Des problèmes dans la stratégie en immigration francophone, selon un rapport

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Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) doit modifier plusieurs aspects dans le but d’améliorer sa stratégie en matière d’immigration francophone, note un rapport d’élus d’Ottawa. Le Comité permanent de la citoyenneté et de l’Immigration émet 35 recommandations à IRCC et au ministre Sean Fraser pour, notamment, régler le problème autour des permis d’études des étudiants africains francophones.

L’automne dernier, Radio-Canada et Le Devoir révélaient que dans certains pays africains francophones, le nombre d’étudiants refusés avoisinait les 80 %. En comité, des établissements franco-ontariens avaient soutenu avoir des taux similaires. L’Association des collèges et universités de la francophonie canadienne (ACUFC), qui représente 21 établissements du pays, notait que IRCC aurait refusé de possibles étudiants, car l’agent en immigration doutait du sérieux de la démarche d’étudier en français hors du Québec.

Le comité avance qu’une meilleure collaboration entre les différentes institutions et gouvernements (provinciaux, territoriaux et le fédéral) et les établissements postsecondaires francophones « à la façon de mieux informer les potentiels étudiants francophones des possibilités d’étudier en français à l’extérieur du Québec » serait bénéfique pour atteindre la cible de nouveaux arrivants francophones de 4,4 %. Le rapport rappelle aussi que la venue de plus d’étudiants étrangers fait partie des façons qu’avance IRCC pour augmenter son immigration dans la langue de Molière.

« Alain Dupuis (directeur général de la FCFA) a déclaré qu’au vu des pourcentages élevés de refus qu’ils (les étudiants africains) essuient, c’est comme si « on leur ferme les portes », même si c’est contraire à nos politiques », peut-on lire dans le document.

Des pays francophones comme la République démocratique du Congo, l’Algérie et le Sénégal ont des taux de refus entre 73 % et 82 %.

« Étant donné que les établissements francophones dépendent des étudiants d’Afrique francophone, et que les taux de refus pour l’Afrique sont plus élevés, les établissements francophones accusent des taux de refus plus élevés »

IRCC devrait justement mettre en place un plan pour réduire ces taux de refus des demandes de visas d’étudiant pour pouvoir atteindre cet objectif en immigration francophone, est-il recommandé.

« Comme on enregistre des taux d’acceptation plus élevés chez les étudiants asiatiques, français et américains, les universités anglophones réussissent mieux à accueillir des étudiants étrangers », est-il écrit.

Les chiffres fournis par le comité indiquent que les hauts taux de refus ne sont pas similaires chez les établissements anglophones, car les étudiants asiatiques et américains, plus majoritaires dans ces institutions, ont des taux d’acceptation parfois deux à trois plus élevées.

« Étant donné que les établissements francophones dépendent des étudiants d’Afrique francophone, et que les taux de refus pour l’Afrique sont plus élevés, les établissements francophones accusent des taux de refus plus élevés », ajoute-t-on.

La majorité des refus pour les étudiants concernait la double intention, qui signifie que quelqu’un vient au Canada pour étudier et qu’il a aussi l’intention de devenir un résident permanent par la suite. Les employés du ministère ont souvent refusé de possibles étudiants craignant qu’il ne retourne pas dans leur pays d’origine par la suite.

Il est aussi recommandé de rappeler aux différents bureaux du ministère à travers la planète les objectifs en immigration francophone.

« Bien que le Canada se soit doté d’une stratégie pour les étudiants étrangers, celle-ci semble être mal appliquée et envoyer des messages contradictoires, ce qui a d’importantes répercussions sur les demandes des étudiants étrangers. »

Le Canada n’a jamais atteint sa cible de 4,4 % de nouveaux arrivants francophones hors Québec. Une étude du Commissariat aux langues officielles révélait un manque de près de 120 000 nouveaux arrivants francophones au Canada depuis 2001, en raison de l’échec de cette cible.

Racisme

Le Comité évoque aussi l’existence de préjugés raciaux à IRCC qui nuirait à la venue de candidats africains, majoritairement francophone. En plus des hauts taux de refus, on note l’ajout de présenter de la documentation supplémentaire pour les candidats de ce continent.

« Les différences dans les règles et les documents exigés dans les programmes d’IRCC peuvent aussi finir par créer de la discrimination » – Extrait du rapport du Comité permanent de la citoyenneté et de l’Immigration

Les parlementaires préconisent de « mener une étude du racisme anti-Noirs et anti-Africains francophones dans l’histoire de l’immigration canadienne » ainsi qu’une « sur l’histoire sociale du racisme, anti-Noirs et anti-Africains francophones dans l’immigration canadienne afin d’assurer que les erreurs ne se répètent pas ».

Bureaux de visas en Afrique

Le rapport recommande aussi qu’IRCC ajoute plus de ressources et d’infrastructures aux bureaux de traitement de visas en Afrique. Par exemple, le bureau de Dakar au Sénégal traite une dizaine de pays francophones, soit près de l’ensemble de l’immigration francophone d’Afrique. Certains candidats doivent parfois se déplacer des milliers de kilomètres pour pouvoir s’y rendre en personne.

Chinook

Sur l’utilisation du logiciel Chinook, le rapport indique qu’IRCC devrait faire une vérification de ce système d’intelligence artificielle. Plusieurs avocats en immigration ont témoigné que Chinook, comporte plusieurs incohérences.

« Les témoins ont souligné le fait que le système permet « de refuser en bloc » des demandes à partir d’un écran semblable à une feuille de calcul. Même si l’outil utilise une technologie simple, les indicateurs de risque et les mots-clés peuvent mettre en évidence certaines parties des demandes et en laisser d’autres de côté. »