Demandeurs d’asile : la fermeture d’un centre d’hébergement inquiète à Cornwall
CORNWALL – La fermeture, d’ici la fin du mois, d’un centre d’hébergement fédéral pour demandeurs d’asile préoccupe la communauté. Cette dernière demande un prolongement de deux mois avant d’aller de l’avant.
L’hôtel Dev, à Cornwall, sert de centre de transition pour 533 demandeurs d’asile, dont font partie des francophones, notamment venus d’Haïti. Depuis plus d’un an, ville de l’Est ontarien accueille plusieurs immigrants qui sont arrivés par voie terrestre depuis les États-Unis.
Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) a toutefois indiqué au début du mois, dans un préavis, qu’elle mettait fin à son contrat avec l’hôtel le 31 juillet. Les demandeurs d’asile devront donc quitter les lieux d’ici quelques jours.
Des organismes communautaires qui s’occupent de l’accompagnement et de l’intégration de ces nouveaux arrivants, dont l’Association des communautés francophones de l’Ontario, Stormont, Dundas et Glengarry (ACFO-SDG), demandent à IRCC une prolongation de 60 jours.
Dans un communiqué, des acteurs locaux affirment que plus de 200 de ces demandeurs d’asile occupent des emplois, ce qui « inquiète les employeurs locaux d’une perte rapide d’emplois dans la communauté ». Certains ont des enfants qui se sont intégrés au système scolaire. L’avis de 30 jours représente une trop courte période pour ces personnes pour pouvoir trouver un logement, estiment-ils.
« Cette expulsion aura un impact significatif et, sans ressources supplémentaires, la communauté ne peut pas aider les demandeurs d’asile. Les prestataires de services d’immigration sont limités et les agences communautaires sont débordées et sous-financées. Cette situation pourrait augmenter la précarité, l’isolement et les tensions sociales à Cornwall », indique la directrice générale de l’ACFO SDG, Sonia Behilil.
L’ancienne mairesse de Cornwall et sénatrice Bernadette Clément déplore le manque de renseignements autour du dossier de la part d’IRCC et que le préavis d’un mois est « très abrupt ».
« Ça fait plusieurs fins de semaine que je suis à Cornwall, dans le parc Lamoureux, pour des festivals d’été. Quand je parle à monsieur et madame tout le monde, ils sont comme ‘so, what’s happening?’ (qu’est qui ce passe) », relate-t-elle.
Dans une déclaration transmise à ONFR, le ministère fédéral explique avoir été clair avec les nouveaux arrivants « sur la nature temporaire des séjours ».
« Ainsi, on attend des demandeurs d’asile qu’ils cherchent un logement permanent pendant qu’ils sont hébergés par IRCC, et on les aide à le faire. Les demandeurs d’asile bénéficient de ressources et d’une assistance pour trouver un logement, un emploi, pour inscrire leurs enfants à l’école et d’autres nécessités, et sont censés devenir autonomes dès que possible », explique une porte-parole du ministère de l’Immigration.
IRCC a réservé des autobus pour d’autres villes ontariennes comme Niagara Falls, expliquant « évaluer actuellement la capacité d’autres hôtels gérés par IRCC en Ontario dans le cadre d’un plan d’urgence » pour transporter ceux qui ne parviendraient pas à trouver du logement.
« Quand on dit à 200 personnes qui ont des familles et un emploi, ‘allez vous trouver quelque chose’, ce n’est pas évident, rétorque Bernadette Clément. Alors qu’est-ce que vous offrez comme appui à part de dire, ‘si vous n’avez pas de logement, on vous amène à Niagara Falls ou Windsor’ », demande-t-elle.
IRCC assure travailler avec la municipalité de l’Est ontarien « pour veiller à ce qu’aucun demandeur d’asile ne se retrouve sans abri dans le cadre de ce processus ». Mais selon la sénatrice Clément, le ministère ne communique pas avec les acteurs communautaires à Cornwall, qui ne savent pas dans quelle mesure ils peuvent agir.
« Il y a combien de personnes qui ont besoin d’aide? Comment les agences locales peuvent-elles aider? Combien de gens vont avoir besoin de logement? Comment et quand va se passer le départ », énumère comme interrogations Bernadette Clément.
« Donc, les gens ne savent pas. Donc, IRCC donne des informations à des agences alors que d’autres n’en ont pas, mais (ils n’en donnent) surtout pas à la communauté », dénonce l’ancienne mairesse.