La Place des Arts de Sudbury « dorénavant gérée comme une petite entreprise »
SUDBURY – Le conseil d’administration de la Place des Arts (PDA) du Grand Sudbury a adopté une nouvelle vision d’affaires visant à assurer sa pérennité. Révision des tarifs, fermeture du service de restauration et création d’un institut figurent parmi les orientations de l’organisme pour les prochaines années.
« La PDA est dorénavant gérée comme une petite entreprise. On demeure un organisme à but non lucratif mais on initie des projets pour générer des revenus », confie Denis J. Bertrand qui assure le rôle de directeur général par intérim depuis quatre mois.
« On n’attend pas de savoir quelle va être l’orientation du prochain programme de subvention, on créé nos projets, c’est ça la différence », continue-t-il. Mais pour réaliser ces nouveaux projets, il est essentiel de recruter davantage selon M. J. Bertrand : « On va de l’avant avec ces projets mais, au fur et à mesure qu’on avance avec ça, il faut embaucher du personnel. »
Il y a quelques mois, ONFR apprenait que la Place des Arts accusait un déficit de près de 500 000 $ et que son bistro ne générait pas de profits. L’organisme annonce, désormais, la fermeture du service de restauration du bistro.
Le bistro assumera uniquement ses rôles de traiteur et de service de bar à compter du mois de décembre : « Autrement dit, si tu rentres dans la Place des Arts aujourd’hui et que tu veux un sandwich, il n’y en aura pas. »
Des tarifs inférieurs à ceux de la compétition
Parmi les autres nouveautés, on compte l’application de frais additionnels de 25 % ainsi qu’un tarif majoré à temps et demi pour toute demande de service reçue dans les sept jours précédant un événement.
« C’est juste un bon sens de business », affirme de son côté René Lapierre, président du conseil d’administration de la Place des Arts.
L’organisme a aussi procédé à une révision des tarifs de location de salle, comme chaque année, selon le directeur général.
« Les tarifs actuels de la PDA ne couvrent pas les dépenses réelles nécessaires pour opérer les espaces », affirme également la direction, dans une note de service interne, après avoir entrepris une étude afin de comparer les tarifs de location des installations de la PDA avec ceux en vigueur chez d’autres lieux de diffusion des arts de la scène en ville.
« Notre première analyse démontre que les tarifs de la PDA sont largement inférieurs à ceux de nos homologues régionaux, bien que nos salles bénéficient d’une meilleure infrastructure et d’équipements de haute qualité. »
Un institut de professionnalisation artistique et culturel
Pour accroître l’attraction autour de la PDA, le conseil d’administration a approuvé à l’unanimité la création d’un institut de professionnalisation artistique et culturel (IPAC). Il s’agit d’une des initiatives visant à faire de la PDA « une plaque tournante pour les arts, la culture et le patrimoine non seulement au niveau local, mais au niveau provincial et national ».
Sa mission : « soutenir le développement artistique et professionnel des artistes, des gestionnaires culturels, artistiques et patrimoniaux, des travailleuses et des travailleurs de ces secteurs par l’entremise de programmes annuels qui répondront à leurs besoins. »
Cet institut sera composé de deux volets : développement de compétence et développement artistique.
Pour le premier versant, il s’agira notamment de rendre disponibles des formations en gestion et développement de stratégie pour les professionnels de l’industrie, d’ateliers pratiques pour les métiers techniques, d’outils pour l’organisation d’évènements culturels ou encore le partage de ressources entre organismes et pairs.
Pour le second, on parle de mettre en place des résidences artistiques, des soutiens aux artistes et des stages de création.
« L’objectif n’est pas de retirer ni remplacer ce qui existe déjà, mais plutôt de mutualiser les ressources et de rassembler les initiatives de chacun sous une bannière commune », souligne-t-on dans un autre document obtenu par ONFR.
Des années avant de voir des retombées
Prochaine étape : mettre sur pied un comité afin de guider le développement du projet.
Bien qu’il n’y ait pas encore de date pour son lancement, l’institut devrait officiellement démarrer en 2025-2026 après une année de développement et un possible projet pilote.
« En tant que destination de choix pour les arts, la culture et le perfectionnement professionnel, l’Institut attirera des visiteurs de tout l’Ontario et d’ailleurs, ce qui contribuera à accroître la demande dans les hôtels, les restaurants et les magasins de détail de la région. »
Ce projet s’inscrit dans le cadre du renouvellement du Plan directeur du centre-ville du Grand Sudbury et l’énoncé économique 2024.
« 2024 a été une bonne année »
Le président du conseil d’administration se veut enthousiaste concernant la situation financière actuelle de l’établissement qui a fêté ses deux ans en avril dernier et qui perdait, au même moment, son directeur général.
M. Lapierre a fait savoir que les chiffres de l’année 2024 seront présentés lors de l’assemblée générale annuelle en janvier : « On va voir ce que ça va nous apporter mais je peux dire que c’est mieux que l’an passé. »
Et d’ajouter : « Statistiquement, pour les petites entreprises, ça peut prendre jusqu’à cinq ans avant de voir du profit. »
Celui qui est aussi conseiller municipal pour la ville du Grand Sudbury souhaite lancer un message aux sceptiques : « Si vous vous vous inquiétez au sujet de la PDA, venez nous voir, venez à nos concerts, prenez un verre avec nous autres, vous allez voir que vous aurez du fun! »
« On a augmenté nos revenus grâce aux locations et on a des clients externes qui nous ont déjà indiqué une volonté d’accroître leur utilisation de nos espaces. 2024 a été une bonne année et on anticipe que 2025 sera encore meilleure », juge de son côté M. J. Bertrand qui ajoute qu’il ne serait pas là s’il ne croyait pas en l’avenir de la Place des Arts.