Ces Franco-Ontariens séduits par Donald Trump
Joe Biden ou Donald Trump? Les paris sont lancés à quelques heures d’un scrutin présidentiel historique qui fascine le monde entier. ONFR+ a rencontré des partisans franco-ontariens de l’actuel président américain. S’ils étaient citoyens américains, leur vote irait à l’homme d’affaires.
Acteur et cascadeur originaire de Marionville dans l’Est ontarien, André Givogue est séduit par le style Trump. Et ne le cache pas. « Je suis en arrière de lui. Il a tout viré à l’envers. Les gens étaient auparavant tannés d’entendre des promesses dont ils n’ont jamais eu les résultats. Il dit sa façon de penser, il n’y va pas par quatre chemins! »
Plus qu’un style, ce sont les idées qui plaisent aussi à M. Givogue.
« Il a toujours dit : les États-Unis en premier. Il est là pour eux et les représenter à la table. Il est indépendant et n’est pas achetable. »
Un son de cloche sensiblement le même pour Pierre Kasonga, Franco-Torontois d’origine congolaise.
« Ce qui me plaît chez Trump, c’est qu’il défend une politique de la souveraineté des nations. Je suis pour les unions des nations, mais pas pour un gouvernement mondial. »
Et de poursuivre : « Je regrette que le Canada n’ait pas un politicien de cette trempe, qui mette les intérêts de la nation au-dessus. Un pays est une identité et doit se développer sur des bases solides. Au Canada, c’est malheureux de le dire, il n’y a pas un leadership assez solide à la Trump pour défendre nos intérêts. »
Critique des médias traditionnels
M. Kasonga n’est donc pas représentatif de l’électorat noir américain. Aux dernières élections présidentielles en 2016, 88 % des votants noirs avaient choisi la candidate démocrate Hillary Clinton, contre seulement 8 % pour Donald Trump.
« Il a fait beaucoup de travail pour la communauté noire, surtout en République démocratique du Congo », justifie le Franco-Torontois.
« Depuis son arrivée au pouvoir en 2016, Donald Trump a envoyé deux fois son représentant pour pousser le président [Joseph Kabila] à renoncer au pouvoir et assurer la transition. Quand le nouveau président [Félix Tchisekedi] a été élu, il est allé à Washington. L’administration Trump tient vraiment à la stabilité au Congo, dans la région des Grands Lacs. »
Barack Obama? La voix de M. Kasonga se crispe.
« Je l’avais soutenu lors de son élection en 2008, mais il n’a pas fait ce qu’il devait faire, et je ne l’ai pas soutenu pour le deuxième mandat. L’approche d’Obama pour l’Afrique m’avait déçu. Il a poursuivi les guerres commencées par George Bush, et, à la grande surprise, a commencé une guerre en Libye, ce qui a affaibli l’Afrique et déstabilisé le système. Croyez-moi, de grosses communautés noires aux États-Unis sont dans la campagne avec Trump. Les médias traditionnels doivent arrêter cette histoire d’un vote des Noirs acquis aux démocrates. »
Les médias traditionnels sont responsables du chaos, renchérit M. Givogue.
« Les médias ne sont pas contents quand les gens viennent déranger l’establishment. De plus en plus de monde regardent les médias alternatifs, c’est pour ça que certains médias sociaux commencent à faire de la censure. Ils veulent contrôler le narratif. On devrait débattre, et laisser l’option des commentaires ouverte, ce que les mainstream medias ne font pas toujours. »
Dans un article publié ce mardi, ONFR+ avait donné la parole à plusieurs francophones installés en Louisiane, dont Jonathan Royer, un Franco-Ontarien originaire d’Ottawa. Bien qu’il n’ait pas la citoyenneté américaine, cet enseignant en éducation physique se disait convaincu par les compétences économiques de M. Trump et sa volonté de rendre le système d’immigration « plus égal ».
Les Américains plus à droite que les Canadiens
Mais nos intervenants font figure d’exceptions. Il y a quelques jours, un sondage réalisé par Léger et l’Association d’études canadiennes révélait que 80 % des Canadiens souhaitaient une victoire du candidat démocrate, Joe Biden.
Pour Emily Wills, politologue à l’Université d’Ottawa, spécialiste des questions internationales, les Canadiens de « tous les partis politiques » sont plus proches du Parti démocrate.
« Les républicains aux États-Unis sont beaucoup plus à droite que les conservateurs au Canada, que ce soit économiquement, mais surtout socialement. À cette différence au niveau des idées, s’ajoute que les États-Unis ont un fort ressentiment envers les partis politiques, la centralisation du pouvoir, et un idéal de la liberté très prononcé, que nous avons moins au Canada. »
En dépit de la défiance d’une grande partie des Canadiens vis-à-vis de M. Trump, la politologue ne sous-estime pas la séduction qu’il exerce chez une minorité.
« Il y a style Trump, un peu agressif, qui parle d’une nation forte qui plaît effectivement à un certain électorat. Cependant, je ne crois pas que nous verrons un Trump émerger au Canada, du fait de notre culture politique très différente. On peut tout de même voir que Doug Ford a utilisé une stratégie électorale semblable à M. Trump pour devenir premier ministre de l’Ontario. »
Quant au dénouement du scrutin de ce soir, les partisans de M. Trump sont catégoriques.
« Trump va gagner par un landslide et les gens qui écoutent seulement les mainstream medias vont encore se demander pourquoi et comment », prédit André Givogue.
Même intuition du côté de M. Kasonga.
« Ceux qui font les sondages disant que M. Biden est en tête sont des gens cachés derrière les ordinateurs, mais qui ne sortent pas. Tout cela me rappelle les élections contre Hillary Clinton, en 2016. Sur le terrain, les vidéos nous prouvent que les partisans de Donald Trump sont là. Il va passer! »