Jean Philippe Bisson prend les rênes de la FESFO
[LA RENCONTRE D’ONFR+]
OTTAWA – Élu 48e président de la Fédération de la jeunesse franco-ontarienne (FESFO), Jean Philippe Bisson, un élève de 11e année du Collège catholique Mer Bleue, entame son mandat en ce mois de juillet. Son objectif est clair, il veut sonder, écouter et favoriser l’engagement des élèves. À 17 ans, ce jeune orléanais veut soutenir la jeunesse francophone en encourageant les initiatives au sein du secondaire pour une meilleure ouverture sur l’avenir.
« Selon vous, c’est quoi être un jeune en 2022?
La jeunesse à l’impact sur l’avenir, elle est forte et a des perspectives innovantes. En 2022, les jeunes sont prêts à faire plein de choses. C’est le moment où on se découvre, c’est le moment où on découvre ce qu’on aime. La jeunesse sait ce qu’elle veut et ce qu’elle ne veut pas perdre surtout. Alors c’est vrai qu’avec deux ans de pandémie, même si elle forte et résiliente, les jeunes ont été très touchés. Maintenant, on sait qu’on doit être capable de prévoir et on se soutient très fort.
Quels sont vos projets pour la jeunesse franco-ontarienne?
L’engagement des jeunes et la voix des jeunes. L’épanouissement en français dans leurs écoles, mais au-delà de ça, un engagement dans la communauté et pour la communauté. Je m’intéresse beaucoup aux revendications des jeunes.
Durant la pandémie, la place des jeunes a comme disparu. Je voudrais rapporter ça et le changer. Avec les mesures levées, on peut retourner à l’école donc c’est le moment de donner la voix aux jeunes. Même si le bien-être et la santé mentale des jeunes, c’est un sujet important pour la jeunesse. J’ai quand même l’impression que c’est le problème que tout le monde veut gérer. J’ai vraiment envie de donner du positif à travers du leadership. Une approche différente, en faisant la promotion de l’engagement. Je suis persuadé que s’engager dans quelque chose, ça te fait te sentir bien.
Pourquoi avez-vous voulu être président de la FESFO?
Honnêtement, c’est un rêve. J’ai d’abord connu Lydia Phillipe de mon école et j’ai vu son cheminement à la FESFO. Puis celui des autres présidents et présidentes. Puis la FESFO est très présente de manière générale. Mais surtout, j’ai un attrait pour la francophonie, puisqu’elle m’apporte du leadership et m’offre de prendre ma juste place. Je n’ai pas de difficulté à m’exprimer ou à aller chercher les gens. Donc naturellement, après avoir été au gouvernement des élèves lorsque j’étais en 9e année et après avoir été à la vice-présidence, c’était juste normal comme c’est aussi ma dernière année au secondaire.
Simplement, j’adore la FESFO. Maintenant que le présentiel revient, il faut qu’on allume les jeunes. La présidence, c’était la place à avoir. J’adore voir et comprendre tous nos combats du passé et ça permet de pouvoir le partager avec les autres jeunes. C’est une chose qui inévitablement va influencer nos voix pour l’avenir. Je connais bien le modèle de la FESFO, alors l’énergie qui y est déployée me motive à m’engager encore plus. Je me sens prêt pour ce poste. Benjamin Dennie m’a aussi encouragé, comme tous les présidents de la FESFO depuis Lydia.
Qu’est-ce qui vous intéresse le plus dans le rôle de président?
J’aime redonner à la communauté, représenter les jeunes. Je veux faire embarquer les jeunes dans des activités pour leur montrer comment s’engager.
Je suis aussi très inquiet quand je vois que des jeunes peuvent être limités dans ce qu’ils veulent faire ou peuvent faire. Ça me donne le goût de rappeler aux élèves qu’ils ont des droits. Entre jeunes, on vit des choses similaires et je voudrais qu’on se partage des outils et des stratégies pour surmonter les difficultés.
Comment voyez-vous la FESFO après deux ans de pandémie?
Il y a la FESFO avant la pandémie, la FESFO pendant la pandémie et je récupère le poste après la pandémie – enfin je l’espère – et il y a un travail différent à faire maintenant, je pense.
Ce que j’ai toujours aimé avec la FESFO, avant la COVID-19, c’est tout ce temps où on se voyait en présentiel. Tous les jeunes de l’Ontario, lorsque nous devions nous retrouver pour partager des choses ou des projets, c’était assez incroyable. Nos rencontres étaient tout simplement des expériences hyper enrichissantes. On a en commun la langue, la francophonie, et peu importe d’où on vient. Alors avec le retour du présentiel j’ai hâte, ça va être dynamique de retrouver du monde.
Vous êtes d’Orléans, quelles sont les problématiques dans votre région liée à l’usage du français?
Il y a beaucoup de choses à faire partout, mais dans ma région et surtout pour Ottawa, il y a plein de choses à faire, autour de la question du soi-disant bilinguisme. S’affirmer en tant que francophone et être un leader ici. C’est clair que parler naturellement en français, comme aller dans un endroit et directement parler en français sans se dire qu’en fait il faut que je parle anglais ici. Ça reflète dans beaucoup d’endroits en province.
