Loi sur les langues officielles : Petitpas Taylor riposte à ses collègues anglo-québécois
OTTAWA — La ministre des Langues officielles Ginette Petitpas Taylor se dit très à l’aise avec sa réforme de la Loi sur les langues officielles, qui est l’objet de critiques au sein du caucus libéral, notamment des députés anglo-québécois. Elle rappelle que ce n’est pas l’anglais qui est menacé au pays, mais bien le français.
« Comme ministre des Langues officielles, je suis très confortable avec mon projet de loi », a lancé Ginette Petitpas Taylor lundi soir après son passage au comité sénatorial des Langues officielles.
Elle rappelle que son projet de loi vise à freiner le déclin du français au pays, comme révélé par les récentes données du Recensement de 2021 alors que l’anglais progresse.
« Le français est la langue menacée, pas l’anglais, soyons clair (…) Moi je vais de l’avant pour faire ma juste part pour m’assurer qu’on va tout faire pour protéger et promouvoir le français et faire avancer le projet de loi C-13. »
Questionnée à savoir si elle avait l’appui de Justin Trudeau pour son projet, elle a répondu « absolument ». Elle a répété, au cours de cette mêlée de presse, vouloir laisser aller le cours des travaux parlementaires au comité.
Dissidence au sein du caucus
Depuis plusieurs semaines, des députés anglophones du Québec critiquent C-13, notamment pour l’inclusion de la Loi 96 dans le projet de loi. Ces élus tentent depuis le début décembre de retirer les mentions incluses dans la mouture présentée en mars dernier. Plus récemment, c’est la députée Emmanuella Lambropoulos qui a effectué des propos erronés au sujet de la Loi 96.
Cette dernière — la même qui avait remis en question le déclin du français au Québec — affirmait que la grand-mère d’une de ses commettantes s’était vue refuser un service à la clinique de son médecin. Ce dernier parlait en anglais auparavant, mais ce n’est plus le cas depuis l’adoption de la loi québécoise, car ce docteur craint « de faire l’objet d’une plainte si elle parle une langue autre que le français à son lieu de travail », relatait Mme Lambropoulos.
« Les membres de notre caucus sont autonomes, a commenté la ministre acadienne sur les récentes sorties de ses collègues. On ne dit pas à nos députés quoi dire et quoi ne pas dire. Ils doivent quand même partager leur point de vue. »
À la période des questions lundi, le député du Bloc Québécois Mario Beaulieu avait qualifié les propos de la députée Lambropoulos « d’histoires de peur » et de « totalement ridicule ».
« La ministre va-t-elle ordonner à ses collègues d’arrêter la désinformation quand ils débattent de son projet de loi? », l’avait interrogé l’élu bloquiste.
La ministre Petitpas Taylor n’a pas mordu en ne répliquant pas directement à la question.
Vendredi, le député de Notre-Dame-de-Grâce–Westmount Marc Garneau avait critiqué que les conservateurs et néo-démocrates rejoignent le Bloc Québécois en adoptant un amendement reconnaissant que la Charte de la langue française « vise à protéger, renforcer et promouvoir cette langue ».
Ensuite, le député acadien Darrell Samson avait été le seul libéral à rejoindre les trois partis de l’opposition pour adopter un amendement visant à faire du Conseil du Trésor l’agence chargée d’appliquer la Loi sur les langues officielles. Quelques instants auparavant, le député libéral Anthony Housefather avait fait bande à part en étant le seul à s’abstenir sur un amendement — voté unanimement —, qui affirmait que la minorité anglophone du Québec et les minorités francophones des autres provinces ont des besoins différents.