La migration interprovinciale n’est pas une cause du déclin du français en Ontario, selon une étude
Le déclin du français en Ontario, comme l’a révélé le dernier recensement, ne peut s’expliquer par la migration interprovinciale, car celle-ci révèle un taux positif pour les francophones et négatif pour les anglophones dans la province, selon une étude de Statistique Canada.
L’organisme fédéral a sorti une étude portant sur la migration interprovinciale par groupe linguistique, via la première langue officielle parlée. Celle-ci révèle que le solde migratoire des francophones est beaucoup plus élevé tant au niveau du nombre que du taux par 1 000 habitants que leurs confrères anglophones. C’est-à-dire qu’il y a plus de francophones qui déménagent en Ontario qu’il y en a qui quittent, contrairement aux anglophones qui sont plus nombreux à sortir de l’Ontario qu’à y rester.
Pour les anglophones, le solde migratoire de 2016 à 2021 en Ontario s’établissait à -13 270 personnes, ce qui correspond à un taux de -1 pour 1 000 habitants. Pour les francophones, le solde migratoire de 2016 à 2021 en Ontario s’établissait à +1 805 personnes, ce qui correspond à un taux de 3,4 pour 1 000 habitants.
Donc, si le français a connu une baisse en Ontario, ce n’est pas à cause de la migration interprovinciale, conclut cette étude, car la proportion de francophones a augmenté ce qui est le contraire pour ceux parlant la langue de Shakespeare.
« Il y a presque autant de francophones qui sont entrées au Québec qui en sont sorties entre 2016 et 2021 donc il n’y a pas eu de gain par rapport à la migration interprovincial (francophone) hors du Québec », explique Gabriel St-Amant de chez Statistique Canada et co-auteur de cette étude.
Le solde migratoire des francophones en Ontario était aussi positif lors de la dernière période de Recensement soit de 2011 à 2016 avec un score positif de 4 460 personnes.
Ottawa et l’Est ontarien, la destination principale
En excluant le Québec, la région d’Ottawa et l’Est ontarien est la destination numéro un pour les Franco-Canadiens et les Québécois qui changent de province ou de région.
Près de la moitié, des francophones de l’Ontario habitent à Ottawa et dans l’Est ontarien, soit 46 %. À travers le pays, 80 000 personnes ayant le français comme première langue officielle parlée ont changé de province entre 2016 et 2021 et de ce lot, près de 18 000 ont choisi la région de l’Est et d’Ottawa comme destination.
Le poids des francophones dans la région d’Ottawa s’est même maintenu en raison d’un solde migratoire positif, révèle-t-on. Les déménagements entre francophones se font principalement entre le Québec et l’Ontario, de très loin le plus gros flux migratoire, en raison de la proximité entre Gatineau et Ottawa.
« Il y a une grande proportion d’anglophones qui ont quitté le Québec pour se diriger vers l’Ontario. Chez les francophones, c’est sûr que c’est une plus petite proportion, mais il y en a quand même beaucoup », souligne l’auteur de l’étude.
Ce dernier note que près d’une personne sur cinq qui quitte le Québec pour l’Ontario est en fait une personne née à l’extérieur du Canada.
« Ça veut dire qu’il y a plusieurs personnes qui ont fait un peu comme un pont, soit qui sont partis de leur pays, qui sont arrivées au Québec et qui après ça, ont déménagé vers l’Ontario. »
L’Est ontarien et Ottawa consituaient aussi la principale région de destination pour les Franco-Ontariens qui ont déménagé à l’intérieur de la province avec 5 000 personnes.