
Edouard Landry : 10 ans, huit albums et des projets plein la tête

SUDBURY – Il y a 10 ans jour pour jour, Edouard Landry lançait son premier album, Pomme Plastique. Le 18 mars dernier, il présentait déjà au public son huitième opus. Salon des refusés est un hommage à la vie et à la carrière du peintre Claude Monet. ONFR s’est entretenu avec l’artiste sur ces 13 chansons qui explorent les thèmes du refus, de la persévérance et de la beauté, dans la nature et dans l’art.
« C’était un bon feeling de le lancer, ça faisait un bout que je travaillais (sur ce projet) », explique Edouard Landry, qui a profité de la 52e Nuit sur l’étang de Sudbury pour faire son lancement officiel.
Il se dit heureux de la réaction du public et des commentaires reçus jusqu’à présent. « On me dit qu’on ressent l’histoire que j’essaie de raconter. »

L’album est issu de deux événements distincts que l’artiste fait fusionner. Après avoir reçu une lettre de refus pour l’un de ses projets il y a quelques années, le musicien avait réagi avec un élan d’inspiration, écrivant plusieurs chansons, dont une demi-douzaine se retrouvent aujourd’hui sur son album.
Plus tard, lors d’un voyage à San Francisco, Edouard Landry visite une exposition sur l’œuvre de Claude Monet et découvre le concept du Salon des refusés. Cette exposition réunissait des peintres dont les œuvres avaient été refusées par le Salon de Paris. Cet événement de 1863 est à l’origine du courant impressionniste.
« Dans la chanson Le salon de Paris, je nomme plein de tableaux qui ont presque tous été rejetés. Dans le texte, c’est Monet qui se demande quoi soumettre à l’Académie. »
Un processus de création logique
Edouard Landry aime les albums concepts, trouvant facilement l’inspiration dans les contraintes. Il a continué d’explorer l’histoire de Claude Monet, entre autres en visitant sa maison à Paris.
Il a assemblé les textes qui pouvaient s’adapter à la vie du peintre, les remettant dans un ordre logique et réécrivant certains passages. « Quand j’écris, je vois un arc de l’histoire où je veux me rendre, du point A au point B, qui est la dernière chanson. »
Ce sont donc sept titres qui ont été écrits directement avec le concept de Salon des refusés en tête. On peut penser à Soleil levant ou à Les nymphéas, qui clôt l’album et évoque la quiétude de Monet qui créait chez lui, « à son propre rythme ». Ces deux chansons sont les préférées de l’artiste sur cet opus.

Le point de départ de l’histoire est la pièce En plein air. « Je voulais vraiment commencer l’album avec l’amour pour l’art, indique Edouard Landry. Je voulais aussi parler de la lumière dans mes textes et de l’idée de capter les moments, qui est aussi un peu le thème des albums précédents, comme Lands End (2023), Forteresse (2022) et Be Here Now (2021). »
Tout au long de Salon des refusés, la musique est volontairement gardée simple, presque acoustique, même si le musicien explique avoir « triché » en intégrant la guitare électrique. L’accordéon rappelle un peu le Paris de Monet.
Le rejet comme moteur
En plus de l’hommage à un grand peintre, l’album aborde le thème de la persévérance. Selon Edouard Landry, ne pas abandonner après un échec, continuer de travailler fort et de croire en soi permettra de récolter plus tard les fruits de son travail.
« Ce que j’ai aimé des histoires de Claude Monet, c’était sa passion de l’art et qu’il ait trouvé des façons de continuer. Je me suis retrouvé là-dedans et je trouve qu’il y a pas mal d’artistes qui peuvent s’y retrouver. Plus ça change, plus c’est pareil. »
D’ailleurs, la chanson Lettre de rejet peut très bien s’appliquer à notre époque. Sans le contexte, on pourrait croire qu’elle parle d’une demande de subvention au Conseil des arts de l’Ontario (CAO).

Même s’il a lancé huit albums dans la dernière décennie, un chiffre impressionnant, Edouard Landry garde son emploi à la Ville du Grand Sudbury. Il écrit et enregistre ses chansons sur ses heures de dîner, les soirs, les fins de semaine et pendant ses vacances.
Il nomme l’appui de sa famille, la discipline, les périodes de création ponctuelles et les dates de tombée comme les éléments qui l’incitent à tout faire rapidement. « Quand je suis en période de création, c’est comme aller au gym. »
Il prône le principe de « faire de l’art pour l’amour de l’art », mais est reconnaissant du revenu qu’il peut en retirer.
« J’ai eu du succès avec la radio, en particulier la radio satellite. Ça m’a permis de financer mes projets, donc c’était un système durable pour un bout. Parce que j’ai cet autre emploi (à la Ville), l’argent que je faisais en musique, je pouvais le remettre dans la musique. »
Nouveau chapitre
Edouard Landry voit la sortie de Salon des refusés comme la fin d’un cycle qui aura duré une décennie. Il ne croit pas soutenir le même rythme de création à l’avenir. Même s’il a encore des chansons dans les cartons, il compte prendre le temps de placer ses idées et de prendre un peu de recul, ce qu’il n’a pas fait dans les dernières années.
« Depuis 2016, je roule toujours deux albums en même temps. Il y a eu des moments où c’était trois. Cet album-là a été enregistré principalement en 2021. Il fallait lancer Forteresse, Lands End…. Focaliser sur le prochain album. Je crois qu’on va vivre cet album-là un peu plus que les précédents. »

Avec ses amis Dayv Poulin et Stef Paquette, il forme le trio les Bilinguish Boys. Le groupe tourne à travers l’Ontario et lancera même un EP dans les prochains mois. Celui-ci sera composé de cinq titres et mélangera les reprises et les chansons originales. Il contiendra des sonorités bluegrass et « des niaiseries », puisque l’humour est essentiel dans le trio.
Si la date de sortie n’est pas encore fixée, les trois complices espèrent lancer du nouveau matériel avant leur passage au 50e Festival franco-ontarien, en juin. À cette occasion, les Bilinguish Boys assureront la première partie des Trois Accords. Nul doute que l’univers de ces formations se mariera à merveille.
Edouard Landry sera en spectacle solo au Corbeil Park Hall de North Bay le 11 avril. Il se concentrera ensuite sur la tournée des Bilinguish Boys, en Ontario et dans l’Est canadien.