Élections en Nouvelle-Écosse : les partis politiques courtisent les Acadiens

Les néo-écossais iront aux urnes le 17 août prochain. Archives ONFR+

HALIFAX – La Fédération acadienne de la Nouvelle-Écosse (FANE) a publié les réponses que lui ont fait parvenir les quatre principales formations politiques de la province. Au début de la présente campagne électorale provinciale, la FANE a envoyé un questionnaire aux libéraux, aux conservateurs et aux néo-démocrates, afin de savoir s’ils comprenaient les enjeux chers aux Acadiens et leur position face à ces questions. Quant au Parti vert, dont la présence est encore marginale sur la scène politique provinciale en Nouvelle-Écosse, il a lui-même sollicité la permission de répondre aux questions.

La FANE est un organisme non partisan. C’est pourquoi elle publie les réponses des partis telles qu’elles ont été formulées et sans y ajouter de commentaire.

« On trouve que ce serait très mal placé d’une part de prendre position pour un parti, et d’autre part de dire à notre communauté comment voter. Chaque communauté a des réalités qui sont différentes, a des candidats qui sont différents », explique la directrice générale de la FANE, Marie-Claude Rioux.

La directrice générale de la Fédération acadienne de la Nouvelle-Écosse, Marie-Claude Rioux. Gracieuseté

« On développe les questions qui sont d’intérêt pour la communauté acadienne. On les soumet aux partis politiques, on recueille leurs réponses, on met ça dans un document qui est disponible par la suite sur le site web de la FANE. Les gens peuvent le consulter, lire les réponses et par la suite faire un choix éclairé lorsque viendra le temps de placer leur bulletin de vote dans l’urne », ajoute-t-elle.

Une belle unanimité

Des réponses reçues il ressort que les partis sont unanimes à vouloir apporter leur soutien aux francophones.

« Ce qu’on peut retenir c’est que du côté de la communauté acadienne, les réponses des partis diffèrent très peu. Tout le monde semble être solidaire, tout le monde semble reconnaître l’importance de la communauté acadienne. Tout le monde fait valoir aussi, particulièrement du côté du Parti conservateur et du Parti libéral, les avancées que leur parti a faites, sous leur gouvernement, par rapport aux Acadiens de la Nouvelle-Écosse », souligne Mme Rioux.

« L’autre chose aussi que je remarque c’est que tout le monde semble reconnaître le leadership de la Fédération acadienne de la Nouvelle-Écosse et s’engage à travailler avec nous après les élections provinciales, et ça aussi c’est une excellente nouvelle. »

Des candidats francophones plus nombreux

« Mais je pense que ce qui est important de mentionner aussi, c’est la quantité de candidats qui peuvent parler français. Je trouve ça très intéressant. Que ce soit du côté du Parti vert, du NPD, du Parti conservateur, bref de tous les partis, on a des Acadiens et on a aussi des francophones dont le français n’est pas la langue première. Et ça, c’est extraordinaire, parce que le but de la FANE est un peu de décloisonner la question de l’Acadie de la Nouvelle-Écosse et qu’elle ne soit pas uniquement traitée en silo, c’est-à-dire, que ce soit complètement l’affaire du ministre ou de la ministre des Affaires acadiennes. Il faut que ce soit l’affaire de tous les députés. Et en ayant le maximum de candidats qui sont capables de s’exprimer en français, c’est certain qu’on va avoir des alliés. Il va falloir travailler là-dessus et avec eux », insiste Mme Rioux.

La pandémie et la santé

Le questionnaire comportait une question qui portait sur les répercussions de la pandémie sur les régions acadiennes, elles qui souffraient déjà d’un manque de services de santé en français bien longtemps avant que la COVID-19 ne fasse son apparition.

 « Je crois que les partis politiques ne comprennent pas à quel point la pandémie a été un enjeu pour la communauté acadienne de la Nouvelle-Écosse, au-delà de l’enjeu que cela représentait pour l’ensemble de la population néo-écossaise. Ce que je veux dire par là, c’est que quand on parle par exemple de crise dans les soins de santé qui semble être le dossier principal de cette élection, tous partis politiques confondus, tout le monde s’entend pour dire qu’on a des besoins », constate la directrice générale de la FANE.

« On a des besoins en médecins, en personnel hospitalier, en lits additionnels dans les foyers pour personnes ainées, en santé mentale… Mais, ce que les partis politiques ne semblent pas réaliser, c’est que ces besoins-là sont accrus, ou sont encore plus aigus, ou font encore plus mal dans les régions acadiennes parce qu’à ça, s’ajoute la dimension francophone. On sait qu’avoir des services de santé mentale en français pour un francophone, c’est important. Avoir des soins en français pour un francophone, c’est important », martèle Mme Rioux.

« Et pourquoi c’est important? Parce que dans tous ces cas-là, ça touche à des enjeux de santé et de sécurité des gens. Et moi, quand on touche à la santé et à la sécurité des gens, je dis ‘‘Ça, c’est pas négociable!’’ C’est crucial d’avoir accès à ces services-là en français, donc ça rajoute une couche de complexité, et je crois que les partis politiques ne comprennent pas ça », déplore Marie-Claude Rioux.