Université de Sudbury : Ottawa « a partagé ses inquiétudes » à Mulroney

Source: compte Twitter de Caroline Mulroney

Le fédéral veut inviter le gouvernement Ford à entamer des discussions dès maintenant pour trouver une solution au financement du projet de l’Université de Sudbury après que ce dernier ait annoncé la semaine dernière qu’il ne le financerait pas.

« J’ai été très surprise de l’annonce, surtout en fin de journée à la veille de la fête du Canada », ne cache pas d’entrée de jeu la ministre des Langues officielles Ginette Petitpas Taylor en entrevue.

Elle affirme avoir eu des discussions dans les derniers mois, autant avec la province qu’avec les dirigeants de l’institution francophone, et qu’à aucun moment elle n’a senti une telle nouvelle venir.

Cette dernière était avec ses homologues des provinces et territoires à Vancouver cette semaine où s’est tenu le Conseil des ministres sur la francophonie canadienne (CMFC). Elle confirme avoir abordé le sujet avec la ministre des Affaires francophones Caroline Mulroney qui était présente.

« J’ai partagé les inquiétudes du fédéral par rapport à la décision, mais on ne peut pas être tout seul », soutient-elle.

Si elle n’a pas voulu révéler la nature des discussions lors de cette rencontre bilatérale, Mme Petitpas Taylor ajoute qu’elle n’a pas senti une fermeture de la part de Mme Mulroney dans le dossier. Cette dernière n’a toujours pas commenté la situation et n’était pas présente vendredi lors de la conférence de presse de clôture de la conférence ministérielle.

Ginette Petitpas Taylor avance qu’elle veut trouver une solution rappelant que son gouvernement a dépensé jusqu’à présent deux des cinq millions de dollars promis pour l’institution, et ce à la demande de la ministre Jill Dunlop.

« Le fédéral sera toujours à la table des discussions mais, encore une fois, on ne peut pas agir tout seul. On est prêt, mais on a besoin qu’il (l’Ontario) vienne à la table », insiste-t-elle.

La ministre des Langues officielles Ginette Petitpas Taylor lors d'une annonce à l'Université de Sudbury.
La ministre des Langues officielles Ginette Petitpas Taylor lors d’une annonce à l’Université de Sudbury. Crédit : Dominique Demers

Croit-elle que le gouvernement ontarien voit cette annonce comme une stratégie pour que le fédéral vienne financer une partie du projet comme dans le cas de l’Université de l’Ontario français (UOF)? « Non, je n’ai pas senti ça du tout. »

En 2018, dans ce qui avait été considéré comme le Jeudi noir de l’Ontario français, le gouvernement Ford avait enterré le projet de l’UOF. Il avait fallu attendre 2021 pour que les deux paliers de gouvernement concluent une entente pour concrétiser l’institution torontoise. L’entente stipule notamment que le fédéral débourse 100 % des coûts (63 millions de dollars) pour les quatre premières années.

« On a été clair dans notre Plan d’action : on reconnaît l’importance d’appuyer les institutions postsecondaires en milieu minoritaire. Si on veut appuyer la vitalité des communautés, on doit appuyer ces institutions-là et on va continuer à travailler avec les gouvernements pour les appuyer », souligne la membre du gouvernement Trudeau.

Elle n’est pas la seule à avoir parlé de l’Université de Sudbury avec Mme Mulroney. C’est aussi le cas de Jean-François Roberge, ministre des Relations canadiennes et de la Francophonie canadienne à Québec.

« J’ai eu la chance de parler avec la ministre Mulroney de plusieurs sujets, notamment l’immigration, les services en français et le soutien que peut apporter le Québec à toutes les communautés francophones à travers le Canada… Nous, on est là pour soutenir les communautés lorsqu’elles lèvent la main et qu’elles ont besoin de soutien… Évidemment on respecte les décisions de nos collègues des gouvernements provinciaux », a-t-il commenté en conférence de presse.

Dans une lettre partagée aux médias, le ministère des Collèges et des Universités expliquait « que la proposition de l’Université de Sudbury, y compris la demande de financement visant à créer une université autonome de langue française, ne reflète pas la demande actuelle ni les tendances en matière d’inscription ».

Avant même l’annonce, le gouvernement fédéral s’était toujours dit ouvert à une entente avec l’Ontario pour ce projet d’établissement francophone dans le Nord de la province.