Spécifiquement à Ottawa, il y a cette idée de bilinguisme. Ce n’est pas que je n’aime pas dire bilingue, mais quand j’entends bilingue, je ne me vois jamais en premier dans l’équation. J’entends bilingue avec l’anglais majoritaire. Mais c’est le bilinguisme ici en fait, même si ce n’est pas la définition évidemment. Je préfère dire, je parle français et anglais.
Que pensez-vous du postsecondaire en français?
Il est essentiel d’avoir une université francophone à Sudbury, surtout après ce qui s’est passé à la Laurentienne. Alors ça prend du temps, c’est dommage parce qu’on est en train de perdre des jeunes et de l’intérêt. Tout le monde est prêt à avancer ce dossier et tout le monde attend donc il va falloir aussi que si on la veut cette institution, qu’on agisse, nous les jeunes.
Je ne sais pas s’il faut plus d’universités en français, mais il faut plutôt de bons programmes. Par exemple, l’Université de l’Ontario français (UOF) est très bien, mais on voit qu’il y a beaucoup de travail à faire. Ce qui nous est revenu, c’est que les programmes et les termes associés, on ne savait pas trop ce que ça voulait dire, vraiment trop novateurs pour le coup. Et aussi ce qu’on nous disait, c’était que cette université est extrêmement jeune et nouvelle et de ce fait manque de réputation. Comment faire confiance à une institution qui vient juste d’ouvrir?
Vous dites qu’on doit mieux écouter les jeunes, qu’est ce que vous voulez dire par là?
Ce qu’il faut vraiment, c’est que dans les universités, on respecte vraiment ce qui est dit. Que ce soit dans les programmes offerts. Construire des universités, ça coûte cher. Il faut réellement voir ce que les jeunes ont besoin et déterminer quel est le public cible. Encore une fois, je pointerai la pandémie sur ce qu’il n’a pas été possible de réaliser pour l’instant à l’UOF, mais ça s’en vient. J’aimerais mieux qu’on améliore les écoles secondaires, on est souvent en surcapacité. Alors, il faudrait peut-être construire plus d’écoles ou les agrandir. Et il faut définitivement améliorer l’environnement de travail. C’est dans les écoles qu’on construit les possibilités pour le postsecondaire.
Quelles sont les causes qui touchent les jeunes que vous rencontrez?
La francophonie n’est pas toujours la cause qui touche les jeunes en priorité. On voit qu’ils se tournent vers l’environnement. Ce n’est pas mon opinion personnelle, mais c’est une réalité que l’on voit ici au secondaire. C’est justement ce que les institutions devraient intégrer dans leurs plans pour nous les jeunes.
Il faut se démarquer, faire des projets en lien avec ce que les jeunes veulent et en français. Si c’est l’environnement et bien, faisons en sorte d’avoir ces programmes-là. Nous avons fait ce genre de consultation de près de 800 jeunes pendant la pandémie, avec la FESFO. C’était dans le but d’aider les institutions. Je pense sonder les jeunes à nouveau en me concentrant sur les défis du secondaire. Je suis convaincue qu’en améliorant et en aidant les jeunes au secondaire à faire valoir leurs causes, cela les suivra dans le postsecondaire. Les défis post-pandémie ont changé pour les jeunes, il serait intéressant de voir ce qui leur porte à cœur, comme perspective pour l’avenir. Il y a des failles : développer l’appartenance, leur faire vivre des choses et développer le sens de la communauté.
Qu’est-ce que les jeunes vous disent justement?
Présentement, les jeunes qui me parlent, leur priorité, c’est qu’on les écoute. Le problème, c’est que les adultes prennent nos places dans des décisions où, en fait, on devrait avoir une voix. Par contre, la FESFO le fait, on écoute et on prend des actions. Le code vestimentaire est un sujet de nos préoccupations, on se souviendra de la récente manifestation à l’école Béatrice-Desloges. Je pense que là-dessus, les jeunes et les adultes doivent travailler ensemble. La diversité et l’inclusion, c’est quelque chose qui me revient souvent. Et mine de rien, la francophonie à mes yeux est très importante, mais je constate que de plus en plus d’élèves se posent des questions sur la place de la francophonie dans leur avenir.
Que voulez-vous faire plus tard?
Vous savez, on nous demande continuellement « que veux-tu faire dans la vie? », mais la majorité des jeunes ne le savent pas. Moi, par exemple, je ne sais pas encore dans quelle voix m’en aller, mais j’ai mes champs d’intérêt, la politique, l’entrepreneuriat, le droit et la comptabilité.
J’aime beaucoup la question « imagine l’école de tes rêves, que serait-elle? ». Je pense qu’il faut se poser cette question d’abord. »
LES DATES-CLÉS DE JEAN PHILIPPE BISSON :
2005 : Naissance à Ottawa
2019 : Participation au SFOFEL (stage franco-ontarien de formation de leadership)
2021 : Élu premier ministre du gouvernement des élèves du CCMB
2022 : Élu président de la FESFO
Chaque fin de semaine, ONFR+ rencontre un acteur des enjeux francophones ou politiques en Ontario et au Canada.