La marathon de la campagne électorale tire à sa fin

Montage ONFR+

[ONVote2018]

TORONTO – À moins d’une surprise de dernière minute, les Ontariens choisiront une nouvelle ou un nouveau premier ministre dans les prochaines heures. En cette journée de vote, retour sur 28 derniers jours pleins de rebondissements.

JEAN-FRANÇOIS MORISSETTE
jmorissette@tfo.org | @JFMorissette72

UN CHIFFRE

63

Il s’agit du chiffre magique à atteindre pour obtenir un gouvernement majoritaire. Avec le redécoupage de la carte électorale, la clé pour atteindre ce chiffre se trouve dans la grande région de Toronto. Pas surprenant que les chefs y aient passé la majorité de la campagne. En 2014, la première ministre sortante, Kathleen Wynne, avait réussi à faire élire un maximum de députés dans la couronne Nord de la ville Reine, ce qui lui avait assuré les pleins pouvoirs à Queen’s Park pour quatre ans. La situation pourrait bien changer, le soir du 7 juin, alors que de nombreux ministres libéraux, comme Eleanor MacMahon, Charles Sousa et Chris Ballard, pourraient tout perdre, tandis que des personnalités comme Jana McKenna, Paul Calandra ou encore, Caroline Mulroney, pourraient devenir des poids lourds à Queen’s Park, si le Parti progressiste-conservateur (Parti PC) remporte la victoire.

UNE CITATION

« Après jeudi, je ne serai plus la première ministre de l’Ontario, et ça me va » – Kathleen Wynne

Les coups de théâtre ont été nombreux dans cette élection, mais bien peu d’observateurs politiques avaient vu celui-ci arriver. À cinq jours du scrutin, Kathleen Wynne reconnaît la défaite de son parti et urge les électeurs d’élire le maximum de députés libéraux. Elle souhaite ainsi bloquer une majorité progressiste-conservatrice ou une majorité néo-démocrate.

« En votant libéral, vous pouvez empêcher le prochain gouvernement conservateur ou néo-démocrate, d’agir de façon trop extrême, d’une manière ou d’une autre. En votant libéral, vous pouvez tenir le prochain gouvernement, conservateur ou néo-démocrate, responsable devant vous. En votant libéral, vous empêchez Doug Ford ou le Nouveau Parti démocratique (NPD) d’obtenir un chèque en blanc », a expliqué la chef du Parti libéral. En coulisses, sa sortie publique a été perçue comme un désaveu. Plusieurs candidats, qui pensent avoir des chances de l’emporter, ont mal digéré cet abandon. Le Parti libéral de l’Ontario doit faire élire huit députés s’il veut garder son statut de parti politique officiel à Queen’s Park.

UNE DATE

11 mai

Le second débat de cette élection a marqué l’un des points tournants de cette campagne. Voyant le déclin du Parti libéral de l’Ontario (PLO) dans les sondages, le chef du Parti progressiste-conservateur (Parti PC) de l’Ontario, Doug Ford, a changé de cible et son discours afin de brandir le spectre d’un gouvernement dirigé par Andrea Horwath. Un changement de ton remarquable puisque depuis son élection à la tête des progressistes-conservateurs, le 10 mars dernier, M. Ford s’était présenté comme la réponse aux années libérales. Aussitôt, M. Ford et son équipe se sont lancés en mode recherche pour sortir les squelettes du placard des candidats néo-démocrates. Ainsi, Laura Kaminker, dans Mississauga-Centre, a été dépeinte comme une femme anti-militaire et Tasleem Riaz, dans la circonscription de Scarborough-Agincourt, a été critiqué pour avoir partagé une citation d’Adolf Hitler.

Les chefs des trois partis majeurs en Ontario, de gauche à droite, Doug Ford, Kathleen Wynne et Andrea Horwath. Crédit photo : Didier Pilon

UN LIEU

Etobicoke-Nord

Le fief de Doug Ford est le lieu d’une bataille sans relâche pour le mouvement « Tout le monde sauf Ford ». À de nombreuses reprises, la chef du NPD, Andrea Horwath, est venue faire campagne afin de soutenir son candidat, Mahamud Amin. Selon les récents sondages, les deux candidats arrivent au coude à coude. Kathleen Wynne, la première ministre sortante, a même débuté la campagne dans cette partie de la ville associée à la « FordNation ». Est-ce que M. Ford pourrait remporter un gouvernement sans être élu dans sa propre circonscription? La question trouvera réponse en soirée. 

UNE PERSONNALITÉ

Andrea Horwath

Bien peu d’analystes prévoyaient la montée fulgurante du NPD de l’Ontario dans cette élection. Ce fut l’élément marquant de la campagne. Peu importe les résultats des prochaines heures, Mme Horwath devrait doubler son nombre de députés à Queen’s Park. Le sommet historique atteint par le NPD est de 74 députés en 1990. Selon les stratèges du parti, le message positif de Mme Horwath, ainsi que les nombreux scandales autour du chef du Parti PC, Doug Ford, ont favorisé la montée de son parti.


POUR EN SAVOIR PLUS :

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