
Hockey : le retour en séries des Sénateurs vu par un spécialiste et partisan franco-ontarien

OTTAWA – Huit ans après leur dernière participation aux séries éliminatoires de la LNH, les Sénateurs d’Ottawa sont de retour en phase finale où ils affronteront leur rival torontois, les Maple Leafs. Jean-Philippe Forgues, partisan franco-ontarien de l’équipe ottavienne et spécialiste de hockey pour le balado La Brigade, partage son ressenti sur la série à venir, mais aussi sur la saison écoulée.
L’attente fut longue pour les partisans ottaviens, mais ils aperçoivent enfin le bout du tunnel. Ce dimanche 20 avril, les Sénateurs d’Ottawa retrouvent les séries éliminatoires de la LNH face à leurs voisins les Maple Leafs de Toronto pour la Bataille de l’Ontario!
Pour l’animateur franco-ontarien de La Brigade, c’est à la fois un sentiment de bonheur, mais aussi de soulagement de voir son équipe retrouver la phase éliminatoire.
« De la joie, mais aussi, quand même, un sentiment de ‘on était dû’. Ça fait plusieurs années qu’on se dit que s’ils ne sont pas en séries ou qu’ils en sont loin, on va être déçus’. Ça faisait deux, trois ans, que c’était un peu cette situation-là. »
De poursuivre : « L’excitation est là, la ville est emballée. On a vu le Mille des Sens qui a été inauguré cette semaine avec Michael Andlauer et le maire d’Ottawa. C’est une rue à Ottawa qui devient, pendant les séries, le Sens Mile. C’est aussi excitant que ce soit contre Toronto. »
Le passé inversé
Historiquement, les deux équipes se sont rencontrées quatre fois en cinq ans dans les années 2000. À cette époque, Ottawa était le favori avec des joueurs plus talentueux, tandis que Toronto était plutôt l’équipe besogneuse qui la battait grâce à sa combativité.
« Un peu ironiquement, cette année, c’est un peu le contraire, souligne le spécialiste franco-ontarien qui croit en la qualification des Ottaviens. Toronto sur le papier, c’est plein de talent, mais dans la vraie vie, il y a quelque chose qui semble manquer en séries. Je ne suis pas certain qu’ils ont nécessairement réglé le problème cette année encore. »
Une élimination du voisin torontois, qui a terminé champion de la division Atlantique et deuxième meilleur bilan de la conférence de l’Est (52 victoires et 30 défaites, 101 points), ferait figure de véritable exploit pour les Sénateurs (45 victoires, 37 défaites, 91 points), quatrièmes de cette même division et sixièmes à l’Est. Pourtant, Jean-Philippes Forgues croit que son équipe peut le faire.
« Les Sénateurs ont gagné trois matchs sur trois cette année contre les Maple Leafs. Est-ce que ça veut dire quelque chose? Non, parce qu’en série, on recommence à zéro. Mais je pense que le style des Sénateurs est un style qui peut être capable de battre celui des Maple Leafs en séries. Évidemment, il faudra que tout se passe comme il faut. »
Les partisans ottaviens sont dans une situation idéale mentalement. Si Toronto l’emporte, ce sera une élimination logique et attendue, donc une déception moindre. Si les Sens passent, l’exploit sera retentissant et viendra ponctuer une saison de reconstruction qui aura enfin souri à la franchise de la capitale fédérale.
Inépuisable Claude Giroux
Du côté franco-ontarien, la légende Claude Giroux a tenu son rang et son rôle avec 81 matchs disputés à 37 ans et un total de 50 points (15 buts et 35 assistances).
« C’est assez rare les joueurs qui jouent leurs 82 matchs dans une saison à cet âge-là. Depuis qu’il est à Ottawa, Claude Giroux a joué 82 matchs lors de ses deux premières saisons, explique Jean-Philippe Forgues. Cette année, il a manqué la première fois un match avec les Sénateurs, l’autre jour contre les Blackhawks, non pas parce qu’il était blessé, mais simplement parce que le coach voulait le reposer. C’est assez impressionnant. C’est sûr que sa production baisse un peu, mais Claude Giroux, c’est le co-capitaine de cette équipe-là. C’est un mentor pour beaucoup de jeunes joueurs. »
Il poursuit : « S’il a besoin de crier après quelqu’un, il le fait, il ne se gêne pas. Il est là quand ça compte. Claude Giroux continue d’être lui-même dans tout ça. »
Le spécialiste de la Brigade avait émis des doutes en début de saison sur la suite de la carrière de Giroux avec les Sénateurs. Il craignait un départ du joueur emblématique de la franchise à la date limite des transactions, si l’équipe n’était pas compétitive.
Finalement, le scénario ne s’est pas produit, mais il a fallu tout de même attendre la toute fin de saison pour valider la qualification en séries tant attendue.
« Cette saison a vraiment été faite de hauts et de bas, on a vraiment su qu’on avait des chances de se qualifier, deux semaines avant la fin. Toute la saison, on a alterné entre ‘on est de retour, on n’y est pas, on est de retour’, etc. »
Retour de l’engouement pour l’équipe?
L’autre problématique, en dehors l’irrégularité des résultats, c’est la fréquentation du centre Canadian Tire face aux rivaux historiques. L’aréna d’Ottawa voit depuis plusieurs années un afflux massif de partisans adverses lors des matchs face à Toronto et Montréal, de sorte que l’équipe ne se sente pas à domicile lors de ces rencontres.
L’animateur de La Brigade tente d’expliquer ce phénomène :
« Dans la région d’Ottawa-Gatineau, il y a beaucoup de partisans de Toronto et de Montréal. Ces équipes sont là depuis beaucoup plus longtemps qu’Ottawa. D’un point de vue communication, marketing, personnellement, je trouve que les Sénateurs n’ont pas fait le travail… Le bassin de partisans aurait pu être plus grand qu’il l’est présentement. L’autre facteur, c’est ce phénomène qu’on retrouve partout avec les détenteurs de billets de saison qui revendent leurs places à gros prix. »
S’il conçoit que ce n’est pas agréable d’aller soutenir son équipe et de se retrouver dans une aréna acquise à la cause de l’adversaire, il est difficile pour Jean-Philippe Forgues de trouver une solution : « Tu ne peux pas empêcher les gens d’acheter des billets ».
Il espère malgré tout que le retour en séries parviendra à recréer un engouement autour de l’équipe. Les Sénateurs d’Ottawa accueilleront au minimum les matchs 3 et 4 au Centre Canadian Tire, les 24 et 26 avril ainsi que le match 5 le 29 avril, si nécessaire.
Pour une analyse plus pointue de la saison et de la série à venir, La Brigade a sorti un épisode d’une heure et 20 minutes, qui revient sur la saison et se penche sur la série. Jean-Philippes Forges et toute son équipe seront également en direct sur la page YouTube de l’émission après chaque match face aux Leafs pour analyser à chaud ces rencontres tant attendues.