Kathleen Wynne en mode préélectoral auprès des Franco-Ontariens
OTTAWA – La première ministre, Kathleen Wynne, a profité de deux annonces dans la région de l’Est de l’Ontario pour adresser plusieurs messages aux Franco-Ontariens.
BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet
L’annonce d’un investissement de plus de 200 millions $ sur trois ans pour le recrutement de 450 nouveaux enseignants-conseillers dans les écoles de la province, lundi 30 avril, a servi de prétexte à plusieurs commentaires à saveur électorale.
À l’École secondaire publique Louis-Riel, Mme Wynne n’a pas hésité à viser le chef du Parti progressiste-conservateur (Parti PC) de l’Ontario, Doug Ford, lors de son discours, prononcé en français et en anglais.
« Chaque fois qu’il en a l’opportunité, Doug Ford dit qu’il va aller chercher 10 milliards de dollars. C’est ce qu’il appelle l’efficacité, mais ce que cela veut dire, ce sont des coupes. » – Kathleen Wynne
La première ministre a assuré que son gouvernement ne choisirait jamais la voie des coupes, notamment en éducation.
De passage à Ottawa, Orléans puis plus tard, à Hawkesbury, la première ministre a choisi des circonscriptions où ses députés pourraient être menacés.
Dans Orléans, la ministre de la Sécurité communautaire et des Services correctionnels, également ministre des Affaires francophones, Marie-France Lalonde, pourrait faire les frais de l’impopularité du gouvernement auquel elle appartient. Dans Glengarry-Prescott-Russell, Grant Crack ne sera pas candidat à sa succession, mais Pierre Leroux, candidat libéral et maire du canton de Russell, aura fort à faire face à la candidate progressiste-conservatrice, Amanda Simard.
« Je suis sûre que les candidats ici vont être réélus! », a toutefois assuré Mme Wynne, se défendant d’être venue dans la région pour les appuyer. « La région d’Ottawa est très importante pour la province et son économie et il est important pour moi d’entendre ce que les gens d’ici ont à dire. »
Continuité pour le Parti libéral
À Hawkesbury, la première ministre avait préparé une annonce directement adressée à la communauté franco-ontarienne.
La Résidence pour aînés francophones de Prescott-Russell accueillera 78 nouveaux lits de soins de santé de longue durée, passant sa capacité d’accueil à 224 lits.
Citant les accomplissements de son gouvernement, Mme Wynne a promis la continuité si elle est réélue le 7 juin prochain.
« Nous allons continuer à bâtir sur ce que nous avons construit jusqu’ici, en éducation, en santé, pour rendre les services disponibles en français… Nous allons continuer à travailler en adoptant une lentille francophone à nos programmes qui permet une distribution équitable de nos ressources. »
Elle en a d’ailleurs encore profité pour décocher une flèche à M. Ford qui assure que ses mesures seront bénéfiques à toutes les communautés de manière égale.
« L’égalité n’est pas la même chose que l’équité. Nous devons toujours nous assurer que le support pour une communauté minoritaire est en place pour lui permettre d’avoir un succès égal. Et cela demande parfois d’investir davantage pour rattraper un retard, comme nous l’avons fait par le passé en éducation. »
Seule chef de parti à pouvoir s’exprimer en français, la première ministre n’a en revanche pas voulu attaquer les deux autres chefs des principaux partis politiques à Queen’s Park, précisant toutefois que pour elle, « il est très important pour un chef en Ontario d’essayer de parler nos deux langues officielles ».
Les priorités des organismes franco-ontariens
La tournée de Mme Wynne prévoyait également une rencontre avec plusieurs organismes franco-ontariens, afin d’écouter les aspirations de la communauté, selon la ministre Lalonde.
Université de langue française, apport économique de la francophonie à la province, pénurie d’enseignants francophones, rôle futur de l’Ontario dans l’Organisation internationale de la francophonie, modernisation de la Loi sur les services en français ou encore, bilinguisme de la province, les attentes franco-ontariennes sont nombreuses mais pas nouvelles, reconnaît le président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), Carol Jolin.
« Il n’y a pas eu de surprises de la part de Mme Wynne. Elle connaît bien nos dossiers. Je lui ai suggéré la lecture de nos documents comme inspiration pour compléter sa plateforme. (…) Comme organisme non partisan, nous allons travailler avec le parti qui remportera les élections et nos objectifs seront toujours les mêmes. »
Le président de la Fédération de la jeunesse franco-ontarienne (FESFO), Pablo Mhanna-Sandoval, a confié à #ONfr une certaine part d’inquiétude.
« Cette nouvelle élection génère des craintes, notamment dans le dossier de l’Université de langue française, même s’il y a un engagement des trois partis. Il n’y a toutefois rien de garanti en termes de financement, de continuité… »
Cette réunion avec Mme Wynne n’est qu’un début pour l’AFO qui tentera aussi de rencontrer M. Ford et la chef néo-démocrate Andrea Horwath.
L’organisme porte-parole des 622 340 Franco-Ontariens a également lancé, ce lundi, un questionnaire à l’attention des trois principaux candidats au poste de premier ministre pour connaître leurs propositions pour les francophones, dont les résultats devraient être connus fin mai.