Les Franco-Ontariens au Salon du livre de l’Outaouais

La librairie Le coin du livre a lancé une initiative en mode présentiel dans un salon du livre en virtuel. Crédit image: Simon Lefranc

Le Salon du livre de l’Outaouais (SLO) a entamé sa 43e édition qui se tient virtuellement jusqu’au 28 février. Pour l’occasion, la librairie ottavienne Le coin du livre a organisé une séance de dédicaces avec des auteurs francophones de la région.

« C’est une belle exposition pour la littérature. Vu que c’est virtuel cette année, on a décidé de recevoir des auteurs franco-ontariens pour donner une chance aux gens de les rencontrer et de leur jaser de leurs œuvres littéraires », raconte Nathalie Savard, propriétaire de la libraire, en entrevue avec ONFR+.

« En tant que libraire franco-ontarienne, j’offre toujours des espaces visuels pour nos auteurs. Je trouve que c’est très important. Ils sont moins visibles dans les librairies hors Québec donc j’aime bien donner cette chance. Au Québec, il y a beaucoup d’émissions qui vont parler des auteurs québécois alors, comme Franco-ontariens, on doit se donner un coup de pouce », renchérit-elle.

Nathalie Savard, propriétaire de la librairie Le coin du livre. Crédit image : Simon Lefranc

Tisser des liens

Selon les autrices rencontrées lors de la séance de dédicaces, le SLO est une belle occasion pour réunir le milieu littéraire franco-canadien.

« Dans les salons, ce n’est pas là que l’on vend beaucoup de livres, car il y en a des tonnes et que les gens ont un budget. Mais c’est là qu’on fait des contacts! », lance l’autrice ottavienne Michèle Vinet.

Par ce type de réseautage, Mme Vinet a récemment été invitée à participer à un jury pour un concours s’adressant aux francophones de l’Ouest canadien organisé par l’Association des auteurs du Manitoba français.

Michèle Vinet lors de la séance de dédicaces. Crédit image : Simon Lefranc

En plus de l’aspect professionnel du SLO, l’événement offre aussi une occasion d’échanger avec les bibliophiles.

« On s’attend à rencontrer des lecteurs et parler de nos livres. On essaie d’en vendre, mais c’est plus la rencontre entre lecteurs et auteurs qui est vraiment très agréable. C’est motivant de voir l’intérêt des lecteurs pour les livres », raconte pour sa part l’autrice Colette St-Denis, originaire de Plantagenet.

Écrire en français en Ontario

Michèle Vinet et Colette St-Denis sont deux enseignantes à la retraite amoureuses de la langue française. Devenues autrices, elles connaissent les défis importants qui attendent les auteurs francophones en situation minoritaire.

« En tant que Franco-Ontariens, notre public cible est très petit. Si on s’adresse à notre public, on a pas une grande marge de manœuvre. Si on était reconnu comme auteurs canadiens de langue française, ça serait différent, mais cette appellation de Canada français ça n’existe plus vraiment », se désole Mme Vinet.

Colette St-Denis à la librairie Le coin du livre. Crédit image : Simon Lefranc

Après avoir passé sa vie à l’école, Mme St-Denis s’inquiète pour l’avenir de sa langue. « C’est tellement difficile pour notre langue qui se perd. Ça me fait énormément de peine. Le français est une langue vivante, imagée qu’on voudrait tellement que les gens conservent, surtout nos jeunes », dit-elle, attristée. Alors qu’elle offrait des cours en français, elle a souvent observé que l’anglais était la langue d’usage dans la cour d’école.

Cependant, cette situation ne la décourage pas de continuer d’écrire et de publier des livres francophones. « Il faut défendre la langue française parce qu’on l’aime, tout simplement. Il faut défendre notre identité francophone et en avoir la passion sinon on accepte que l’anglais prenne le dessus. C’est pour conserver tout cela qu’on écrit », conclut-elle.