Budget fédéral : les femmes francophones attendent de voir

Le ministre des Finances du Canada, Bill Morneau. Crédit image: Archives #ONfr

OTTAWA – Les propos du ministre fédéral des Finances, Bill Morneau, avant les Fêtes, indiquant que le prochain budget fédéral se concentrera sur l’amélioration de la situation économique des femmes, les sciences et la formation des travailleurs au marché de l’emploi ne sont pas passés inaperçus auprès de l’Alliance des femmes de la francophonie canadienne (AFFC). L’organisme demande des changements concrets.

BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet

« Nous nous préparons pour un budget qui va se concentrer clairement sur ce que nous pouvons faire pour aider tous les Canadiens, mais nous songeons de façon plus précise à la façon dont nous pourrions nous assurer d’avoir de solides perspectives pour les femmes dans notre économie. (…) Cela va être un point central dans ce que nous tentons d’accomplir », a indiqué le ministre Morneau dans une entrevue de fin d’année avec La Presse canadienne.

Bien accueillie par l’Alliance des femmes de la francophonie canadienne (AFFC), cette promesse devra s’accompagner de mesures concrètes et chiffrées.

« C’est une bonne nouvelle. Le gouvernement semble avoir le dossier à cœur, mais je veux voir les chiffres d’abord. Si ce n’est qu’une petite ligne dans le budget, ça ne résoudra rien », explique la présidente de l’organisme, Lily Crist.

L’AFFC milite pour des changements structurels afin de lutter contre les inégalités dont sont victimes les femmes.

« Il faut s’attaquer aux inégalités salariales en passant par la loi. Il y faut aussi régler les problèmes d’accès aux garderies qui pénalisent de nombreuses femmes. Si on veut leur donner les mêmes chances de réussites économiques, il faut s’attaquer à ces inégalités. »

L’exemple du Québec

Raison pour laquelle l’AFFC surveillera de près le prochain budget du gouvernement de Justin Trudeau. Un premier ministre qui, dès ses premiers pas, avait fait de la parité homme-femme une de ses priorités. Mais sur le terrain, « les bottines n’ont pas encore vraiment suivi les babines ».

« On a vu des changements par rapport au gouvernement de Stephen Harper, mais le gouvernement actuel s’attarde beaucoup sur certaines catégories de population et en oublie d’autres, comme les personnes démunies et les aînés, dont beaucoup sont des femmes. Beaucoup d’entre elles ne bénéficient pas des changements apportés. »


« Quand une femme doit rester à la maison pendant les cinq premières années de son enfant, elle ne cumule pas pour son fonds de retraite et rate des opportunités professionnelles et d’avancement. » – Lily Crist, présidente de l’AFFC


Pour faire mieux, le gouvernement pourrait, selon Mme Crist, s’inspirer de la province du Québec en matière d’accès aux garderies.

« Depuis 25 ans, les études au Québec montrent que la situation des femmes s’est améliorée grâce à un meilleur accès et à des garderies moins dispendieuses. »

Besoins spécifiques pour les francophones

Et ces garderies doivent aussi répondre aux besoins particuliers de la francophonie canadienne, au risque de pénaliser les femmes francophones, estime Mme Crist. Cette dernière insiste également sur l’importance de soutenir la formation postsecondaire en français et, de manière plus générale dans plusieurs grandes villes comme la sienne, Vancouver, de lutter contre la crise du logement.

La présidente de l’AFFC joint sa voix à celle de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada pour demander davantage de financement dans le prochain plan d’action pour les langues officielles.

« Pour les femmes francophones de l’extérieur du Québec, c’est important d’avoir des organismes sur le terrain qui répondent à leurs besoins et leur proposent des initiatives. Actuellement, beaucoup d’organismes de femmes francophones hors Québec ne reçoivent aucun soutien de Patrimoine Canada. »

Autant dire que la déclaration de M. Morneau avant les Fêtes donne de l’espoir à l’AFFC, mais l’organisme envoie au gouvernement Trudeau un message clair.

« On espère que les politiques mises en place reflèteront nos attentes et seront porteuses d’un vrai changement à long terme. Pour faire une réelle différence, il faudrait faire des investissements dans chaque budget pendant au moins 15 ans. »


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