Un projet de loi pour obliger le bilinguisme du poste de gouverneur général
Au lendemain du discours du Trône de Mary Simon, un sénateur veut obliger via un projet de loi la connaissance des deux langues officielles pour tout futur gouverneur général.
Claude Carignan, un sénateur québécois, a déposé le projet de loi S-220 qui viendrait modifier la loi C-419 adoptée en 2013. Intitulé Loi sur les compétences linguistiques, elle rend obligatoire la connaissance du français et de l’anglais pour certains postes dans la fonction publique :
- le vérificateur général du Canada,
- le directeur général des élections,
- le commissaire aux langues officielles du Canada,
- le Commissaire à la protection de la vie privée,
- le Commissaire à l’information,
- le conseiller sénatorial en éthique,
- le commissaire aux conflits d’intérêts et à l’éthique,
- le commissaire au lobbying,
- le commissaire à l’intégrité du secteur public
- le président de la Commission de la fonction publique.
« C’est un projet de loi qui avait passé unanimement à la chambre des Communes et du Sénat, ce qui est assez rare quand même. Les gens vont réaliser qu’à ce moment-là, on a oublié le poste de gouverneur général, mais on n’avait pas pensé qu’il y aurait un premier ministre qui oserait nommer une gouverneure générale unilingue. Donc, j’espère qu’on va avoir le même succès à ce niveau-là », avance le membre du Sénat en entrevue avec ONFR+.
Le sénateur affirme que le projet de loi était déjà dans les plans depuis la nomination de la gouverneure générale en juillet. Il l’a déposé ce mercredi au Sénat et dit déjà avoir reçu des appuis de quelques collègues.
« La problématique ne vient pas de la gouverneure générale… mais plutôt du choix du premier ministre Trudeau de nommer quelqu’un unilingue anglophone à un poste qui devrait être bilingue de coutume », déplore le sénateur Carignan.
Ce dernier avait fortement réagi après le discours mardi dénonçant que « moins de 10 % du contenu du discours du Trône » soit en français.
« C’est un des discours où il va y avoir eu la plus petite place du français dans l’histoire. C’est complètement inapproprié de ce côté-là. »
Il se dit toutefois très peu surpris de ce qui est arrivé ce mardi.
« Je m’en attendais à ce que le français dans le discours du Trône n’ait pas une place prépondérante et que son français soit laborieux. C’est complètement normal quand on nomme une personne unilingue anglophone dans un poste. On ne va pas lui demander d’apprendre une langue aussi complexe que le français en si peu de temps. »
M. Carignan énumère la récente saga d’Air Canada et la nomination d’une lieutenante-gouverneure unilingue anglophone au Nouveau-Brunswick en 2019 pour qualifier la situation du français au Canada de « critique ».
« À chaque fois qu’on laisse nos droits se faire empiéter, on perd du terrain à chaque fois sur un autre enjeu. Là, on a un très bel exemple. »
« Un bon début »
En mêlée de presse ce mercredi matin, certains ministres libéraux ont dit apprécier les efforts de Mme Simon pour prononcer son allocution dans la langue de Molière.
« Est-ce qu’on voudrait qu’elle soit parfaitement bilingue? Dans un monde idéal, oui. Elle parle déjà deux langues, elle fait des efforts, contrairement à d’autres d’ailleurs, qui n’en ont pas fait », a souligné le ministre du Patrimoine canadien Pablo Rodriguez.
Son collègue au cabinet, le député franco-albertain Randy Boissonnault a affirmé que c’était « un bon début ».
« Je pense que la gouverneure générale a indiqué clairement qu’elle va apprendre le français et c’est très important qu’on respecte les langues officielles et on avait, je pense, 19 % de son discours, et je pense qu’elle démontre beaucoup d’intérêt pour la langue officielle de Molière et des francophones (…) On va suivre de près son progrès. »
De son côté, le ministre François-Philippe Champagne n’a pas précisé si le gouvernement évaluerait la progression de l’apprentissage du français de Mme Simon, indiquant que « ça sera à elle de déterminer ça ».