Postsecondaire à Sudbury : Ottawa ouvert à une entente avec l’Ontario

La ministre des Langues officielles, Ginette Petitpas Taylor en entrevue avec ONFR+. Crédit image: Stéphane Bédard
La ministre des Langues officielles, Ginette Petitpas Taylor. Crédit image: Stéphane Bédard

OTTAWA – À l’image de l’entente conclue en 2019 avec l’Université de l’Ontario français (UOF), le gouvernement Trudeau ouvre la porte à une entente avec l’Ontario pour une université francophone dans le Nord de l’Ontario.

« On est prêt à travailler avec l’Ontario et on est prêt à travailler avec eux pour en venir à une entente », affirme la ministre des Langues officielles, Ginette Petitpas Taylor, en entrevue avec ONFR+ au lendemain du dépôt du projet de loi C-13.

En 2019, sa prédécesseure, Mélanie Joly, avait conclu un accord avec le gouvernement Ford. Ottawa s’est engagé à payer 63 millions de dollars dans les quatre premières années avant que la province ne prenne le relais, pour la même somme lors des quatre années suivantes.

Dans une tourmente depuis un peu plus d’un an en raison des coupures à l’Université Laurentienne, la question des programmes en français est sur la table alors que l’Université de Sudbury attend le financement nécessaire pour devenir une vraie institution, près d’un an après sa transformation. En juin 2021, le gouvernement fédéral avait déjà signalé son intention de donner cinq millions pour une solution universitaire dans le Nord de l’Ontario.

« Pour l’enveloppe qui est sur la table, il y a toujours de la flexibilité avec ce qu’on peut faire. C’est une compétence provinciale, mais le gouvernement prend sa responsabilité aussi, car on veut être là et on reconnaît l’importance. J’ai eu la chance de parler avec (la ministre des Collèges et Universités) Mme Dunlop récemment et je suis prête à travailler avec elle », entrouvre Mme Petitpas Taylor.

L'Université de Sudbury dans le Nord de l'Ontario
L’Université de Sudbury dans le Nord de l’Ontario. Crédit image : Pascal Vachon

La députée de Moncton–Riverview–Dieppe dit comprendre l’importance d’une université dans une communauté, citant l’exemple de l’Université de Moncton, son « vécu au quotidien chez nous ». Elle rappelle les 121 millions prévus dans le budget pour les établissements en milieu minoritaire dont les enveloppes devraient commencer à être distribuées dans les prochaines semaines.

« On avait clairement dit dans le budget de 2021 qu’on voulait appuyer les institutions postsecondaires en milieu minoritaire. Mais comme vous savez bien, je suis prête à travailler avec la province, car c’est eux qui font la demande au niveau fédéral », répète-t-elle.

Lors de la dernière campagne électorale, les libéraux avaient ouvertement appuyé un projet d’université de langue française à Sudbury, comme celui de l’Université de Sudbury.

Au bureau de la ministre des Collèges et des universités de l’Ontario Jill Dunlop, on dit vouloir continuer à supporter de « solides options pour le postsecondaire dans le Nord pour les étudiants » .

« Nous avons eu des conversations productives avec le gouvernement fédéral et des représentants de l’Université de Sudbury. Nous poursuivons notre travail pour nous assurer que l’Ontario possède l’un des secteurs les plus solides dans le postsecondaire en français au Canada. »

Justin Trudeau lors de son discours à l'Université de Sudbury en campagne électorale en août dernier
Justin Trudeau lors de son discours à l’Université de Sudbury en campagne électorale en août dernier. Archives ONFR+

Modernisation de la Loi sur les langues officielles

Ginette Petitpas Taylor est revenue sur son projet de loi C-13 présenté mardi. Si les oppositions ne sont pas très chaudes avec le projet de loi actuel, elle assure que les demandes qu’avait l’opposition avant son dépôt se retrouvent dans C-13. Elle souligne vouloir franchir les bancs de la Chambre des communes pour faire passer sa nouvelle loi.

« Je ne vois pas ça comme un dossier politique. Je suis peut-être naïve en disant ça mais, pour moi, les langues officielles sont la réalité du quotidien, alors je veux m’assurer qu’on va tout faire pour protéger ça. J’ai hâte de travailler avec mes partenaires en Langues officielles (…) C’est un dossier que je tiens à cœur personnellement et c’est pour ça que je pense qu’on a livré la marchandise pour avoir un projet de loi avec du mordant. »

Concernant les pouvoirs accordés au commissaire aux langues officielles, la ministre assure que c’est un ensemble de mesures qui vont faire la différence et non seulement l’ajout des sanctions pécuniaires à coup de 25 000 $ maximum par infraction.

« En ce moment, le commissaire peut faire une enquête et il peut faire un rapport. Avec C-32, on va plus loin, on parle de médiation, des pouvoirs d’ordonnance et la question des sanctions administratives pécuniaires. Mais les pouvoirs d’ordonnance font souvent beaucoup plus de tort qu’une amende. »

« Inquiétant » le dossier des étudiants africains

La ministre refuse de dire si la cible de 4,4 % en immigration francophone se doit d’être augmentée, mais admet que les projections au cours des prochaines années sur le taux de la population francophone hors du Québec constituent un drapeau rouge. Elle dit vouloir mettre en place une stratégie ambitieuse en immigration francophone.

« Je le sais en tant que députée à Moncton, la demande pour des immigrants francophones est grande et ça va faire partie de notre travail à faire. »

La ministre des Langues officielles Ginette Petitpas Taylor.
La ministre des Langues officielles, Ginette Petitpas Taylor, en conférence de presse à Grand Pré pour annoncer la réforme de la Loi sur les langues officielles. Gracieuseté

Jugeant que c’est une « problématique inquiétante », elle affirme aussi que le ministre de l’Immigration Sean Fraser va s’atteler au dossier des étudiants francophones d’Afrique refusés à des taux élevés.

Sur le dossier des clauses linguistiques, Mme Petitpas Taylor pointe le renforcement des mesures dites positives que le fédéral doit prendre pour protéger les communautés francophones et les rôles accrus du Conseil du Trésor.

« Quand on dit que le gouvernement doit faire l’analyse de toutes les décisions qui vont avoir un impact sur les communautés francophones en milieu minoritaire, ce n’est pas juste les ententes. Ce sont toutes les décisions que le gouvernement prend. Dans notre projet de loi, on parle clairement de bien définir les mesures positives pour voir ce que le gouvernement peut faire pour répondre aux besoins des communautés. »