Cap sur Carlsbad Springs, un ancien village toujours debout
[VIRÉES D’ÉTÉ]
CARLSBAD SPRINGS – La réputation de cet ancien village et son évolution dans le temps vont en étonner plus d’un. Devenu un quartier d’Osgood, lui-même un quartier de la Ville d’Ottawa, Carlsbad Springs semble en continuelle transformation. La résilience de ses habitants et la nature qui l’entoure en font un lieu surprenant.
Il est d’ailleurs difficile de situer les limites de ce quartier situé à environ 20 kilomètres du centre d’Ottawa. Son histoire montre à quel point il a été un lieu de prestige.
Connu sous le nom de « Cathartic » dans les années 1860, en raison des supposées qualités curatives de ses eaux, Carlsbad Springs possédait plusieurs sources d’eau, tourbières et autres ruisseaux. Son eau salée contenait du soufre et plusieurs sources contenaient du gaz naturel.
Au début de la grande ère ferroviaire qu’a connu le Canada, les visiteurs de Montréal, Ottawa et même d’Europe convergeaient ici pour soigner leurs maladies, des troubles tels que le rhumatisme, des problèmes dermatologiques, gynécologiques, neurologiques ou encore digestifs. Plusieurs hôtels de cures thermales accueillaient les curistes venus du monde entier pour séjourner dans ce lieu atypique.
Un lieu apprécié de John A. Macdonald
Cathartic est devenu Carlsbad Springs au début du 20ᵉ siècle. Si ce nom lui a été attribué, c’est qu’au début des années 1900 les aristocrates d’Europe centrale ne juraient que par la source naturelle de Karlsbad en Tchéquie. Avant ça, la municipalité avait changé de nom, deux fois : d’abord appelée Body’s Mill, puis Eastman Springs.
Durant cette période prospère, Carlsbad Springs était – selon les rumeurs locales – un lieu de prédilection de John A. Macdonald, le tout premier premier ministre du Canada (1867 à 1873, puis de 1878 à 1891). John Fondateurs de la Confédération, il est considéré aujourd’hui comme une des figures dominantes de la politique canadienne.
D’un village champignon à une ville-dortoir
Au début des années 1860, ce village champignon très populaire a connu un certain essor économique. mais de nombreux incendies ont plus tard fait disparaitre ses hôtels et cures thermales, tandis que la Seconde Guerre mondiale mettait un terme à l’engouement touristique.
La médecine avait également progressé, réduisant ainsi le besoin pour les clients de se rendre aux bains thermaux. En 1953, le journal Ottawa Citizen parlait d’un taux de radioactivité dans les eaux du village.
Toujours d’après le Ottawa Citizen, dans un bulletin de 1974, dans un projet fédéral-provincial, le gouvernement prévoyait la construction de 100 000 logements d’ici à 1990. Le gouvernement voulait faire de Carlsbad Springs une ville-dortoir, satellite d’Ottawa.
Une population francophone
D’après ses résidents, le village comptait près de 84 % de francophones pour moins de 1000 habitants, en 2011. Statistique Canada, en entrevue avec ONFR+, a indiqué ne pas pouvoir confirmer ni infirmer ces données.
Aujourd’hui, Carlsbad Springs se situe – depuis octobre 2022 – dans le quartier d’Osgood. Avant les dernières élections municipales, le quartier faisait partie d’Orléans-Cumberland.
Osgood est un quartier, a priori, majoritairement anglophone. Mais, dans l’ancien village qui possède 690 maisons, plusieurs lignées de familles francophones ne sont jamais parties. La population de Carlsbad Springs serait d’environ 2000 habitants aujourd’hui et, selon la présidente du Club optimiste, Lucie Régimbald, le quartier serait à 40 % francophone.
Dans l’ancien village, la communauté francophone reste vivante puisqu’en plus du Club optimiste, on y trouve un centre communautaire francophone et la radio communautaire bilingue CJRO. L’école francophone, elle, a disparu depuis longtemps.
La Ceinture de verdure
La Ceinture de verdure d’Ottawa, qui s’étend sur 20 000 hectares, atteint aussi Carlsbad Springs. Cette immense zone de verdure a été créée dans les années 1950, afin de protéger les régions rurales comme Carlsbad Springs contre l’étalement urbain. On y trouve l’aire de conservation de la Mer Bleue de 3 500 hectares et une tourbière de 7 700 ans.
Ce quartier d’Ottawa fait donc partie des nombreuses zones humides de la région. Son sol en argile ne peut pas supporter de bâtiments lourds, même si l’appétit des promoteurs demeure. Parmi les grands projets de construction, est sorti de terre un entrepôt Amazon en 2018, tandis qu’un projet de méga-dépotoir est à l’œuvre depuis 2016. En 2022 et 2023, un nouveau concept a été validé par la Ville d’Ottawa : la construction d’une collectivité de 45 000 logements via le projet très controversé de Tewin.
Un terrain réglementé par la FIFA
Né d’un investissement de 2,5 millions de dollars, un terrain de soccer ultramoderne a vu le jour au printemps 2022. Conforme aux règlements de la Fédération sportive internationale du football (FIFA), ce terrain accueille régulièrement des équipes locales voire étrangères qui s’y entrainent dans d’excellentes conditions. Des joueurs internationaux comme Jonathan David auraient déjà foulé le gazon taillé au millimètre de ce terrain nommé Julian-de-Guzman, en référence au joueur international canadien Julián Bobby de Guzmán, originaire de Toronto.
Tout au long des mois de juillet et août, Virées d’été vous emmène dans des villages et recoins inattendus de la francophonie ontarienne. Une série à découvrir sur notre site web et nos réseaux sociaux.