Cinq questions après le refus du gouvernement de financer l’Université de Sudbury
SUDBURY – Dix jours après l’annonce du refus du gouvernement ontarien de financer l’Université de Sudbury, au-delà de la déception, de nombreuses questions demeurent. Voici des pistes de réponses à cinq questions que vous risquez de vous poser sur la situation à Sudbury.
Pourquoi un tel refus?
La raison invoquée par le ministère des Collèges et Université est que la demande de l’établissement « ne correspond pas à la demande actuelle et aux tendances relatives aux inscriptions, ni à la capacité actuelle des établissements postsecondaires existants à offrir une programmation en langue française dans le Grand Sudbury et aux quatre coins de l’Ontario ».
L’idée selon laquelle la programmation de l’Université Laurentienne, le Collège Boréal et d’autres institutions francophones de la province feraient concurrence à l’Université de Sudbury est aussi une raison mise en avant par le gouvernement.
Pourquoi cette annonce a pris de court les partisans du projet?
En plus du fait que l’annonce soit tombée un vendredi en toute fin de journée, à la veille du jour du Canada, cette nouvelle a surpris car les acteurs principaux du projet s’attendaient à une réponse, a fortiori positive, pour cet automne.
Dans son communiqué la semaine dernière, l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) regrette également que « la direction de l’Université de Sudbury n’a même pas eu le temps d’annoncer la nouvelle à son équipe et à son conseil de gouvernance avant qu’elle ne soit rendue publique par le gouvernement ». La nouvelle a aussi surpris le gouvernement fédéral, un bailleur de fonds dans le projet.
S’agit-il d’une décision finale?
C’est une question qui est sur toutes les lèvres des intervenants dans le dossier. Est-ce que la décision de l’Ontario est ferme et sans équivoque? Déjà, le gouvernement fédéral tente sa chance alors que la ministre des Langues officielles Ginette Petitpas Taylor demande à ses interlocutrices ontariennes Caroline Mulroney et Jill Dunlop, respectivement ministre des Affaires francophones et ministre des Collèges et Universités, de s’assoir avec elle pour trouver une solution.
Le recteur Serge Miville a publié des vidéos au cours des derniers jours pour réitérer son intention de « ne pas lâcher » et a fait savoir qu’il s’était entretenu avec la Fédération de la jeunesse franco-ontarienne (FESFO) et travaillait avec des jeunes pour bonifier davantage le projet de l’université.
Quelles sont les marges de manœuvre de l’Université après ce revers?
Le recteur Miville a indiqué qu’il y aura d’autres discussions avec le Ministère afin de clarifier les doutes autour de la pertinence et du plan de l’établissement. Comme pour le coup d’éclat de l’administration Ford qui avait annulé le projet de l’Université de l’Ontario français (UOF) en 2018, les acteurs du projet de l’Université de Sudbury espèrent que le gouvernement Ford reviendra sur sa décision.
L’AFO a, de son côté, transmis dans les derniers jours une demande de rencontre urgente avec la ministre des Collèges et Universités, Jill Dunlop, « pour avoir des réponses à ses nombreuses questions » et dit « envisager tous les moyens nécessaires » pour renverser cette décision.
Que va-t-il se passer prochainement?
Pour le moment aucune manifestation en tant que telle n’est prévue, mais le recteur Serge Miville, la Coalition nord-ontarienne pour une université de langue française (CNOUF) et l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) ont tous laissé entendre qu’ils se réuniraient au plus vite afin d’étudier les options pour déterminer les prochaines actions.
Le Nouveau Parti démocratique (NPD) via la députée franco-ontarienne France Gélinas a lancé, en compagnie d’autres élus néo-démocrates, une pétition en ligne afin de recueillir des signatures des partisans du projet de l’Université de Sudbury. Elle compte la présenter au retour en chambre à Queen’s Park à la fin septembre.