
Le Canada en campagne électorale jusqu’au 28 avril


OTTAWA – C’est officiel, le Canada plonge en élections fédérales jusqu’au 28 avril prochain, jour de vote. Le premier ministre sortant, Mark Carney, a dissous le Parlement en rendant visite à la gouverneure générale Mary Simon dimanche, déclenchant ainsi une campagne électorale qui durera 36 jours.
Alors que Pierre Poilievre lançait ce marathon de plus d’un mois à Gatineau, aux abords de la Rivière des Outaouais, avec le Parlement en arrière-fond, Mark Carney franchissait quelques instants plus tard les portes de Rideau Hall pour dissoudre la Chambre des communes. Celle-ci devait officiellement reprendre ses travaux lundi, après avoir été en pause depuis le mois décembre.
« J’ai demandé à la gouverneure générale de dissoudre le Parlement et d’appeler à une élection le 28 avril et elle a accepté », a lancé Mark Carney en conférence de presse au-devant de Rideau Hall, demandant aux Canadiens « un mandat fort ».
La campagne à peine déclenchée, le chef libéral a sorti sa première promesse, celle de couper d’un point de pourcentage l’impôt pour le premier palier d’imposition des Canadiens. Selon les libéraux, cette mesure affectera 22 millions de Canadiens et permettra à certaines familles d’économiser 825 $ par an.
Avec « Le Canada d’abord pour faire changement » comme slogan, le chef conservateur Pierre Poilievre a lancé le bal de la journée, répétant son message de couper les taxes et impôts et de bâtir des logements, en plus de promettre de « tenir tête à Trump ». Ces élections risquent de se jouer sur cet enjeu, à savoir quel chef serait le mieux placé pour affronter Donald Trump.
« C’est le choix pour les Canadiens, un Trump canadien ou un gouvernement qui uni notre pays », a rapidement attaqué Mark Carney, lui qui a annoncé samedi qu’il se présenterait dans un comté de la région d’Ottawa, à Nepean. C’est avec le slogan « Un Canada fort » que ce dernier s’est envolé à Terre-Neuve-et-Labrador pour son premier ralliement de campagne.
Selon un sondage de la firme Ipsos, 48 % des électeurs favorisent M. Carney, contre 31 % pour M. Poilievre, comme meilleur négociateur contre Donald Trump. Et c’est 43 % qui estiment que le chef conservateur flancherait pour accepter n’importe quelle demande du président Trump, contre la moitié moins pour son opposant libéral Mark Carney (22 %).
« Je suis Canadien, je veux mettre notre pays d’abord, pour faire changement. Quand je dis que je veux couper les taxes et les impôts pour ramener nos emplois ici et favoriser nos travailleurs, c’est pour les Canadiens, ce n’est pas pour les Américains », se défend Pierre Poilievre.
Le chef conservateur mise donc sur le changement, arguant que « ce sont toujours les mêmes députés libéraux, les mêmes ministres libéraux, les mêmes conseillers libéraux », malgré un changement de chef.
« Quand je parle aux gens dans la rue, ils disent qu’ils ont peur de perdre leur emploi parce que notre économie est faible, après 10 ans des libéraux… Je suis le seul qui leur offre un vrai changement pour amener la promesse du Canada, pour amener nos emplois ici et promettre à nos gens d’avoir un beau futur », a-t-il lancé.
343 sièges en jeu, un de moins dans le Nord de l’Ontario
Ce sont 343 circonscriptions qui seront en jeu dans le cadre de cette 45e élection générale. Il s’agit de cinq sièges de plus qu’au moment de la dissolution du Parlement, en raison d’un redécoupage de la carte électorale d’est en ouest du pays, affectant notamment le Nord de l’Ontario.
La vaste région ontarienne se retrouve désormais avec 9 sièges contre 10 auparavant, alors que c’est le Sud de l’Ontario qui « gagne » un nouveau siège, une modification expliquée en raison des changements démographiques. Il n’y a pas de variations pour la région d’Ottawa et de l’Est ontarien en termes de nombre, mais certains comtés ont changé de nom, en plus de voir leurs délimitations être modifiées.

Le NPD en danger?
Le chef néo-démocrate Jagmeet Singh lançait aussi sa campagne dans la région d’Ottawa, sous le thème du « cœur au ventre ». Le NPD part en danger dans ces élections, avec seulement 11 % des intentions de vote, comparativement aux 18 % récoltés aux élections de 2021.
« Mark Carney a été appuyé par Donald Trump et Elon Musk a appuyé Pierre Poilievre, donc je suis le seul candidat au niveau fédéral qui est 100 % non appuyé par la formation de Donald Trump », s’est vanté M. Singh dans le but de se distinguer de ses opposants, accusant Mark Carney et Pierre Poilievre d’être du côté des « ultras riches ».
Les Verts misent de leur côté sur le courage qu’il est nécessaire d’avoir face à la situation actuelle, au niveau de la crise écologique et de la guerre tarifaire, ont plaidé les co-chefs Jonathan Pedneault et Elizabeth May.