Grève dans les collèges : les conditions de travail fixées

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TORONTO – Près d’un mois après l’adoption de la loi spéciale qui a mis fin au conflit dans les collèges ontariens, les conditions de travail ont été fixées par un arbitre, qui a choisi notamment d’octroyer une hausse salariale de 7,75 % sur quatre ans au personnel enseignant.

JEAN-FRANÇOIS MORISSETTE
jmorissette@tfo.org | @JFMorissette72

Dans sa décision, rendue le 20 décembre, l’arbitre William Kaplan a choisi de maintenir l’approche de la direction des collèges envers la liberté académique qui lui octroie la capacité de prendre des décisions de nature scolaire. L’arbitre n’a donc pas accepté la demande du syndicat de retirer la prise de décision académique des mains de la direction académique d’un collège.

Sur les conditions de retour au travail, l’arbitre a choisi de mettre fin à tous les griefs, les plaintes et les réclamations du personnel scolaire qui ont été déposés après la fin de la grève. En échange, un montant forfaitaire de 900 dollars sera versé au personnel scolaire à temps plein et un montant de 450 dollars sera versé au personnel à temps partiel.

Selon le syndicat des employés de la fonction publique de l’Ontario (SEFPO), l’arbitre a aussi consenti à des mesures pour l’amélioration de la sécurité d’emploi pour le personnel scolaire à charge partielle et pour demander la création d’un nouveau groupe de travail, dirigé par le gouvernement. Ce dernier sera responsable de faire des recommandations sur la dotation en personnel, l’emploi précaire, le financement des collèges, la réussite des étudiants et les questions de gouvernance.

Après l’adoption du projet de loi forçant le retour au travail, les deux parties s’étaient engagées dans un processus d’arbitrage pour régler les points de différends restants.

Une mauvaise volonté des collèges

Selon le SEFPO, la direction des collèges a fait preuve de mauvaise volonté lors de cette négociation, ce qui a mené au plus long conflit de l’histoire de ces institutions.

« La sentence qui a été rendue par l’arbitre William Kaplan aurait pu être négociée par les collèges et le personnel scolaire il y a longtemps », s’est indignée JP Hornick, la présidente de l’équipe de négociation du SEFPO.


« Si les collèges avaient fait un tout petit effort pour coopérer, on aurait évité la grève, les étudiants n’auraient jamais eu à craindre de perdre leur semestre et les membres du personnel scolaire n’auraient pas perdu cinq semaines. » – JP Hornick


Mme Hornick se réjouit de voir que la décision comporte une section sur la « liberté académique » permettant désormais au personnel scolaire de s’exprimer librement sur les questions scolaires sans crainte de représailles.

Même son de cloche chez le président du SEFPO, Warren Thomas.

« Tout au long des négociations, qui avaient débuté en juillet, le Conseil des employeurs des collèges a eu amplement l’occasion de négocier un accord. Au lieu de cela, le Conseil a laissé la grève se produire, puis il l’a prolongée de deux semaines en organisant un scrutin « inutile » sur son offre finale, qui n’avait aucune chance de mener à un règlement. »

Les directions de collèges satisfaites

Du côté de la direction des collèges de l’Ontario, la décision est « satisfaisante ». On se dit particulièrement heureux que les hausses salariales accordées aient été octroyées en correspondance avec ce qui avait été proposé dans de la dernière offre patronale.

« Nous avons obtenu une décision raisonnable qui répond aux intérêts de toutes les parties », a expliqué Lise Bourgeois, présidente du Collège La Cité, à Ottawa, par voie de communiqué.

Selon elle, la décision de l’arbitre préserve la capacité des collèges de tenir compte des besoins « économiques locaux de façon opportune et souple ».

« La grève a été une expérience difficile pour les étudiants et toutes les personnes touchées. Dans le cadre des plans de rattrapage mis en œuvre depuis le retour en classes, je suis des plus reconnaissantes de tous les efforts déployés par les membres du personnel scolaire, les membres du personnel de soutien et les membres du personnel administratif de La Cité pour poursuivre la formation de nos étudiants », a-t-elle assuré.

Mme Bourgeois a indiqué qu’elle souhaitait désormais tourner la page afin de rétablir des relations de travail « positives avec le personnel scolaire ».

Selon les chiffres dévoilés par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Formation professionnelle, près de 25 700 étudiants ont quitté les bancs des collèges après la grève de cinq semaines qui a paralysé les 24 établissements de la province.


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