Cinquante jeunes leaders francophones des Amériques réunis à Ottawa
OTTAWA – Des francophones et francophiles de 18 à 35 ans des quatre coins du continent se réunissent tout au long de la semaine pour le sixième Forum des jeunes ambassadeurs de la francophonie des Amériques, à l’Université Saint-Paul.
Sélectionnés par le Centre de la francophonie des Amériques comme ambassadeurs de la francophonie, les 50 candidats seront portés à réfléchir à la langue de Molière d’aujourd’hui et de demain, au cours de formations sur le leadership et l’identité.
En plus de participer à six conférences, gratuites et accessibles au grand public, et à des activités multiples, le contexte de rencontre du Forum est propice à « tisser des liens et apprendre à connaître des gens avec des réalités et défis similaires, d’en jaser, et de créer des amitiés et réseau », explique Flavie-Isabelle Hade, directrice générale adjointe et directrice de la programmation.
« En francophonie canadienne, on parle souvent de l’isolement, le territoire est très grand. (…) Imaginez quand on parle au niveau continental! », souligne-t-elle en entrevue avec ONFR+.
Selon elle, la formule et le lieu de l’édition de cette année sont bonifiés, dans le contexte franco-ontarien dans lequel le tout se déroule.
Rencontres et anticipations
Parmi les 500 personnes ayant postulé, Mélina Leroux, Scott Tilton et Chantal Conception Arellano Pena font partie des candidats sélectionnés.
Pour Mélina Leroux, directrice générale de la Fédération de la jeunesse franco-ontarienne (FESFO), le chemin vers le Forum n’est pas long à faire. Originaire de l’Est ontarien, elle a travaillé dans plusieurs villes à travers l’Ontario.
Dans le cadre du Forum, cette dernière aimerait discuter de ses propres questionnements en tant que gestionnaire en contexte francophone minoritaire avec des gens venus de différents domaines et contextes francophones.
« À travers mes différentes expériences, j’ai croisé des gens et vécu des choses, je finis toujours par m’arrêter puis me demander : « Mon identité à l’air de quoi? » »
Les adolescents, avec lesquels elle travaille quotidiennement, portent selon elle les mêmes questionnements identitaires. Exposée au « terrain » de la réalité langagière des jeunes, Mélina Leroux souhaite transmettre ses observations.
« C’est beau qu’on soit des adultes et qu’on rêve d’avenir, mais il manque des gens à cette table-ci », exprime-t-elle.
Un désir de collaborations
Scott Tilton, directeur et co-fondateur de la Fondation Nous, située en Louisiane, exprime quant à lui être très excité de traverser la frontière vers le Canada pour la première fois. Il affirme vouloir en apprendre davantage sur les perspectives du Québec et du Canada, qu’il considère comme des phares de la francophonie des Amériques.
Avec son organisme, ce dernier a notamment lancé et piloté une initiative faisant adhérer la Louisiane à la francophonie en 2018. « On s’est rendu compte qu’il y avait énormément d’acteurs, surtout de la jeunesse et de la société civile, qui voulaient des ressources pour monter des projets en français et en créole », soulève-t-il.
Affecté par la réalité fragmentaire de la francophonie aux États-Unis, le jeune entrepreneur souhaite établir des connexions, des collaborations et améliorer les pratiques pour le développement de son organisme et de lui-même, dans le cadre du Forum.
Les objectifs sont similaires du côté de Chantal Conception Arellano Pena, qui travaille d’une part comme professeure de français et d’autre part en tant que coordinatrice du programme de français proposé par l’Université de Guadalajara, au Mexique.
« Nous sommes entourés de territoires francophones en Amérique du Nord » – Chantal Conception Arellano Pena
« Nous sommes (…), sans toujours le savoir, entourés de territoires francophones, en Amérique du Nord, Caraïbes, Amérique du Sud, et plus loin, en Europe, Afrique et Asie. Le français est une des langues les plus parlées du monde, et surtout, une des langues de travail les plus utilisées au monde, notamment en Afrique ou dans les grandes institutions internationales », renchérit-elle
L’académicienne souhaite apporter son expérience à la discussion, surtout dans le contexte mexicain où la francophonie est incertaine, quoique croissante en termes d’opportunités, comme elle l’explique. « Par exemple, l’évolution de notre pratique académique à la suite de la pandémie, ou nos efforts pour faire entrer la francophonie dans la vie de nos étudiants et les inviter à maintenir un lien avec le monde francophone après avoir conclu leur apprentissage. »
Chantal Conception Arellano Pena affirme qu’Ottawa est une ville clé pour comprendre le lien entre la langue française et les identités francophones « dans un pays qui incarne le bilinguisme et l’ouverture aux autres ».
Article réalisé par Emmanuelle Gingras