Denis St-Jules a pris de nombreuses initiatives pour mettre en avant la culture franco-ontarienne. Source: Facebook de Denis St-Jules

OTTAWA – Ce lundi 26 février, Denis St-Jules s’est éteint à l’âge de 73 ans. Natif de Sault Ste. Marie, ce célèbre animateur à Radio Canada a fait partie des voix francophones qui ont contribué au rayonnement de la culture franco-ontarienne pendant plus de trois décennies. 

Dès son plus jeune âge, la mise en avant de la langue française en Ontario, dans le contexte historique particulier de la fin des années 60, a été le moteur de ses actions. Réjean Grenier, ami proche de longue date, se remémore ce contexte.

« En 1967, il y a eu les États généraux du Canada français qui ont été complètement cooptés par le Québec, qui a nié le nom qu’on portait depuis des générations, ‘Canadiens français’. Ils ont décidé qu’ils étaient des Québécois et plus des Canadiens français. Cela a laissé notre génération sans identité. Il y a donc eu tout un mouvement pour se créer une identité, l’identité franco-ontarienne. »

Les deux amis ont été liés par la langue dès le départ. Ils se sont rencontrés au Concours national de français lors de leur douzième année d’étude, avant de se retrouver dans la même classe l’année suivante. Réjean Grenier se souvient d’ailleurs que le premier cours dans lequel ils ont été ensemble était un cours de français.

Ambassadeur de la culture franco-ontarienne

Dès la fin de leurs études, cet amour de la langue, combiné au contexte de l’époque et à cette quête d’identité, les a emmenés à prendre de nombreuses initiatives pour mettre en avant la culture franco-ontarienne.

C’est d’abord dans le monde du spectacle que le sudburois Denis St-Jules a fait ses premières armes, dans les années 1970. Il a notamment été à l’origine de la création du Théâtre du Nouvel-Ontario (TNO) en 1971, puis de la Coopérative artistique du Nouvel-Ontario (CANO) l’année suivante. 

Réjean Grenier, qui a lui aussi contribué à l’essor du TNO, souligne « l’engagement dans les communautés francophones » de son ami.

« Autant au niveau des arts, avec la pièce Moé j’viens du Nord, s’ti! qui a lancé ce que j’appelle le mouvement du nouvel Ontario dans les années 70, précise-t-il, mais aussi avec le lancement de la maison d’édition Prise de Parole avec comme premier livre publié Ligne signes qui contient un poème de Denis St-Jules. »

Co-fondateur des concerts Nuit sur l’étang, Réjean Grenier n’a eu aucun mal à entraîner son ami dans le monde de la musique en tant que membre du comité organisateur du premier concert, en 1973. L’événement, qui a plus de 50 ans, existe toujours, même si c’est « sous une forme différente ».

« Nous avons organisé les quatre premières éditions. A l’époque, c’était vraiment toute la nuit, je me rappelle avoir terminé de ranger une heure après la fin, vers 7 heures du matin », se souvient-il.

Une grande capacité d’adaptation

Denis St-Jules et Réjean Grenier se sont ensuite retrouvés à Radio-Canada. À partir de 1978, le natif de Sault St-Marie a appris la radio sur le tas, devenant au fil des années un véritable ambassadeur de la langue et de la culture francophones dans le Nord de l’Ontario. Pendant près de 30 ans, il a présenté des émissions comme Le Matin du nord et CBON le matin, où il accompagnait le réveil de milliers de francophones sur les ondes. 

« C’était quelqu’un qui apprenait vite. Quand nous avons commencé, nous étions de jeunes Franco-Ontariens qui n’avaient rien étudié en télévision, en radio ou en journalisme. Denis a d’abord été chroniqueur, puis est devenu animateur radio. L’animation est vraiment un métier particulier qui demande un certain talent, une certaine vivacité que tout le monde ne possède pas, mais que lui avait. »

M. Grenier se rappelle également d’un stage en Europe, dans une antenne de Radio-Canada, qui l’a beaucoup aidé en lui faisant découvrir d’autres manières de faire. 

Sudbury loin des yeux, près du coeur

Après avoir pris sa retraite, Denis St-Jules a déménagé à Ottawa pour se rapprocher de sa famille, notamment de ses enfants.

« Mais il est toujours resté attaché au Nord, précise M. Grenier. Il a contribué au mouvement pour bâtir la Place des arts du Grand Sudbury. Il était le parrain et s’est occupé des prélèvements de fonds chez les anciens de Sudbury à Ottawa. Il a vraiment été très engagé jusqu’au bout. »

Selon Radio-Canada, l’homme est décédé lundi matin, à Ottawa, entouré de ses proches, des suites d’un cancer. Un message a été publié sur la page Facebook de l’ancien animateur franco-ontarien, précisant que « La famille annoncera des rencontres de « Célébrations de la vie » à Ottawa et à Sudbury plus tard au printemps ».