Higgs : les francophones doivent se contenter de n’avoir rien perdu

Le premier ministre du Nouveau-Brunswick Blaine Higgs. Source: Twitter

FREDERICTON – Les francophones doivent reconnaître qu’ils n’ont rien perdu, a affirmé Blaine Higgs après que son gouvernement n’ait retenu aucune recommandation pour la révision de la Loi sur les langues officielles (LLO) au Nouveau-Brunswick. La Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick (SANB) se dit estomaquée devant le peu d’actions du premier ministre et ses propos.

Dans un rapport de décembre 2021, les commissaires Yvette Finn et John McLaughlin – chargés de réviser la Loi sur les langues officielles – ont recommandé une trentaine de mesures au gouvernement.

Blaine Higgs a annoncé ce lundi qu’il acquiesçait pour le moment à une, mais pas de façon directe, soit à la création d’un secrétariat aux langues officielles, qui sera en place dès 2023. La recommandation des commissaires Finn et McLaughlin était plutôt la création d’un ministère des Langues officielles. Ce secrétariat aura principalement un rôle de promotion du bilinguisme, explique M. Higgs, mais ce dernier soutient que le Commissariat aux langues officielles, aussi chargé de la promotion, ne sera pas effacé comme il l’avait laissé entendre par le passé.

« L’idée du secrétariat est de trouver des solutions et d’innover. Ce n’est pas pour être une organisation axée sur les plaintes », a expliqué le chef progressiste-conservateur en référence au rôle du commissariat.

En conférence de presse, Blaine Higgs explique qu’il espère que ce nouveau secrétariat pourra signifier qu’il n’y aura pas plus de tensions entre les deux communautés linguistiques.

« J’espère que nous avons trouvé un équilibre ici. Un équilibre pour que les francophones reconnaissent qu’on (le gouvernement) ne leur a rien enlevé et que nous avons ici un groupe dédié aux vrais problèmes et les anglophones peuvent dire que quelqu’un va les écouter eux aussi », a affirmé le premier ministre en conférence de presse.

Le président de la SANB, Alexandre Cédric Doucet.
Le président de la SANB, Alexandre Cédric Doucet. Gracieuseté : SANB

La SANB n’en revient pas des commentaires du premier ministre. « C’est très condescendant de sa part. Je suis pas mal certain que Maurice Duplessis n’aurait pas été aussi paternaliste que ça dans ses commentaires », caractérise son président Alexandre Cédric Doucet.

Des recommandations ignorées

Le rapport exigeait notamment une clarification au sujet des exigences linguistiques des employés de la fonction publique, mais la réponse de la province indique que le gouvernement pourra « administrer et mettre à jour, au besoin » la politique et les lignes directrices.

Les commissaires Finn et McLaughlin conseillaient aussi de faire réexaminer le poste de commissaire aux langues officielles, mais Blaine Higgs affirme que si une révision avait lieu, elle prendrait place via un autre processus législatif. Parmi les autres recommandations ignorées : créer un ministère des Langues officielles, implanter la LLO dans les foyers de soins de longue durée, créer un comité des langues officielles etc.

« La majorité de ces recommandations sont déjà en train de se dérouler au sein du gouvernement sur une routine quotidienne », s’est défendu Blaine Higgs lorsque questionné sur cet enjeu.

Rien dans l’annonce d’aujourd’hui ne va faire en sorte que l’assimilation des francophones va s’arrêter au Nouveau-Brunswick, mais c’est peut-être ça que souhaite M. Higgs, suppose le président de la SANB.

« C’est très clair que le premier ministre aime plus plaire à l’aile droite et extrémiste de ses amis de l’Anglophone Rights Association of New Brunswick que de remplir son rôle à titre de premier ministre de la seule province officiellement bilingue », déplore Alexandre Cédric Doucet.

Rapport de la commissaire

Ce lundi était aussi la journée de sortie du rapport de la commissaire aux langues officielles de la province, Shirley MacLean. Cette dernière y critique la lenteur de la réponse du gouvernement Higgs. Parmi ses quatre recommandations, elle demande que le « premier ministre doive réagir formellement aux recommandations de la révision dans les 60 jours suivant la conclusion du processus de révision ».

Shirley MacLean
Shirley MacLean, commissaire aux langues officielles de la province. Gracieuseté

Elle demande aussi une hausse de son budget sans contraintes administratives notamment pour mousser la promotion du bilinguisme dans la province. Blaine Higgs avait critiqué son bureau affirmant qu’il était souvent très négatif. En réponse à la révision de la Loi sur les langues officielles du gouvernement, Mme MacLean dénonce une « réponse vague » du gouvernement.

« Je dois admettre être restée sur ma faim quant aux autres intentions du gouvernement vis-à-vis les langues officielles au Nouveau-Brunswick », indique-t-elle dans un communiqué.