Sénateurs d’Ottawa, la nouvelle bibliothèque municipale, de nouvelles constructions novatrices, alors c’est la promesse d’un lieu dynamique, le tout à proximité de deux bouches sur la voie du train léger. »
D’après Mme Larocque, de nombreux partenariats peuvent être imaginés au niveau de la municipalité et des divers paliers gouvernementaux. « Nous avons hâte d’appendre ce que proposera le CEPEO quant à son entente avec la CCN, ses plans architecturaux et les échéances prévues. »
Le député provincial Joël Harden a quant à lui rappelé qu’en février dernier, la députée provinciale d’Ottawa-Ouest Nepean, Chandra Pasma, porte-parole de l’opposition officielle pour l’Éducation et lui-même, ont transmis au gouvernement une demande pour appuyer l’obtention de fonds provinciaux.
La recherche d’un lieu de transition demeure la meilleure option
À la tête de cette initiative, on retrouve plusieurs parents qui se sont formés en comité pour porter ce projet et soutenir le conseil scolaire public.
Le regroupement communautaire pour la création de cette école est né en 2019 pour établir une école secondaire dans une zone qui représente plus ou moins la circonscription fédérale d’Ottawa-Centre. Environ 40 km², dans lesquels on retrouve les quartiers du cœur de la ville, mais aussi la Petite Italie, Les Plaines LeBreton, Westboro, le Glebe ou encore Old Ottawa South.
Dans cette zone, cohabitent quatre écoles primaires francophones : l’École élémentaire catholique Saint-François-d’Assise et l’École élémentaire catholique Au Cœur d’Ottawa, du conseil des écoles catholiques du Centre-Est (CECCE), ainsi que l’École élémentaire publique Louise-Arbour et l’École élémentaire publique Charlotte-Lemieux du CEPEO.
Il n’y a cependant aucune école secondaire de langue française, mais bien sept écoles de langue anglaise dans ce secteur. L’école secondaire francophone De La Salle se trouve hors de la zone discutée, bien qu’elle soit dans la Basseville.
En attendant la construction de l’école permanente, le CEPEO et les parents d’élèves recherchent donc une solution temporaire, comme la mise en place d’une école de transition. Cette mesure viserait à assurer une rentrée scolaire, dès que possible, dans le centre-ville.
Christian-Charle Bouchard, directeur de l’éducation du CEPEO, s’est dit ouvert à divers partenariats pour l’ouverture d’une école de transition. Notamment, la possibilité de partager les locaux d’une école secondaire anglophone du centre-ville ou d’opter pour un partenariat avec le CECCE sous le même modèle du carrefour scolaire de Kingston.
« On est ouvert à explorer toutes les possibilités. »
En entrevue avec ONFR, Jennifer Larocque, membre du comité directeur du regroupement communautaire, a également émis l’idée de partager les locaux d’une école pour adultes sous-utilisés.
« Mais la meilleure solution pour l’instant serait de louer une école déjà existante. »
Selon la mère de famille, le conseil scolaire est confronté à plusieurs défis majeurs : « Il est difficile de trouver des terrains suffisamment vastes. Pour les bâtiments qui ne sont pas déjà des écoles, d’importants travaux de rénovation sont nécessaires, et l’acquisition de nouveaux bâtiments nécessite des partenariats qui prennent beaucoup de temps à mettre en place. »
Il y aurait entre 900 et 1200 élèves, dans les écoles primaires de ce secteur qui n’auront pas accès à la continuité de leur éducation en français si rien ne se passe, explique-t-elle.
Une potentielle perte de jeunes francophones
Pour les parents du centre-ville, la distance des autres écoles francophones appartenant au CEPEO et au CECCE serait un fardeau.
S’il n’existe, pour le moment, aucune estimation sur la perte d’élèves francophones vers des écoles anglaises, de nombreuses familles exogames auraient sans doute envoyé leurs enfants dans les écoles secondaires anglaises du centre-ville.
« C’est mon cas », a alors lancé une mère de famille venue assister à la rencontre.
Les écoles de langue anglaise qui proposent des programmes d’immersion en français restent une alternative pour les enfants issus de familles exogames, francophiles et anglophones qui poursuivre pourtant leur éducation en français au primaire, redoutent les acteurs de l’éducation et le groupe de parents.
À la fin de la 6ᵉ année, les parents doivent prendre la décision d’inscrire leurs enfants en anglais ou de les envoyer assez loin pour rejoindre l’école.
Du côté des écoles catholiques, le CECCE a également entrepris des démarches.
C’est par courriel que le conseil scolaire nous a informé avoir « soumis au ministère de l’Éducation un projet prioritaire pour l’établissement d’une nouvelle école secondaire catholique francophone dans le secteur d’Ottawa-Centre ».
Rappelant que « le CECCE est actuellement en mesure de répondre aux besoins des familles dans ce secteur par le biais de ses écoles secondaires situées aux environs, même s’il souhaite y installer une école secondaire afin de réduire les temps de déplacement et d’augmenter l’accessibilité ».
Enfin, la municipalité d’Ottawa sera peut-être amenée à jouer un rôle plus important maintenant que le gouvernement Ford vient de lui octroyer la somme de 543 millions de dollars pour des projets de construction.
Cependant, « la Ville brille par son absence », a fait constater le conseiller scolaire, Joël Beddows, lors de la rencontre ce mercredi soir.