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Blue Jays : les jeunes partisans francophones croient encore en leur équipe

George Sherwood a eu l'occasion d'assister à cinq matchs des Blue Jays au Centre Rogers cette saison. Photo : George Sherwood

TORONTO – Les Blue Jays de Toronto jouent leur survie dans les séries éliminatoires de la Ligue majeure de baseball face aux Mariners de Seattle, ce dimanche. Menés 3-2 en finale de la Ligue américaine, ils n’ont plus droit à l’erreur et doivent absolument s’imposer pour éviter l’élimination et ainsi disputer le match 7, décisif, lundi. Deux jeunes partisans francophones torontois de 16 ans, George Sherwood et Liam Rajab, racontent leur passion, leur stress et leur confiance avant le rendez-vous capital de ce soir.

George suit les Blue Jays depuis tout petit : « ça fait au moins dix ans », confie-t-il. 

Il se souvient encore de sa première fois au Centre Rogers avec son père, une expérience qui a cimenté son attachement à l’équipe, renforcé ensuite par les séries de 2015 et 2016.

Liam, lui, situe ses premiers souvenirs « probablement en 2014 ou 2015, mais la saison 2015-2016, c’est la première année dont j’ai des souvenirs ».

Cette année, les Blue Jays sont de retour en finale de la Ligue américaine pour la première fois depuis 2016 justement. Le jeune Torontois a remarqué un changement d’atmosphère autour de lui engendré par ce parcours aussi fantastique qu’inattendu. 

« Je sens un engouement… Les gens me demandent plus souvent qu’avant ‘Est-ce qu’ils ont gagné?’ ou ‘T’as vu ça pendant le match?’ J’entends beaucoup plus ça qu’avant », observe-t-il.

Chacun a aussi ses favoris dans l’effectif actuel. George cite d’abord le voltigeur Daulton Varsho, qu’il admire « parce que, même s’il n’est pas très grand, il est vraiment fort ». Il parle aussi avec enthousiasme du lanceur Kevin Gausman : « J’adore ses splitters et la confiance qu’il donne à l’équipe quand il joue. »

Liam, lui, opte pour Trey Yesavage, la révélation de ces séries : « Même s’il n’a pas eu une bonne performance dans le match 2, ce qu’il fait dans la grande ligue en si peu de temps, c’est vraiment fou. Tout comme son match 2 contre les Yankees, qui était aussi dingue. »

Le match 5, un coup dur à encaisser

Devant leur téléviseur, le match 5 perdu à Seattle sur le score de 6-2, alors que Toronto avait pris les devants dans la partie, a laissé un goût amer. 

« On pensait qu’on avait une vraie chance… Kevin Gausman a bien lancé, mais la décision en fin de partie nous a un peu perdus. Avec le grand chelem des Mariners, on n’avait plus vraiment la chance de revenir », raconte George.

Le jeune partisan fait référence ici à la décision controversée du gérant John Schneider de faire entrer le releveur Brendon Little en huitième manche, un choix qui a précédé le grand chelem d’Eugenio Suárez et suscité de vives critiques chez les partisans des Blue Jays.

Liam, lui, admet avoir eu du mal à digérer la défaite : « Je voulais juste éteindre la télé, dit-il. C’était frustrant, surtout après les deux victoires à Seattle. »

Confiants malgré la pression

Deux jours après cette désillusion et à quelques heures du match 6, les deux adolescents refusent de céder au pessimisme. 

« C’est victoire ou élimination pour les Blue Jays. J’ai de l’espoir et de la confiance qu’on peut revenir chez nous », lance George, conscient que son équipe devra se reprendre au Centre Rogers, après avoir perdu les deux premiers matchs de la série à domicile.

Il rappelle néanmoins que les Jays étaient l’une des meilleures équipes à la maison en saison régulière, ce qui, selon lui, leur donne un avantage à exploiter. Les Torontois avaient également battu les Yankees deux fois à Toronto lors de la série précédente en cinq manches, remportée 3-1. 

Liam avec l’uniforme des Blue Jays comme tout bon fan qui se respecte. Photo : Liam Rajab

Liam partage cet optimisme, même s’il reste prudent : « Ça me rend un peu nerveux qu’ils n’aient pas encore gagné à la maison dans cette série, mais le public peut les pousser à jouer avec le même feu que contre les Yankees. »

Pas au stade, mais bien présents

Les deux jeunes suivront le match de chez eux. 

« Je vais probablement le regarder à la maison. J’aimerais tellement y aller, mais les places sont un peu trop chères en ce moment », explique George, qui a déjà assisté à plusieurs rencontres en saison régulière. 

Les billets pour ce match 6 dépassent en effet largement les tarifs habituels : selon les sites de revente, les places les moins chères se vendent autour de 380 dollars, tandis que les sièges proches du terrain peuvent grimper jusqu’à plus de 1200.

Liam, de son côté, espère encore une petite surprise : « Peut-être que si je suis chanceux, mon père va venir et me dire ‘J’ai des billets’. On croise les doigts », lance-t-il avec un sourire. 

Faute d’aller au stade, il prévoit de regarder le match avec quelques amis, comme pour plusieurs rencontres précédentes de la série. 

« C’est devenu un peu notre rituel, alors on va garder la même formule », dit-il.

Il espère d’ailleurs pouvoir convaincre George de venir le suivre avec lui : « J’ai regardé les deux premiers matchs à Seattle avec lui et on avait gagné, alors je me dis que si on le fait encore, ça pourra peut-être donner le même type de résultats. »

Une source d’inspiration sans obsession

Au-delà de la ferveur du moment, le baseball reste pour Liam une passion parmi d’autres : « Je joue moi-même au baseball, mais je ne veux pas devenir pro. J’ai d’autres intérêts et je ne voudrais pas me concentrer seulement sur le baseball. »

George, lui, savoure simplement la saison : « Je n’avais aucune anticipation d’être même en séries… et on est presque en World Series. Je ne vais pas me plaindre de jouer en octobre. »

Le match 6 de la finale de la Ligue américaine débutera ce dimanche à 20h03 au Centre Rogers. En cas de victoire des Blue Jays, un match 7 suivra lundi à la même heure. Et si Toronto se qualifie? Ils affronteront les Dodgers de Los Angeles dès le vendredi 24 octobre pour le début des Séries mondiales.

La dernière fois que les Blue Jays ont remporté les Séries mondiales, c’était en 1993. George et Liam étaient encore bien loin d’être nés, mais ce dimanche soir, ils espèrent vivre, à leur tour, un petit morceau d’histoire.