Désinformation : « Les réseaux sociaux doivent jouer un rôle de fact checking » soutient Francis Drouin

Francis Drouin, député fédéral de Glengarry-Prescott-Russell lors de la conférence ministérielle de la francophonie.
Francis Drouin, député fédéral de Glengarry-Prescott-Russell lors de la conférence ministérielle de la francophonie. Source: OIF

 
[ENTREVUE EXPRESS]


QUI :

Francis Drouin est vice-président de la section canadienne de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie (APF), député fédéral de Glengarry-Prescott-Russell, membre du comité permanent de l’agriculture et de l’agroalimentaire et membre du comité spécial sur la pandémie de la COVID-19.
 
LE CONTEXTE :
 
Lors de la 40e Conférence ministérielle de la Francophonie (CMF) organisée à Paris par l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), le vice-président de l’APF, s’est engagé contre la désinformation. Il a aussi assisté à un consensus sur la situation en Ukraine.
 
L‘ENJEU :
 
La désinformation est un sujet mondial. Du continent africain à Ottawa – notamment au moment du convoi de la liberté -, ou encore en Russie avec la guerre en Ukraine, les fausses informations sont partout et même dans nos pays francophones.
 
« Pensez-vous que votre allocution sur la désinformation lors de la Conférence ministérielle de la Francophonie a été bien reçue?
 
Oui et je dirais même que l’on se rend compte que ce problème s’aggrave sur tous les continents. Durant les récents coups d’État au Mali, en Guinée ou au Burkina Faso, on a pu voir que de nombreux jeunes citoyens soutenaient les coups d’État. Cela est aussi lié aux fausses nouvelles. De plus en plus de pays se penchent là-dessus. On l’a constaté, la désinformation peut déstabiliser un pays et cela crée un manque de confiance sur la gouvernance, envers les élus et les institutions. Les réseaux sociaux doivent jouer un rôle de fact checking. Les plateformes en ligne ont un rôle à jouer. Quand on voit que Facebook place les fausses informations et les vraies informations au sujet de la COVID-19 sur le même pied d’égalité, ce n’est pas normal.
 
Et la place de l’OIF, dans tout ça?
 
L’Organisation internationale de la Francophonie et l’APF avons de bons rapports. L’OIF émet des demandes et subventionne l’APF aussi. Nous essayons d’informer les parlementaires, de donner de bonnes pratiques et d’échanger entre parlementaires. L’idéal serait d’avoir une participation égale de tous les membres. C’est la section canadienne de l’APF qui aura d’ailleurs la présidence en juillet prochain.

La Conférence ministérielle a aussi fait beaucoup de bien à l’OIF et à ses membres. Après deux ans de pandémie, se retrouver en présentiel a permis de nombreuses conversations de couloirs, qui ont ouvert de nouvelles possibilités. J’ai très envie de m’impliquer et de comprendre la jeunesse, le rôle des femmes et de parler de francophonie internationale.
 
Pourquoi, selon vous, l’OIF a mis tant de temps avant de se prononcer sur la guerre en Ukraine?
 
C’est vrai que nous attendions que l’OIF statue sur cette guerre, puis, en même temps, on se doutait que ça allait arriver, mais il ne faut pas non plus être étonné. La Russie a beaucoup d’intérêts en Afrique. On rappellera que plus de 30 pays africains sont membre de l’OIF.

Concernant l’état des lieux de la francophonie hors Québec, sommes-nous loin des objectifs?
 
Il y a eu des avancées. Toronto vit actuellement sa plus grande croissance en français, mais bien sûr rien n’est acquis. Depuis que je suis député, mon quotidien est plus souvent francophone, pourtant ça n’a pas toujours était le cas.

C’est toujours plus facile de subventionner une université en français. C’est plus compliqué de faire le choix de parler en français en contexte minoritaire. Mon comté est à majorité francophone et pourtant j’ai de la difficulté à scolariser mon enfant en français, il n’y a pas assez de place. Il y a donc de la demande, mais pas assez d’offre. C’est récurrent.
 
Avez-vous été sollicité par les habitants de votre circonscription concernant la crise en Ukraine?
 
Oui, et nous sommes en train de nous préparer. Il faut se rapprocher de la croix rouge, mais aussi des centres d’emploi et des mairies. Nous avons une région agricole qui pourrait attirer les travailleurs ukrainiens.

Aujourd’hui le plus important c’est la sécurité de ces gens-là, le statut qui leur sera accordé est secondaire. Mais il va falloir s’organiser. Il faudra des intervenants avec le gouvernement, car à l’heure actuelle on ne sait pas qui va prendre la responsabilité d’une telle organisation. Nous ne sommes pas vraiment habitués aux migrations de masse. En tout cas, pas au même niveau que l’Europe. »