Permis étudiants : près de trois fois plus de refus pour les francophones
En Ontario, le gouvernement fédéral refuse près de trois fois plus de demandes de permis d’études de l’étranger d’étudiants francophones, comparé aux anglophones.
C’est ce que révèle une étude de l’Institut du Québec (IDQ) qui a comparé la situation ontarienne à celle dans la Belle Province, dont les chiffres sont encore plus élevés, selon les données d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC).
Les étudiants étrangers, après avoir été acceptés par une institution postsecondaire ontarienne, doivent déposer une demande de permis d’étude auprès du gouvernement fédéral, qui lui a le dernier mot.
En 2021, 51 % des étudiants étrangers francophones ont été refusés par Ottawa tandis que ce chiffre chute à 20 % pour les anglophones. Ce nombre a plus que quintuplé depuis 2012, alors que les permis d’études pour francophones (9 %) étaient au même niveau que ceux refusés pour les anglophones (11 %). Les francophones et anglophones se soldent par une moyenne de 23 % dans la plus grosse province canadienne en 2021.
Ces chiffres sont fortement reliés aux taux élevés de refus pour les étudiants africains, qui oscillaient autour de 80 % dans des universités franco-ontariennes au cours des dernières années. Le niveau d’acceptation a toutefois augmenté de 2021 à 2022 selon IRCC, passant de 27 à 41 % à l’échelle canadienne.
En 2021, 52 % des demandes en provenance de l’Afrique et à destination de l’Ontario étaient refusées. Des pays francophones comme la République démocratique du Congo, l’Algérie et le Sénégal ont enregistré dans les dernières années des taux de refus entre 73 % et 82 %. Ce nombre chute considérablement à 19 % pour l’Asie, 14 % pour les Amériques et 11 % pour l’Europe.
« Il semble légitime de craindre que l’incohérence qui existe entre les initiatives d’attraction des étudiants étrangers et les critères administratifs qui régissent l’octroi de permis d’études puisse réduire l’impact des investissements consentis pour attirer les étudiants étrangers », écrivent les auteurs de l’étude de l’IDQ, Emna Braham et Daye Diallo.
Pas le premier rapport en ce sens
La principale raison de refus de la part des agents d’IRCC est la crainte que l’étudiant reste au Canada après ses études, aussi communément appelé la double intention. Un comité parlementaire recommandait justement au gouvernement Trudeau « d’examiner et clarifier la disposition relative à la double intention… pour que l’intention de s’établir au Canada ne nuise pas à l’obtention d’un permis d’étude ». Les membres du Comité permanent de la citoyenneté et de l’immigration recommandaient aussi au gouvernement de revoir sa stratégie concernant l’attraction de nouveaux arrivants francophones.
Des témoignages d’intervenant sur le terrain dénoncent aussi qu’Affaires mondiales Canada et Immigration Canada ne soient pas sur la même longueur d’onde. La branche internationale du gouvernement « consacre beaucoup d’argent au recrutement et dit aux étudiants étrangers potentiellement intéressés de venir étudier au Canada » alors qu’IRCC refuse d’accorder des permis à ceux qui souhaiteraient rester au Canada après leurs études.
Nous avons demandé à IRCC d’expliquer l’écart entre francophones et anglophones en Ontario, mais nous n’avions pas reçu de réponse au moment de mettre sous presse.