Francophonie internationale : première présence conservatrice
TORONTO – Pour la première fois, un élu conservateur du gouvernement de Doug Ford participe à un événement de la francophonie internationale. La députée Natalia Kusendova est présente à une réunion de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie (APF), au Vietnam.
ÉTIENNE FORTIN-GAUTHIER
efgauthier@tfo.org | @etiennefg
L’automne dernier, les conservateurs ont brillé par leur absence au Sommet de la Francophonie, en Arménie, même si l’Ontario est toujours membre de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Absence remarquée également à l’assemblée générale de l’APF, à Québec, au mois de juillet.
La consigne était claire : les élus du gouvernement Ford ne devaient pas voyager à l’extérieur du pays. La ministre des Affaires francophones, Caroline Mulroney faisait savoir, l’automne dernier, que son gouvernement comptait s’occuper des francophones qui vivent dans la province, plutôt que d’être actif sur la scène internationale.
La présence de la députée Kusendova au Vietnam à une rencontre de l’APF ne passe donc pas inaperçue. Depuis les rues de Hanoi, au Vietnam, la députée de Mississauga-Centre a publié une vidéo, le mercredi 27 février. « Je viens d’assister à une conférence du réseau des femmes parlementaires de la francophonie. Je suis excitée de revenir chez-nous en Ontario pour partager ce que j’ai appris sur la traite humaine et les droits des femmes et des filles », confie-t-elle.
Good morning with an update from Hanoi. pic.twitter.com/M9IFkXZiQ5
— Natalia Kusendova-Bashta (@NatKusendova) February 27, 2019
La rencontre de l’APF au Vietnam a porté sur plusieurs questions relatives aux droits des femmes, qu’il s’agisse de la santé des réfugiées, de l’égalité des genres ou de cyberviolence. Des discussions ont aussi eu lieu sur les questions d’éducation.
Questionnée par #ONfr sur la présence de la députée conservatrice au Vietnam, Caroline Mulroney a dit avoir hâte de connaître la nature des discussions qui ont eu lieu. « Elle est là comme membre de l’APF. J’ai hâte de recevoir son rapport. C’est important de représenter l’Ontario », a-t-elle confié.
Natalia Kusendova, qui a des racines polonaises et slovaques, a vécu une partie de sa jeunesse en Belgique. Elle maîtrise plusieurs langues, dont le français. Avant de faire le saut en politique, elle était infirmière.
Le retour des conservateurs était nécessaire, selon Gélinas
Deux autres députées ontariennes ont participé aux travaux de l’APF au Vietnam, soit la néo-démocrate France Gélinas et la libérale Marie-France Lalonde. Les deux formations politiques ont toujours été présentes aux activités de cette organisation. La présence conservatrice, pour la première fois depuis l’élection de Doug Ford, est une très bonne nouvelle, affirme sans détour France Gélinas, jointe par téléphone au Vietnam.
« Depuis l’élection du nouveau gouvernement, c’est la première fois qu’ils sont là. Avant, ils participaient sous Patrick Brown, mais depuis rien. C’est très symbolique! C’est évident que le gouvernement Ford a senti la pression depuis la crise linguistique. Si les conservateurs boudaient ces instances francophones internationales, il y aurait eu un prix politique à payer », croit-elle.
Elle affirme que l’Assemblée parlementaire de la Francophonie a bien fait comprendre au gouvernement Ford qu’on ne peut pas être membre d’une organisation sans participer à ses activités. « La diplomatie de couloirs a été efficace », lance-t-elle.
Utile d’avoir trois élues ontariennes au Vietnam, malgré les coûts associés à un tel voyage? France Gélinas, qui est aussi présidente de la branche ontarienne de l’APF à Queen’s Park, affirme que oui. « Ça donne des idées pour nous en Ontario. Il faut bien comprendre que la majorité des autres membres évoluent aussi dans une francophonie minoritaire. Ces rencontres permettent de voir ce qui se passe ailleurs, sans aller dans chacun des pays », réplique-t-elle.
Les discussions de l’APF sur la traite des personnes est un bon exemple, selon elle. « Toronto est une plaque tournante sur ce plan. Il faut apprendre des autres pays. Et il faut savoir que plusieurs des femmes qui atterrissent chez-nous viennent d’Afrique ou d’Asie. Il faut regarder le problème de manière globale, savoir ce qui se passe à l’international », dit-elle.