Début du festival Les vieux m’ont conté à Sudbury
SUDBURY – Le festival Les vieux m’ont conté débute aujourd’hui à Sudbury. Jusqu’à dimanche, c’est l’occasion de découvrir le conte, un art ancestral et pourtant méconnu. Coup d’œil sur la programmation de cette septième édition.
Organisé par le Centre franco-ontarien de folklore (CFOF), le festival Les vieux m’ont conté veut mettre de l’avant le patrimoine oral de l’Ontario francophone. La majorité des conteurs participants proviennent de différents coins de la province, mais on invite aussi des artistes du Québec et d’ailleurs dans le monde.
Chaque année, les organisateurs ajoutent un thème à ce titre évocateur. En 2023, Les vieux m’ont conté… leurs héritages. En entrevue avec ONFR, le directeur général du CFOF, Patrick Breton, explique pourquoi le mot héritage est au pluriel : « Ça peut être aussi simple que tu as l’héritage de ton père et l’héritage de ta mère, comme tu peux venir d’un autre pays et avoir l’héritage canadien et ton héritage d’origine. »
C’est avec ce thème en tête qu’on découvrira, par exemple, Marta Saenz de la Calzada, Québécoise et Espagnole, ou Pascal Guéran, Belge et Japonais. La programmation veut aussi refléter l’Histoire de l’Ontario, comme le souligne Patrick Breton.
« Il y a un vieux dicton qui dit : il faut savoir d’où on vient pour savoir où l’on s’en va. C’est un peu l’idée. Le début du festival va chercher le côté autochtone. Ensuite, on intègre des gens de différentes nationalités. »
Les vieux m’ont conté… leurs héritages s’ouvre sur un atelier ouvert au public, mais dirigé vers les conteurs eux-mêmes. Daniel Richer, conteur Wabanakis, leur donnera des outils pour intégrer des éléments autochtones à leurs histoires sans faire d’appropriation culturelle.
Celui qui est aussi crieur public fait également partie de la distribution du Cercle métissé, l’événement du mercredi soir. Ce spectacle alliant musique et contes traditionnels autochtones réunit aussi Christian Pilon, Michel Paiement et Mélanie Smits.
Un art méconnu
Le festival Les vieux m’ont conté attire entre 250 et 300 spectateurs par année, de 30 à 40 personnes par activité. Si cela paraît peu, le nombre de gens par spectacle est semblable à ce qu’on trouve dans d’autres festivals de contes, même dans les grandes villes comme Montréal. Selon Patrick Breton, « c’est encore quelque chose que les gens sont en train de découvrir. Je remarque qu’il y a toujours une nouvelle clientèle, qui augmente tranquillement ».
Il explique que des préjugés persistent, malgré la popularité de conteurs comme Fred Pellerin ou Boucar Diouf. « Les gens ont encore l’idée que, quand on parle de contes, c’est Blanche Neige et les sept nains. »
Le but est d’attirer les gens une première fois, pour que certains aient la piqûre et qu’une clientèle fidèle s’établisse peu à peu.
« C’est un monde à découvrir. Ce n’est pas de l’impro. Ce n’est pas du théâtre. Avec le conteur, tu as une relation directe. Et tous les contes vont avoir une morale, mais tu vas chercher la morale que tu veux. »
Des activités originales
Le festival propose différentes façons de découvrir cet art vivant. La randonnée contée permet de se dégourdir les jambes tout en écoutant une demi-douzaine de conteurs professionnels.
L’activité Crêpes et contes permet aux familles de déjeuner en écoutant des histoires pour enfants à prix abordable. Les conteurs donnent aussi des trucs aux parents pour raconter eux-mêmes des histoires à leurs enfants. L’activité se déroule à Science Nord et le prix comprend le billet d’accès pour la journée.
L’apéro conté, une nouveauté, permettra d’assister à près de deux heures de contes en sirotant un verre au Bistro de la Place des Arts. L’artiste en vedette est le maître-conteur Pascal Guéran. De passage à Sudbury plus tôt cette année alors que le CFOF accueillait le congrès de l’organisme Conteurs du Canada, le belgo-japonais a lui-même tâté le terrain pour faire partie du festival. Patrick Breton s’est empressé de lui faire une place.
En plus de l’apéro conté, Pascal Guéran donnera également un atelier destiné aux conteurs et participera à la randonnée contée et au marathon du conte. Cette dernière activité permet aux gens de découvrir rapidement plusieurs styles, alors que les artistes s’enchaînent pour présenter de courtes histoires.
Pour les Sudburois et ceux de l’extérieur
Cette année, il y a deux façons de participer à distance au festival Les vieux m’on conté. D’abord, les capsules l’Ontario raconté, mises en ligne quotidiennement, feront découvrir six conteurs de cinq régions ontariennes.
Le concours de la plus grande menterie, dimanche soir, aura aussi lieu en ligne. Les participants doivent préparer une histoire de sept minutes afin d’espérer être nommés enfirouapeur en chef. Le gagnant fera la première partie d’un des spectacles du festival 2024.
Des collaborations enrichissantes
Le gagnant de la plus grande menterie de l’an dernier, Henri Lagrandeur, se produira avant le spectacle Histoires de nos voisins. Il s’agit d’un plateau double, résultat d’une quatrième résidence croisée avec la Maison natale Louis-Fréchette de Lévis. La conteuse de Penetanguishene, Joëlle Roy, a passé 10 jours là-bas. Le Lévisien Maxime Plamondon a fait de même à Sudbury.
Il a pu s’inspirer des nombreuses archives du CFOF et a ajouté un peu de fantastique à une histoire locale. Patrick Breton explique que Maxime Plamondon est du genre contemporain, comme il a pu le constater en le voyant dans un festival québécois.
« Il commence à conter la chasse-galerie, mais sa version se passe dans un autobus de ville. C’était une twist carrément différente. »
Les Contes à boire et à manger soulignent le 20e anniversaire du Festival de contes et légendes en Abitibi-Témiscamingue avec trois conteurs de cette région, jeudi soir.
L’auteur-compositeur-interprète et conteur Thomas Hellman sera de passage à Sudbury samedi. Il présentera Mythomane, en version pour enfants à 11 h et en version régulière à 20 h. Ces spectacles s’inspirent de la mythologie grecque.
Le festival Les vieux m’ont conté… leurs héritages se tient du 10 au 15 octobre à Sudbury et en ligne. L’événement tire son nom de l’anthologie du Père Germain Lemieux, fondateur du CFOF en 1972.