La mode style métis francophone
TORONTO – Au cœur du Mois national de l’histoire autochtone, le Indigenous Fashion Arts Festival se tient à partir de ce jeudi dans la métropole et jusqu’au 12 juin. Originaire de Saint-Boniface, la directrice générale de la griffe Anne Mulaire, Andréanne Dandeneau, est venue y présenter sa collection Revive.
« Il y a tellement de designers dans le monde, c’est le fun quand un événement peut cibler les groupes minoritaires pour nous permettre de démontrer notre culture et notre art », confie la designer en entrevue avec ONFR+.
« Entrer dans l’espace de la mode pour un petit designer c’est déjà très difficile, alors imagine pour ceux qui le font en puisant dans leur héritage », ajoute-t-elle.
Plus de 60 designers du Canada et des États-Unis se retrouvent lors de l’événement pour assister à des défilés de mode, des ateliers, des conférences ainsi que la participation à un marché pour rencontrer la clientèle en personne.
« Les gens vont voir la qualité des produits faits à la main. Il y a beaucoup de produits pas vraiment autochtones qui sont faits en Chine. Ce n’est pas fait avec l’authenticité de la culture autochtone », explique Andréanne Dandeneau. « C’est une opportunité de venir acheter directement au créateur. »
« L’histoire et la mode vont ensemble »
Le nom d’Anne Mulaire est inspiré de l’ancêtre métis d’Andréanne Dandereau, Catherine Mulaire. Puisant dans son héritage ojibwé et francophone, la designer a lancé l’entreprise en 2005 après avoir été inspirée par l’esprit d’une pièce de vêtement faite par les mains de sa mère. Elle a par la suite collaboré avec son père pour créer des motifs de fleurs symbolisant l’héritage métis.
« On s’appelle les flower people parce qu’on était de la rivière Rouge. Les métis vivaient autour de la rivière et utilisaient toutes sortes de plantes pour faire leurs paniers », raconte la créatrice de mode.
« On a été élevé dans le côté naturel de la culture avec la musique et la nourriture. C’est en moi. C’est pour cela que ma collection est très écolo, j’ai été élevé à la terre, à la nature. Les voyages en canot, c’est mon enfance », poursuit-elle.
La designer se réjouit cependant de voir l’attrait de ses produits pour une clientèle large, un signe de l’évolution des mentalités au Canada. « Il y a de plus en plus de reconnaissance de notre culture avec la commission vérité-et-réconciliation. Nous sommes désormais vus avec une image plus positive », se réjouit-elle.
Par son travail ainsi que son dévouement sociale, elle souhaite montrer aux nouvelles générations de métis ojibwés francophones qu’elles peuvent être fières de qui elles sont et s’épanouir.
L’inclusion au cœur des priorités
Avec ses 13 employés, la manufacture et la boutique Anne Mulaire propose des vêtements allant de XXS jusqu’à 6X. « Faire des vêtements écolos qui n’allaient pas à tout le monde ne faisait pas de sens selon moi », raconte Mme Dandeneau à ONFR+.
En plus d’offrir toutes les tailles, la manufacture fusionnée à la boutique permet de réaliser des retouches sur place et de faire du sur-mesure. « L’entreprise a grandi pour offrir plus de service à la clientèle plutôt que de miser sur la production et vendre aux magasins », explique-t-elle.
Un défi reste important au niveau de l’inclusion et c’est celui de l’accessibilité. Faire travailler de la main-d’œuvre canadienne plutôt qu’étrangère et utiliser des matériaux naturels de qualités se reflète dans les prix.
À ce titre, Andréanne Dandeneau a créé un programme de rachat ciblant les clients qui possèdent des vêtements qu’ils n’ont pas portés depuis longtemps. « On va pouvoir les revendre à un prix plus abordable pour ouvrir la porte à ceux qui n’ont pas les moyens d’acheter un morceau plus chers, mais qui veulent porter du Anne Mulaire avec la matière et le confort que l’on offre », explique la designer métisse. « J’essaie d’inclure le plus possible de gens dans ce mouvement vestimentaire. »