La gouverneure générale Mary Simon. Crédit image: Sgt Johanie Maheu, Rideau Hall

Le commissaire aux langues officielles, Raymond Théberge, considère que d’obliger le bilinguisme du poste de la gouverneure générale serait une bonne idée.

« Si c’était le cas, ça serait une très bonne décision, mais ça ne relève pas du commissaire à décider qui est bilingue ou pas bilingue », a-t-il affirmé en conférence de presse, mercredi.

Le commissaire aux langues officielles du Canada, Raymond Théberge. Crédit image: Commissariat aux langues officielles du Canada
Le commissaire aux langues officielles du Canada, Raymond Théberge. Photo : Commissariat aux langues officielles du Canada

Raymond Théberge s’était fait demander par les journalistes s’il serait d’accord d’obliger la maîtrise du français et de l’anglais pour le poste de gouverneure générale via la Loi sur les compétences linguistiques. Celle-ci oblige plusieurs postes de hauts fonctionnaires, dont plusieurs commissaires fédéraux, dont celui de Raymond Théberge, à maîtriser les deux langues officielles.

« Tout poste de leader ou de haut dirigeant qui parle au nom du Canada au niveau national ou international devrait être en mesure de représenter le Canada dans les deux langues officielles. Si on doit l’enchâsser dans une législation, peut-être que c’est une solution », a-t-il ajouté quelques instants plus tard.

Quelques exemples de postes de hauts fonctionnaires obligatoirement bilingues actuellement :

  • Commissaire à l’information
  • Commissaire aux conflits d’intérêts et à l’éthique
  • Directeur parlementaire du budget
  • Vérificateur général du Canada
  • Directeur général des élections
  • Conseiller sénatorial en éthique

Mary Simon avait promis de suivre des cours de français au moment de sa nomination par Justin Trudeau, en 2021. Elle était devenue la première personne autochtone à occuper ce poste. Elle parle anglais et inuktitut.

L’incapacité de Mary Simon à parler en français, près de trois ans plus tard, a fait l’objet de reportages médiatiques lors d’une visite d’un organisme à la fin septembre, dans la ville de Québec. Cette dernière avait même dû annuler d’autres activités prévues à son horaire dans la capitale québécoise à la suite de la controverse.

Un projet de loi au Sénat

À l’heure actuelle, il existe un projet de loi au Sénat du sénateur Claude Carignan, le projet de loi S-220, déposé en novembre 2021. Il propose de modifier la Loi sur les compétences linguistiques pour y ajouter la fonction de gouverneure générale. Or, la pièce législative n’a pas bougé depuis près de deux ans, étant toujours à la seconde lecture dans la chambre haute.

« On doit trouver un certain consensus, un terrain pour le faire progresser, ce qui n’est pas le cas malheureusement dans ce projet de loi (…) Certains (sénateurs) ont malheureusement vu une attaque à la personne, qui est autochtone, qu’est la gouverneure générale, ce qui n’est pas le cas », affirme le sénateur conservateur en entrevue.

L’auteur du projet de loi considère que celui-ci est destiné à mourir au feuilleton, étant donné un manque d’appui des autres sénateurs et du gouvernement Trudeau.

« C’est complètement inacceptable (…) Son mandat est terminé et elle ne sera toujours pas bilingue », déplore Claude Carignan.

Le sénateur Claude Carignan. Photo : Gracieuseté du bureau du sénateur Claude Carignan.

Sa nomination par le premier ministre avait suscité un record de 1341 plaintes auprès du Commissariat aux langues officielles. Celles-ci avaient été jugées recevables, mais non fondées. Raymond Théberge avait expliqué dans son rapport d’enquête que, comme la décision finale revient au premier ministre et que ce dernier n’est pas considéré comme une institution fédérale, il ne relève pas de la Loi sur les langues officielles.

« Ça démontre jusqu’à quel point les Canadiens tiennent au principe du bilinguisme et que les dirigeants soient en mesure d’utiliser les deux langues officielles », juge Raymond Théberge.

À l’heure actuelle, un recours est présentement devant la Cour supérieure de justice du Québec, visant à annuler la nomination de Mary Simon. Le fait qu’elle ne puisse pas communiquer en français contreviendrait aux droits linguistiques prévus dans la Charte des droits et libertés, estiment les demandeurs.

À Ottawa, mardi, les élus conservateurs et bloquistes ont demandé à ce que soit évalué de fond en comble le processus ayant mené à la nomination de Mary Simon.

Correction : une précédente version du texte affirmait que les 1341 plaintes auprès du Commissariat aux langues officielles concernant Mary Simon avaient été jugées fondées, mais non recevables. C’est plutôt le contraire, elles étaient recevables, mais non fondées.