La semaine de la francophonie fait irruption à Queen’s Park
TORONTO – Les députés provinciaux ont donné de la voix ce mercredi en chambre en cette semaine de la francophonie, la dernière avant les échéances électorales. La ministre des Affaires francophones a défendu son bilan. Le Nouveau Parti démocratique (NPD) veut débloquer le dossier des accents sur la carte de santé. Les libéraux veulent un accès universel aux programmes d’immersion. À 70 jours du scrutin provincial, chaque parti tente de se positionner en champion de la francophonie.
Modernisation de la Loi sur les services en français, financement de projets, présence sur la scène internationale… la ministre Mulroney a dressé devant les parlementaires provinciaux un état des lieux des actions du gouvernement en direction de la francophonie ontarienne.
« La modernisation de la Loi pour les services en français est la plus grande avancée faite pour les francophones durant cette année », a-t-elle déclaré.
Elle a également mis en avant le lancement d’un deuxième appel à projets issu de l’accord de coopération et d’échanges en matière de francophonie entre l’Ontario et le Québec. « Le précédent appel à projets en 2021 a permis le financement conjoint de 18 projets. »
Au plan international, la ministre a soutenu que la province déployait et poursuivait « des efforts pour tisser des partenariats avec les membres de l’OIF », prenant en exemple l’entente de coopération signée en 2021 avec la communauté française de la Belgique, dans les domaines de l’éducation, de la jeunesse, du numérique et du développement économique.
« Toutes ces réalisations témoignent du désir fort du gouvernement de reconnaître les besoins spécifiques de la communauté franco-ontarienne », a-t-elle assuré, à la veille de la remise des prix de la francophonie de l’Ontario.
Prises de position pré-électorales
Le porte-parole de l’opposition officielle aux Affaires francophones, Guy Bourgouin, a profité du momentum pour remettre sur le haut de la pile l’indépendance du Commissariat aux services en français. Celui qui qualifie la modernisation de la Loi sur les services en français d’incomplète a promis une nouvelle fois en chambre de rétablir le commissaire dans ses fonctions telles qu’elles étaient avant les coupes budgétaires de 2018, si les Ontariens portent le NPD au pouvoir en juin prochain.
« Le NPD assurera le retour d’un commissaire indépendant, l’accès à une éducation en français de la maternelle à l’université et donnera à la culture francophone la place et le respect qu’elle mérite dans l’histoire de l’Ontario », a-t-il certifié. Écornant au passage le bilan du gouvernement.
« Pendant les quatre dernières années, le gouvernement Ford, avec ses coupures draconiennes sur les services en français, a fait reculer les intérêts franco-ontariens », a-t-il fait valoir, évoquant des carences dans l’accès à l’information en santé publique et aux tribunaux dans les deux langues officielles.
« J’ai pu vivre et étudier en français, en Ontario, grâce aux générations qui m’ont précédée, qui ont lutté, qui ont sorti leurs épingles à chapeau », a déclaré pour sa part Amanda Simard, députée libérale de Glengarry-Prescott-Russell.
« C’est de la responsabilité de notre génération d’assurer que ceux qui viennent après nous puissent non seulement vivre en français en Ontario, au Canada, en contexte minoritaire, mais aussi prospérer. »
L’élue libérale fait de l’accès aux programmes d’immersion française son cheval de bataille. Elle milite pour un accès universel. « C’est un grand projet, long terme, mais en équipe, ensemble, avec la vision, je suis confiante que nous allons y arriver. »
Accents sur la carte de santé dans l’impasse
Le NPD est aussi monté aux barricades, ce mercredi, par la voie de France Gélinas. La députée de Nickel Belt a présenté une pétition demandant que les accents soient inclus sur la carte de santé avant le 31 décembre 2022. Ce dossier est au point mort depuis plusieurs années. Le gouvernement a partiellement débloqué la situation avec les permis de conduire en rendant le changement gratuit pour les francophones nés hors de la province. En revanche, pour les cartes de santé, la situation s’enlise.
Déjà en 2019, la députée néo-démocrate avait lancé une pétition pour les mêmes motifs, sans succès. Le rapport 2019-2020 de l’ombudsman de l’Ontario, Paul Dubé, pointait aussi ce manque.