Le premier ministre de l'Ontario, Doug Ford lors d'une conférence de presse concernant le développement du logement dans la région du Grand Toronto avec la mairesse de Toronto, Olivia Chow, le jeudi 22 février. 2024. Crédit image: THE CANADIAN PRESS/Arlyn McAdorey

OTTAWA – Ottawa a reçu de la pression de la part du gouvernement Ford, en coulisses, dans les dernières semaines et mois, pour réduire le nombre de demandeurs d’asile en Ontario. Pourtant, en public, le premier ministre ontarien Doug Ford n’a jamais dit qu’il souhaitait moins de demandeurs d’asile. Il a plutôt souhaité que le fédéral augmente son aide envers ceux-ci.

Lorsque questionné à savoir si l’Ontario lui avait communiqué qu’il trouvait qu’il y avait trop de demandeurs sur son territoire, le ministre de l’Immigration Marc Miller a répondu oui.

« Ce ne sont pas des demandes ou des doléances qu’ils ont faites de façon aussi publique que le Québec », a convenu le ministre Miller, en conférence de presse, jeudi.

Au Québec, le gouvernement caquiste a été très volubile, depuis plusieurs mois, en affirmant qu’il y a un trop grand nombre de demandeurs d’asile sur son territoire. Il s’agit de la province qui en a reçu le plus, avec un pourcentage plus important que son poids démographique. Le premier ministre François Legault avait même envoyé une lettre en janvier à Justin Trudeau, plaidant que la capacité d’accueil et d’intégration du Québec est arrivée « tout près du point de rupture ».

L’Ontario arrive deuxième, parmi les provinces, avec 63 000 demandeurs d’asile en 2023, selon les données d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC). À la fin janvier, le ministre Marc Miller affirmait qu’il y avait autour de 7300 demandeurs d’asile qui résidaient dans des hôtels en Ontario, en attente d’un logement.

« Le gouvernement Ford en général », a répondu Marc Miller lorsque questionné sur qui, au sein du gouvernement Ford, avait fait ces revendications. Il a ajouté avoir communiqué, il y a deux jours, avec son homologue ontarien en immigration, David Piccini.

Pourtant, en public, Doug Ford n’a jamais mentionné qu’il souhaitait moins de demandeurs d’asile. Au contraire, dans les derniers mois, il a poussé Ottawa à accélérer le processus d’obtention de permis de travail pour ceux-ci. Il a aussi demandé, en compagnie de la mairesse Chow, que le fédéral améliore l’offre de logement, plaidant que 50 % des demandeurs d’asile de la province étaient à Toronto.

« Nous avons grandement besoin de financement du gouvernement fédéral », pressait-il lors d’une conférence de presse, en novembre dernier. « Je vais dans le nord d’Etobicoke, à Rexdale, et les hôtels regorgent de demandeurs d’asile qui veulent une vie meilleure. C’est tout ce qu’ils veulent ici, mais ils doivent obtenir leur permis de travail. »

Retour du visa pour les Mexicains

Marc Miller a annoncé ce matin le retour de l’imposition d’un visa pour les citoyens du Mexique, en raison d’une arrivée record de ces derniers en 2023. Il s’agit d’un pas de recul pour le Parti libéral, qui avait aboli cette mesure en 2016. Mais pour le ministre Miller, ce retour était nécessaire, car il était question de l’intégrité du système même.

Le ministre de l'Immigration Marc Miller. Crédit image: Stéphane Bédard.
Le ministre de l’Immigration Marc Miller. Crédit image : Stéphane Bédard.

Selon IRCC, en 2023, 17 % des demandeurs, toutes nationalités confondues, provenaient du Mexique. Depuis 2016, le nombre de demandes est passé de 260 à 23 995 l’an dernier.

« En Ontario, il y a l’effet de gens qui s’en viennent par Pearson, mais aussi des gens qui passent par l’aéroport Trudeau (à Montréal) et, pour une raison ou pour une autre, se dirigent vers l’Ontario. La réalité est que l’Ontario fait face à une immigration secondaire qui vient principalement du Québec », a mentionné le ministre.

« Les Mexicains font partie de ce groupe-là, a-t-il poursuivi. Donc, ces mesures vont affecter l’Ontario. Les gens viennent pour rejoindre leur famille, parce qu’ils ne parlent pas français, ne veulent pas rester, ou pour une autre raison. »

Il affirme aussi avoir senti de la pression de la part des maires des grandes villes de l’Ontario comme Patrick Brown, à Brampton, en plus d’Olivia Chow, à Toronto.

« Ils ne ciblaient pas une population en particulier, mais c’est clair que l’augmentation du volume est quelque chose qui arrive en Ontario, surtout à Toronto et les arrondissements environnants. »