Justin Trudeau démissionne, mais restera en poste jusqu’à l’arrivée d’un remplaçant
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OTTAWA – Le premier ministre Justin Trudeau a annoncé lundi sa démission comme chef libéral, mais il restera en poste jusqu’à l’élection d’un remplaçant comme nouveau chef. Les activités au Parlement seront aussi prorogées jusqu’au 24 mars jusqu’à l’élection d’un nouveau chef libéral.
Justin Trudeau en a fait l’annonce lors d’une conférence de presse à 10h45 à Rideau Cottage, un lieu à l’air familier pour les nombreuses conférences de presse qu’il aura tenu durant la pandémie de la COVID-19 et l’endroit qu’il occupe depuis neuf ans, depuis son élection en 2015.
« Hier soir, j’ai partagé avec mes enfants la décision que je partage avec vous tous aujourd’hui. J’ai l’intention de démissionner de mon poste de chef du Parti libéral du Canada et de premier ministre une fois que le parti aura choisi son prochain chef », a-t-il annoncé, ajoutant que de longues conversations avec ses proches et la pause du temps des fêtes ont nourri sa décision.
S’il se qualifie de « fighter », Justin Trudeau a expliqué qu’il ne pouvait être à la tête des libéraux lors des prochaines élections fédérales en raison de la gronde au sein de ses troupes.
« Le pays mérite un choix clair et réel lors des prochaines élections et il est devenu évident pour moi que si je dois me concentrer sur des batailles internes, je ne peux pas être la meilleure option lors de cette élection », a-t-il affirmé.
La grogne était grandissante au caucus libéral dans les dernières semaines, alors que de nombreux députés du caucus libéral de l’Ontario et de celui de l’Atlantique avaient demandé au premier ministre de quitter. Cela fait suite au départ fracassant, le mois dernier, de la ministre des Finances et vice-première ministre Chrystia Freeland. Le député franco-ontarien Francis Drouin était l’un de ceux qui avaient réclamé le départ de M. Trudeau suite à la démission de Mme Freeland.
Le premier ministre n’a d’ailleurs pas voulu s’avancer sur les raisons qui lui ont mené à demander à Chrystia Freeland de quitter son poste de ministre des Finances.
« Je ne suis pas quelqu’un qui partage les détails de mes conversations privées. »
Le Parlement sera d’ailleurs prorogé, soit un ajournement des activités parlementaires, jusqu’au 24 mars pour laisser le temps à l’élection d’un successeur de M. Trudeau, qui a été voir la gouverneure générale Mary Simon à Rideau Hall, qui a accepté de mettre en pause le Parlement.
« On a pu très peu accomplir durant les derniers mois. Le Parlement a besoin d’un reset et de se calmer un peu les pompons pour se remettre au travail pour les Canadiens et pas à faire de la petite politique constante », a-t-il raisonné.
Justin Trudeau a aussi précisé qu’il avait demandé au président du Parti libéral du Canada, Sachit Mehra, de mettre en place un processus pour lui trouver un successeur. La constitution du parti ne précise pas le scénario dans le cas d’une course à la chefferie avec un premier ministre en poste.
« J’ai hâte d’observer le déroulement de ce processus dans les mois à venir », a soutenu Justin Trudeau qui pense que « la polarisation que l’on voit » à la Chambre des Communes devrait se calmer avec son départ.
Des élections, peu importe le nouveau chef, disent les oppositions
Malgré l’arrivée future d’un nouveau chef chez les libéraux, les trois partis d’opposition ont rappelé lundi leur intention de renverser le gouvernement, ce qui signifie que des élections au milieu du printemps 2025 semblent inévitables.
La démission de Justin Trudeau ne change rien selon Pierre Poilievre qui réclame des élections au plus vite, car « le gouvernement lui-même est hors de contrôle » accusant les libéraux de vouloir « protéger leurs pensions et leurs chèques de paie en cachant leur chef détesté sous le tapis afin de duper les Canadiens quelques mois avant des élections ».
« Tous les députés libéraux, ministres et candidats à la chefferie du parti ont aidé Justin Trudeau à briser ce pays au cours des neuf dernières années », a-t-il déploré dans une vidéo publiée sur ses réseaux sociaux.
Idem pour le chef néo-démocrate Jagmeet Singh qui a assuré que son parti allait voter contre le gouvernement libéral lors d’un prochain vote de confiance à la Chambre des communes.
« C’est terminé, c’est clair. Quand on va avoir une motion de confiance, les néo-démocrates vont voter contre le gouvernement pour une élection, peu importe qui est le prochain chef du parti libéral. »
Le chef du Bloc Québécois Yves-François Blanchet souhaite de son côté des élections au printemps 2025 après la course à la chefferie.
« Ce qui ne doit pas arriver est de créer des délais indus ou de fantasmer sur une élection qui serait très tardive », réclame le leader bloquiste.
Selon le site de sondage 338 Canada, le Parti libéral pourrait être relégué au troisième rang après avoir formé les trois derniers gouvernements. Les libéraux, qui possèdent actuellement 153 sièges, pourrait descendre jusqu’à 35 alors que les conservateurs sont projeter d’obtenir une forte majorité avec plus de 230 sièges.